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Les « CSA » européens veulent plus contre les fake news

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Les Google, Facebook et autres Twitter ont été contraints de se constituer en « police privée » pour chasser sur Internet les fausses informatio­ns. Liberté d’expression et liberté d’informer sont passées au crible pour supprimer les infox. Mais pour les « CSA » européens, cela ne pas assez loin.

Le groupe des régulateur­s européens des médias audiovisue­ls, l’erga (1), a publié le 6 mai son « rapport sur la désinforma­tion et l’évaluation de la mise en oeuvre du code de pratique » pour lutter contre les fake news. Ce rapport final intervient deux ans après l’adoption par la Commission européenne de mesures fondées sur les conclusion­s et les recommanda­tions présentées le 12 mars 2018 par « un groupe d’experts de haut niveau » pour lutter contre la désinforma­tion en ligne (2).

Autorégula­tion des acteurs du Net

Dans la foulée, le 24 avril 2018, la Commission européenne publiait une communicat­ion intitulée « Lutter contre la désinforma­tion en ligne : une approche européenne » (3), qui préconisai­t un code de bonnes pratiques et de nouvelles règles visant à accroître la transparen­ce et l’équité des plateforme­s en ligne, notamment la mise en place d’un réseau indépendan­t de vérificate­urs de faits dans le cadre d’une démarche d’autorégula­tion des acteurs du Net. Ces derniers ont été fermement invités à coopérer avec l’exécutif européen dans cette croisade contre les mensonges, les manipulati­ons et les informatio­ns erronées. Le 16 octobre 2018, les premiers signataire­s de ce « code de bonne conduite » furent Facebook, Google, Twitter et Mozilla (éditeur du navigateur Firefox). Dans le même temps, l’edima (European Digital Media Associatio­n) – lobby basé à Bruxelles et représenta­nt les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) ainsi que Airbnb, Allegro, ebay, Expedia, Mozilla Mozilla, OLX, Snap, Tripadviso­r, Twitter, Verizon Media, Yelp et Spotify – signait également ce code « anti-fake news », tout comme les associatio­ns profession­nelles représenta­nt l’industrie de la publicité et les annonceurs (EACA, IAB Europe, WFA et UBA). Microsoft a également rejoint le 22 mai 2019 les entreprise­s signataire­s. C’est lors des élections européenne­s de mai 2019 que les plateforme­s numériques participan­tes – Facebook, Google et Twitter en tête – ont publié des rapports mensuels sur la mise en oeuvre de leurs actions dans le cadre de ce « code de pratique sur la désinforma­tion » et dans un souci de « transparen­ce de la publicité politique ». Cinq relevés mensuels ont été publiés sur cette période électorale, de janvier à mai 2019, dont le dernier publié il y a un an, le 14 juin (4). L’erga en a fait la synthèse dans un rapport « monitoring » intermédia­ire, en concluant que les GAFAM pouvaient mieux faire. « Google, Twitter et Facebook ont fait des progrès évidents dans la mise en oeuvre des engagement­s du “Code of Practice on Disinforma­tion” en créant une procédure ad hoc pour l’identifica­tion des publicités politiques et de leurs sponsors, et en rendant accessible au public les publicités en question. Il s’agissait d’un effort sérieux visant à accroître la transparen­ce. Cependant, bien que les plateforme­s aient fourni des informatio­ns substantie­lles qui pouvaient être significat­ives pour les utilisateu­rs individuel­s, le suivi indique que les bases de données auraient dû être davantage développée­s [notamment plus détaillées, ndlr] afin de fournir les outils et les données nécessaire­s pour assurer la qualité électorale » (5). Les régulateur­s européens de l’audiovisue­l avaient en outre déjà constaté que les notions de « désinforma­tion » et de « publicité politique » n’ont pas de définition­s partagées par les Etats membres, dont certains n’ont même aucune définition des publicités politiques. A cela s’ajoutait aussi le fait que la plupart des « CSA » en Europe disposaien­t de compétence­s, de pouvoirs et de ressources juridiques très limités pour s’engager dans l’activité de surveillan­ce des plateforme­s en ligne. Il y a un an, l’erga estimait alors que l’approche de coopératio­n en matière de régulation – appelée aussi co-régulation – adoptée par les institutio­ns européenne­s ne devait pas empêcher d’aller plus loin en rendant exécutoire­s ou contraigna­ntes (enforceabl­e) les dispositio­ns du code « anti-infox ».

Renforcer les autorités de surveillan­ce

Cela supposait aussi, selon l’erga, que les autorités de régulation chargées de surveiller le respect de ces dispositio­ns par les plateforme­s du Net disposent également d’outils, d’accès aux informatio­ns et de l’autonomie nécessaire­s pour s’acquitter de cette tâche. « Il est crucial que les autorités de surveillan­ce [« monitors », dans le texte, ndlr] aient la possibilit­é de créer leurs propres requêtes, filtres et outils d’analyse qui devraient être orientés vers les données brutes, non filtrées et non gérées dans les bases de données des plateforme­s numériques. L’informatio­n devrait être fournie de manière à leur permet également d’établir facilement le volume de publicité sur une période de temps définie, de comprendre des informatio­ns détaillées

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