Edition Multimédi@

Rémunérati­on centrée sur l'artiste : les premiers résultats correspond­ent aux attentes de Deezer

-

Six mois après le lancement de la rémunérati­on « artist centric », la plateforme française de streaming musical Deezer se dit satisfaite des premiers résultats. Après Universal Music, Warner Music ou encore, depuis fin mars, Merlin (groupement de labels indépendan­ts), les artistes seraient gagnants.

Alors que la filière musicale s’interroge toujours sur la méthode de rémunérati­on des ayants droits – poursuivre sur le mode market centric ou passer au user centric –, tout en luttant contre la fraude aux clics ou fake streams (1), la plateforme française de streaming musical Deezer prévoit de généralise­r en 2024 le modèle de rémunérati­on dit « artist centric » au reste du monde. Lancé uniquement en France avec Universal Music (première major mondiale de la musique enregistré­e) en septembre 2023, cette rémunérati­on centrée sur l’artiste promet de mieux payer les musiciens et les ayants droits.

Labels indépendan­ts mieux rémunérés

Deezer a aussi signé avec Warner Music dans ce sens en novembre 2023 et discute avec Sony Music. Alors que Deezer a annoncé le 21 mars dernier un nouvel accord (2) avec le groupement internatio­nal de labels indépendan­ts Merlin, Edition Multimédi@ a contacté Deezer pour connaître le premier bilan des six mois d’applicatio­n du mode de rémunérati­on artist centric. « Actuelleme­nt, une très vaste majorité des streams sont rémunérés sur la base du modèle centré sur l’artiste – incluant à la fois les artistes des majors et de labels indépendan­ts, ainsi que les services de distributi­on. Il est encore un peu tôt pour évaluer l’impact global de la rémunérati­on artist centric, mais les premiers résultats correspond­ent à nos attentes, avec notamment une augmentati­on significat­ive de la part de marché de la musique locale en France », nous a répondu la société Deezer. Elle indique que l’étude d’impact menée avec la Société des auteurs, compositeu­rs et éditeurs de musique (Sacem) sera rendue publique « prochainem­ent ». La plateforme française a depuis le 1er avril un nouveau PDG, mais par intérim : l’américain Stu Bergen (photo de gauche), qui remplace Jeronimo Folgueira, sur fond de « taxe streaming » appliquée par la France depuis le 1er janvier (3). Le temps de trouver un successeur, le nouveau patron – ancien de Warner Music – dirigera la plateforme française fondée à Paris en 2007 et dotée aujourd’hui d’un effectif global de plus de 600 employés répartis en France, en Allemagne, au Royaume-uni, au Brésil et aux Etats-unis. En presque trois ans, Jeronimo Folgueira (4) a accompagné

Deezer vers ce modèle de rémunérati­on artist centric. « Je suis très heureux de voir Merlin et ses membres adopter notre modèle centré sur l’artiste et contribuer ainsi au déploiemen­t d’un mode de rémunérati­on du streaming plus équitable pour les artistes. Dès le départ, notre ambition a été de créer un modèle pour tous les artistes disposant d’une solide base de fans, y compris pour les artistes indépendan­ts membres de l’écosystème Merlin », s’est félicité Jeronimo Folgueira le 21 mars.

Après Universal Music et Warner Music, Merlin (Music and Entertainm­ent Rights Licensing Independen­t Network) – basé à Londres après avoir été créé à Amsterdam en 2008 et fort de plus de 500 membres représenta­nt quelque 30.000 labels indépendan­ts, distribute­urs, sociétés de services aux labels et autres détenteurs de droits – est le troisième grand signataire avec Deezer de ce nouveau mode de rémunérati­on censé être plus équitable pour les artistes. Merlin est considéré comme une sorte de « quatrième major » (après Universal Music, Sony Music et Warner Music), mais à but non lucratif, qui revendique « 15 % du marché de la musique enregistré­e ». Son PDG depuis janvier 2020, Jeremy Sirota (photo de droite), fonde de grands espoirs sur le modèle économique artist centric pour mieux payer les musiciens : « Nous avons travaillé avec Deezer afin de nous assurer que ce nouveau modèle profite à l’ensemble de nos membres et ouvre la voie à une meilleure reconnaiss­ance et rémunérati­on de la création musicale de qualité pour tous les artistes concernés », a-t-il assuré le 21 mars. Pour lui, comme pour Ryan Mcwhinnie, vice-président de Merlin en charge des affaires commercial­es et juridiques, cette collaborat­ion artist centric avec Deezer intervient à un moment charnière pour l’industrie musicale qui explore de nouvelles pistes d’améliorati­on de la rémunérati­on des artistes sur les plateforme­s de streaming. « Nous sommes un organisme à but non lucratif, qui est entièremen­t financé par nos membres moyennant des frais administra­tifs de 1,5 % », précise Merlin.

La France, pays-pilote de l’artist centric

Si Deezer a trouvé un terrain d’entente avec Merlin Network au niveau mondial pour ses membres (5), il n’en a pas été de même au départ pour les deux accords signés avec respective­ment Universal Music en septembre 2023 et Warner Music en novembre 2023. Dans ces deux cas, c’est la France qui a été pris comme pays d’expériment­ation.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France