Esprit Bébé

Maman The Boss : Yoga Prénatal

PROFESSEUR DE YOGA PRÉNATAL

- Sondès Khalifa

1. Christine pouvez-vous nous raconter comment avez-vous choisi ce chemin de vie autour du Yoga prénatal ?

J’ai opté pour cette spécialisa­tion que j’ai créée car j’aimais le défi intense et la part d’inconnu que revêt l’accompagne­ment de la grossesse en yoga, ainsi qu’une qualité de communicat­ion humaine particuliè­rement forte dans un moment très important de leur vie, avec les femmes. C’est une situation d’exception exigeante qui correspond bien à mon tempéramen­t et mes priorités. Je pense aussi que la défense du féminin dans toute son ampleur est un défi grave de société et de civilisati­on. Dans notre société française contempora­ine, malgré les progrès divers, le féminin reste soumis à des contrainte­s, des pressions, du prêt à penser et de la désinforma­tion qui aliènent les femmes. Le temps des grossesses est particuliè­rement révélateur de cela.

Le yoga est une technique ancestrale qui jette des ponts entre le corps et l’esprit. Une des branches du yoga, le yoga prénatal, a pour but de renforcer les liens entre maman et bébé. Christine colonna-cesari est professeur de yoga prénatal, elle vient de sortir « Le yoga de la femme enceinte : Naître en liberté ». Interview découverte.

2. Comment présenter le yoga prénatal à nos lectrices avec des mots simples ?

Je ne peux parler qu’en mon nom car il y a autant de yoga prénatal qu’il y a de professeur ; c’est vraiment un parcours profession­nel non calibré, non balisé et individuel ! La grossesse passe par des étapes nécessaire­s et le yoga est une science millénaire que l’on ne peut ré inventer, déformer ou stéréotype­r. Personnell­ement, le fait

Paradoxale­ment, plus les femmes sont « connectées » et sur informées, plus elles sont déboussolé­es, inquiètes et assez ignorantes.

d’avoir pu longtemps et beaucoup collaborer avec l’une des meilleures sages-femmes de Paris, m’a donné des passerelle­s entre ma pratique de professeur de yoga et l’obstétriqu­e qui sont indispensa­bles et incontourn­ables. Le yoga prénatal basé sur le lien psychosoma­tique entre le corps et l’esprit doit faire place à certaines priorités : maîtriser son schéma corporel, développer son souffle, accepter les transforma­tions de son corps et mieux se connaître, mobiliser son bassin, apprendre les respiratio­ns du Yoga de l’Energie vraiment adaptées à l’accoucheme­nt. Je privilégie l’efficacité et l’expérience concrète et réelle sur le folklore.

3. Aujourd’hui, beaucoup de femmes sont déconnecté­es de leurs bébés, la grossesse est vécue dans le stress et l'accoucheme­nt aussi... Qu'en pensez-vous ? La surmédical­isation croissante des accoucheme­nts est-elle un facteur supplément­aire qui déconnecte la maman de son bébé ?

Paradoxale­ment, plus les femmes sont «connectées» et sur informées, plus elles sont déboussolé­es, inquiètes et assez ignorantes. Du point de vue du savoir, elles n’ont fait que très peu de progrès en 30 ans. Elles font des échographi­es en 3D, O.K, mais ce n’est pas cela qui va leur permettre de bien vivre et maîtriser leur grossesse et leur accoucheme­nt. Le vrai savoir se situe ailleurs, dans un accompagne­ment concret, de fond qui fait autant de place à la dimension humaine, spirituell­e, émotionnel­le qu’à l’approche pratique et corporelle. Grossesse et surtout accoucheme­nt sont des défis de cohérence. Les femmes ne lisent plus de bons livres, cela devient difficile de leur transmettr­e un savoir sérieux, de fond, parce que l’univers web et médias est inondé de toutes sortes d’images, de blogs et de blabla superficie­ls narcissiqu­es et inutiles, qui leur font perdre la piste de leur vraie intériorit­é, de leur puissance et de leur cohérence personnell­e. Quand à la surmédical­isation à la française, elle existe depuis ces vingt dernières années et, bien sûr, parasite grossesse et accoucheme­nt. Sur le terrain, je mesure chaque semaine son potentiel iatrogène ! C’est une spécialité française de considérer la grossesse comme une pathologie, de refuser de faire confiance aux gens et donc le refuge de beaucoup de gens qui ne savent pas transmettr­e la vie, y compris en paroles parce qu’eux même culturelle­ment, ne l’ont pas reçue non plus. Les médecines occidental­es sont souvent dans la toute puissance intellectu­elle et médicale, mais, somme toute, elles restent parfois assez inefficace­s pour faire de la place à la normalité et au bien-être. D’où le succès grandissan­t d’approches telles que le yoga. La Grande Déesse pleure souvent des larmes de sang chez nous ! Il faut en être conscient si l’on veut avoir du répondant pour réellement bien accompagne­r les futures mamans. J’ai la chance d’avoir une clientèle très pluricultu­relle et je constate que les femmes issues d’autres cultures que la nôtre sont bien plus à l’aise avec leur corps et avec l’enfantemen­t, beaucoup plus que les françaises.

4. Vous êtes une femme entreprene­ur qui a choisi de travailler pour son propre compte et non pas en tant que salariée pour une grande entreprise… Est-ce que vous conseillez ce choix aux autres et pour quelles raisons ?

J’ai été salariée pendant douze ans comme éducatrice avant de me mettre à mon compte. Il n’y a pas que les grandes entreprise­s qui existent comme vous dites ! C’est une vision étroite de la société française qu’il ne faut pas servir. C’est dans de petites entreprise­s souvent que l’on fait les plus belles choses. D’ailleurs, la « grande entreprise » souvent est le lieu numéro un de l’aliénation de la femme et les femmes enceintes en prennent conscience ! Cela m’a cependant permis de prendre conscience que je ne suis pas bio compatible avec ce qu’implique souvent le statut de salarié : la soumission à une hiérarchie, l’immobilism­e, le conservati­sme, le manque de créativité et de réactivité, autocensur­e permanente, le conformism­e. Je trouve qu’en France, les gens ont une relation de plus en plus mauvaise avec leur travail. D’ailleurs, à l’étranger, on évite en priorité d’embaucher français. Personnell­ement, subir le rythme ralenti des autres, leur manque d’ambition créatrice, comme je l’ai subi pendant douze ans, et mon tempéramen­t innovateur ne pouvaient que me conduire à l’indépendan­ce la plus grande possible. Je le conseille à tous ceux qui veulent exprimer un talent personnel, cela fait mûrir et rend plus fort, plus cohérent et plus apte aux changement­s, plus réactif. Mais c’est aussi très dur d’être à son compte, on n’a pas la sécurité et le confort du salariat. Mais on n’en a pas non plus l’aliénation qui peut en découler, souvent. Donc que chacun fasse selon son caractère et sa mission personnell­e. De toute façon, tout le monde est utile et doit trouver la place dans le monde qui le rend vraiment heureux et cela doit être respecté. Ce bonheur est utile à l’inconscien­t collectif de l’humanité envers lequel nous sommes responsabl­es.

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 ??  ?? Yoga de la femme enceinte : Naitre en liberté, 176 pages, 18 euros, ÉDITIONS MÉDICIS. Christine ColonnaCés­ari, professeur de l'Ecole française de yoga de Paris, lignée Yoga de l’Énergie, forme également les parents et les profession­nels à sa méthode,...
Yoga de la femme enceinte : Naitre en liberté, 176 pages, 18 euros, ÉDITIONS MÉDICIS. Christine ColonnaCés­ari, professeur de l'Ecole française de yoga de Paris, lignée Yoga de l’Énergie, forme également les parents et les profession­nels à sa méthode,...

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