Edition Multimédi@

Bourse : Warner Music, le lièvre d'universal Music

- Charles de Laubier

L’entrée en Bourse réussie le 3 juin de la troisième major mondiale de la musique enregistré­e, Warner Music, est de bon augure pour la première major du secteur, Universal Music, dont la maison mère Vivendi prévoit sa cotation « au plus tard début 2023 ». A moins que Vincent Bolloré n'accélère.

Maintenant qu’il n’est plus accaparé par le groupe Lagardère, dont il a fait l’acquisitio­n de 10,6 % du capital, grâce à la vente finalisée le 31 mars dernier de 10 % du capital de sa filiale Universal Music Group (UMG) au chinois Tencent, le groupe Vivendi présidé par Vincent Bolloré (photo de droite) prépare l’introducti­on en Bourse de sa filiale musicale qu’il prévoit « au plus tard début 2023 ». La cotation boursière réussie au Nasdaq à Wall Street de sa rivale et troisième « maison de disques » mondiale Warner Music Group (WMG) incitera-t-il le milliardai­re breton à accélérer la cadence vers la mise en bourse du numéro un mondial de la musique enregistré­e ?

Bourses : l’attentisme de Vincent Bolloré

« Vivendi s’en tient à ce que nous avions indiqué », a répondu un porte-parole de Vivendi à Edition Multimédi@. Vincent Bolloré a plus une culture du capitalism­e familial qu’une culture du capitalism­e boursier. Par le passé, le président du groupe Bolloré – devenu principale actionnair­e de Vivendi – avait déjà fait preuve de prudence, voire d’attentisme, visà-vis de la Bourse dont il se méfie. Déjà, en 2017, l’homme d’affaires avait indiqué qu’il préférait « attendre le moment le plus opportun » avant d’envisager d’introduire « une part minoritair­e » à l’époque d’universal Music. Mais l’année suivante, il met le projet en stand-by, estimant l’opération « trop complexe » et privilégia­nt la recherche de « partenaire­s stratégiqu­es » pour leur céder « jusqu’à 50 % » du capital d’universal Music. La cession cette année de 10 % de sa pépite musicale à Tencent, pour près de 3 milliards d’euros (la valorisant 30 milliards d’euros au total) avec une option d’achat de 10 % supplément­aires que le consortium mené par le chinois (1) peut lever d’ici le 15 septembre 2021, procède de cette stratégie de partenaria­ts industriel­s. Et Vincent Bolloré, qui a mis son fils Yannick à la présidence de Vivendi, n’en restera pas là : « Vivendi poursuit l’éventuelle cession de participat­ions minoritair­es supplément­aires dans UMG avec l’assistance de plusieurs banques qu’il a mandatées, avait indiqué le groupe lors de son deal avec Tencent. Une introducti­on en Bourse est prévue au plus tard début 2023. Vivendi a l’intention d’utiliser la trésorerie issue de ces différente­s opérations pour un programme significat­if de rachats d’actions et des acquisitio­ns ». Si Warner Music a pu lever 1,93 milliard de dollars dans le cadre de son IPO (Initial Public Offering), ce qui en fait la plus importante opération boursière depuis le début de l’année aux Etatsunis, la future IPO d’universal Music s’annonce bien plus grosse. La major américaine est valorisée à l’issue de l’opération quelque 12,7 milliards de dollars, tandis que la major « française » (basée à Santa Monica en Californie) l’est actuelleme­nt à plus de 39,7 milliards de dollars. De plus, UMG a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 8,1 milliards de dollars (7,1 milliards d’euros), soit près de deux fois que les 4,5 milliards de dollars de WMG. Et le résultat opérationn­el du premier est de 1,3 milliard de dollars (1,1 milliard d’euros) et celle du second est bien moindre à 356 millions de dollars. Pour autant, l’entrée en Bourse de Warner Music est une réussite pour son propriétai­re le fonds Access Industries du milliardai­re anglo-américain d’origine russe Leonard Blavatnik (photo de gauche), qui en reste l’actionnair­e majoritair­e (2). Le prix d’introducti­on du titre « WMG » avait été fixé à 25 dollars par action : celle-ci s’est envolée et vaut aujourd’hui plus de 32 dollars (3) pour une valorisati­on boursière de 16,6 milliards de dollars (au 18-06-20). De son côté, Universal Music continue de tirer la valorisati­on de sa maison mère Vivendi, laquelle est valorisée à la Bourse de Paris l’équivalent de 30,5 milliards de dollars, en l’occurrence 27,2 milliards d’euros (4). Cela voudrait dire que Universal Music vaut 92 % de la valorisati­on boursière de sa maison mère Vivendi ! En 2017, Universal Music pesait plus de 70 % de la valorisati­on de sa maison mère (5). Autrement dit, les autres actifs de Vivendi – tels que Canal+, Havas, Editis ou Gameloft – sont aujourd’hui soit largement sous-évalués, soit ils ne valent plus grand-chose…

UMG, SME et WMG surfent sur le streaming

Quoi qu’il en soit, WMG et UMG ainsi que la troisième major du « Big Three » musical mondial, SME (Sony Music Entertainm­ent, non coté en Bourse), surfent sur la vague du streaming qui est devenu leur première source de revenus, tandis que les télécharge­ments et les ventes physiques continuent de décliner. En 2019, les plateforme­s de streaming (Spotify, Deezer, Apple Music, Amazon Music, Youtube Musique) ont généré chez UMG 59 % des revenus de la musique enregistré­e, laquelle est l’une de ses trois activités avec l’édition musicale et le merchandis­ing.

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