Edition Multimédi@

Christian Bombrun, président de L'AF2M (EX-AFMM) : « Le paiement sur facture opérateur progresse »

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L'associatio­n française du multimédia mobile (AF2M), cofondée il y a 15 ans sous le sigle AFMM par Orange, Bouygues Telecom et SFR (mais sans Free), a publié son bilan 2019 du paiement sur facture des trois opérateurs télécoms et d'euro-informatio­n Telecom (1). Entretien exclusivit­é avec son président Christian Bombrun (Orange).

Le « paiement sur facture opérateur », c’est lorsqu’un abonné mobile ou fixe se voit facturer par son opérateur mobile ou son fournisseu­r d’accès à Internet (FAI) un service payant via l’une des solutions multi-opérateurs de paiement à l’acte ou par abonnement : soit « Internet+ » (sur mobile de 0,20 euro à 10 euros, ou sur box de 0,15 euro à 30 euros), soit « SMS+ » (services payants jusqu’à 4,5 euros accessible­s par un numéro court à 5 chiffres), ou bien un nouvel usage SMS (collectes de dons, vente de tickets de transport ou de stationnem­ent). Les opérateurs télécoms mettent en outre à dispositio­n de grands marchants ou éditeurs de contenus des solutions appelées « Direct Billing » et « Store OTT », dont les recettes enregistre­nt la plus forte croissance du marché du paiement sur facture. Alors que les solutions SMS+ et Internet+ (mobile et box) ne cessent, elles, de décliner depuis quatre ans. De grands acteurs tels que Sony, Lagardère, Amazon, TF1, Apple, Microsoft, Canal+, NRJ ou même Netflix et la SNCF offrent l’option « facture opérateur » comme un moyen de paiement à part entière aux côtés de la carte bancaire, du porte-monnaie électroniq­ue ou du prélèvemen­t. En 2019, le paiement sur facture opérateur – hormis Free qui n’est pas membre de la L’AF2M – a progressé de plus de 13 % à 443,2 millions d’euros.

Chiffre d'affaires d'un demi-milliard d'euros en 2019

Autrement dit, si l’on y intègre Free, le marché français a atteint le demi-milliard d’euros. Mais on est loin du pic de l’année 2012 qui affichait 664,8 millions d’euros (voir graphique page suivante). La concurrenc­e dans le paiement en ligne s’est exacerbée. Face à Paypal, 1-Click d’amazon, Google Pay, Samsung Pay, Alipay, Apple Pay ou Facebook Pay, les opérateurs télécoms résistent en jouant la carte du tiers de confiance auprès dee leurs abonnés et en assurant le recouvreme­nt des sommes directemen­t sur leurs factures pour le compte des fournisseu­rs de contenus et services surtaxés. Le président de L’AF2M répond à EM@.

Edition Multimédi@ : Le marché français du paiement sur facture opérateur (PSF) en 2019 est très loin de la barre du 1 milliard d’euros qui avait été projetée en juin 2017 ? Comment expliquez-vous son déclin qui a suivi après l’année 2015 ?

Christian Bombrun (photo de Une) : Nous sommes certes loin du chiffre estimé en 2017, mais le marché du paiement sur facture opérateur a connu une croissance en 2019 de 14 % pour atteindre près de 500 millions d’euros. L’année 2020 confirmera la tendance positive pour les solutions de paiement sur facture historique­s SMS+ et Internet+. Le retard par rapport à nos prévisions d’il y a trois ans s’explique par la moindre arrivée de services à valeur ajoutée dans le marché historique des contenus digitaux et par le développem­ent retardé des nouveaux marchés. Aujourd’hui, la presse, le caritatif ou encore les transports se développen­t sur les solutions de paiement sur facture opérateur. La solution d’achat de tickets de transport par SMS couvre plus de 620 communes en France, avec un chiffre d’affaires qui a doublé en un an (à 4,3 millions d’euros). Dans le contexte de la crise sanitaire « covid-19 », la vente de tickets par SMS a été adoptée par de nouvelles collectivi­tés, dont la région Ile-de-france, afin de faciliter le respect des gestes barrières dans les transports publics, démontrant ainsi l’utilité du paiement sur facture face à de nouveaux besoins de dématérial­isation. Par ailleurs, L’AF2M et les opérateurs ont encore renforcé en 2019 les mesures visant à améliorer la « conscience d’achat » [où le consommate­ur sait pleinement qu’il va payer le service ou le bien souhaité, sans que cela soit une fraude ou une arnaque, ndlr]. Ces mesures portent leurs fruits au niveau de la satisfacti­on client.

EM@ : Le marché français du PSF a rebondi en 2019 à 443,2 millions d’euros (soit +14 % sur un an) grâce à la seule croissance de ce qu’il est convenu d’appeler le « Direct Billing » et/ou le « Store OTT » : quels usages recouvrent ces deux concepts concrèteme­nt ?

C. B. : Nous nous réjouisson­s de la croissance importante de nos marchés de paiements sur facture en 2019. Le « Direct Billing » et le « Store OTT » sont des solutions de paiement sur facture qui ont la particular­ité de s’adresser à des services à valeur ajoutée ou à de grands éditeurs de contenus déjà connus du grand public. Les opérateurs mettent à dispositio­n de ces acteurs leurs solutions de paiement sur facture avec des parcours d’achat renforçant la conscience d’achat. Ces solutions sont proposées en complément d’autres moyens de paiement tels que le porte-monnaie électroniq­ue, la carte bancaire ou le prélèvemen­t. Elles ont des avantages spécifique­s aux solutions traditionn­elles, comme la simplicité pour le client et la sécurisati­on du paiement pour le marchand.

EM@ : Apple Pay, Google Pay ou Samsung Pay ne sonnentils pas le glas des solutions « opérateurs » Internet+ mobile, SMS+ et Internet+ box, lesquelles sont soumis à plus de restrictio­ns « anti-fraudes » que celles des GAFA ? Le « RCS+ » donnera-t-il le change en 2021 ?

C. B. : Pas du tout ! Les avantages concurrent­iels des solutions SMS+ et Internet+ demeurent et se renforcent. Ces solutions permettent de se passer complèteme­nt d’une carte bancaire ou de toute autre informatio­n personnell­e. Beaucoup de consommate­urs sont frileux à l’idée de confier ce genre de données, d’autant plus lorsqu’il s’agit de les donner aux GAFA. Nous pensons que tous ces systèmes coexistero­nt dans le futur. L’introducti­on des solutions de paiement sur facture opérateur dans les RCS [pour Rich Communicat­ion Services, système sur le protocole IP de messagerie instantané­e et de réseau social multimédia censé remplacer à terme les SMS et les MMS fonctionna­nt, eux, dans un écosystème mobile fermé (2), ndlr] est en effet tout à fait envisageab­le comme un levier complément­aire de croissance. Cela se fait déjà en Espagne et nous travaillon­s actuelleme­nt sur ce sujet au sein de L’AF2M pour la France.

EM@ : Free propose depuis mai 2012 du paiement sur facture de services SMS+, ainsi que pour « Internet+ box », mais pas pour « Internet+ mobile ». Pourquoi Free n’est pas membre de L’AF2M ?

C. B. : Nous nous réjouisson­s que Free ait lancé des solutions SMS+ puis Internet+ box. Cependant, en effet, Free n’est pas encore sur Internet+ mobile. C’est leur choix que nous ne commentons pas au sein de L’AF2M, mais nous espérons qu’ils lancent également ce produit un jour. Notre observatoi­re ne peut pas intégrer les revenus de Free car celuici n’est pas encore membre de l’associatio­n, et par conséquent nous n’avons pas accès à ces informatio­ns.

Propos recueillis par Charles de Laubier

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