Esprit Yoga

LES PERLES D'ANANDA

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La puissance de la douceur

La force que procure le yoga est un subtil dosage de fermeté et de souplesse, de stabilité et de mouvement.

Une pratique assidue du Hatha Yoga requiert sans aucun doute de la ténacité, de la persévéran­ce, une certaine vigueur et de l'effort, parfois considérab­le. Pendant longtemps, il a été d'usage de traduire Hatha Yoga comme « yoga de la force » ou même « yoga de la violence »1. Or, des recherches récentes ont mis en évidence que le mot sanskrit hatha, littéralem­ent « force », qualifie non pas l'effort que le yogi doit déployer dans sa pratique, et encore moins la réalisatio­n d'un effort violent envers soi-même, mais les résultats de la pratique 2. Le Hatha Yoga serait donc le yoga qui confère de la force à celui qui s'y exerce plutôt qu'une pratique requérant de la force. De quelle nature est alors la « force » qu'acquiert le yogi ?

Selon une définition de la posture du yoga donnée dans les Yoga Sutra de Patanjali (4ème siècle de notre ère), celle-ci est à la fois « ferme » (sthira) et « confortabl­e » (sukham). Loin d'être contradict­oire, l'union de ces deux qualificat­ifs permet de concevoir la pratique du yoga dans toute sa subtilité. Sthira, de la racine sthi, (« se tenir debout, ferme et solide »), met l'emphase sur la dimension stable et assurée d'une posture de yoga. Sukha, littéralem­ent, le « bon vide », souligne l'importance d'ouvrir un espace pour que la joie puisse s'exprimer dans le corps. Sans sukha, la posture est sèche et sans saveur, sans sthiti, elle devient molle et vacillante.

On pourrait donc dire que le yoga cultive une force toute particuliè­re : la puissance tranquille de la douceur. Ni mièvre et encore moins niaise, cette force douce est une qualité qu'il n'est pas facile d'atteindre. Il faut d'abord avoir le courage d'identifier ses propres failles pour s'affranchir ensuite de tout volontaris­me acharné. La posture de yoga devient ainsi une sorte de « méditation » musculaire et articulair­e qui permet de s'observer : « Suis-je détendu ? Suis-je tendu ? » ou bien : « Trop de sthira ? Trop de sukha ? ». La pratique quotidienn­e de yoga est dès lors une merveilleu­se occasion de cultiver dans sa vie l'« invincible force de la douceur », comme disait Marc Aurèle, à notre égard et dans nos relations aux autres et au monde.

 ??  ?? Docteure en Études indiennes, Ananda Ceballos est aussi formatrice à l'école Française de Yoga et psychologu­e spécialisé­e en troubles du comporteme­nt alimentair­e (www.yoome.fr).
Docteure en Études indiennes, Ananda Ceballos est aussi formatrice à l'école Française de Yoga et psychologu­e spécialisé­e en troubles du comporteme­nt alimentair­e (www.yoome.fr).

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