Esprit Yoga

JE SUIS SIMPLEMENT CE QUE JE SUIS1

Choisir non pas d'avoir moins de choses, mais d'avoir moins besoin des choses. « La simplicité, c’est l’harmonie parfaite entre le beau, l’utile et le juste » Frank Lloyd Wright

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« Simplifiez, simplifiez ! Un homme est riche des choses dont il peut se passer », voici ce qui pourrait résumer l'oeuvre du poète et philosophe H.D. Thoreau. Publié en 1854, Walden ou la vie dans les bois relate deux ans passés par l'auteur dans une petite cabane dénuée de tout confort au bord du lac Walden au Massachuss­etts. C'est là où, celui qui fut l'un des premiers non-indiens à se décrire comme un « yogi », a développé l'essentiel de sa pensée, basée sur la simplicité, la frugalité et le retour à la nature. Ces expérience­s s'inscrivent dans une longue liste de pensées qui ont ponctué le chemin de la « vie simple ». De Socrate à Épicure, de Saint François d'assise à Pierre Rabhi, en passant par R.B Gregg et Duane Elgin, précurseur­s du mouvement de la « simplicité volontaire »2, tous ces penseurs nous apprennent que faire simple n'est pas toujours facile, que la simplicité est l'aboutissem­ent d'une longue et profonde quête intérieure. Elle est même, comme disait Leonard de Vinci, « l'ultime sophistica­tion ».

Parfois la simplicité est perçue comme un chemin de privation et frustratio­n, presque opposée à l'épanouisse­ment. La multiplica­tion des possession­s n'est pourtant pas toujours source de satisfacti­on et peut même en être un obstacle. Parfois, par peur de manquer ou dans l'illusion de se simplifier la vie, on s'entoure d'objets qui finissent par encombrer et compli- quer notre quotidien, nos placards et notre mental. Loin d'être synonyme de manque et de pauvreté, la simplicité implique d'aller à l'essentiel et de choisir, en toute liberté, non pas d'avoir moins de choses, mais d'avoir moins besoin de choses.

Le « contenteme­nt » fait partie des cinq « règles de vie » (les niyamas) qui permettent au yogi d'enrayer les obstacles qui se présentent dans son chemin vers la sagesse. Exprimé dans les hymnes védiques par la racine TUSH (litt. : « devenir calme, être au repos »), le contenteme­nt est lié à un état d'apaisement et de satisfacti­on sereine où il n'est point nécessaire d'ajouter quoi que ce soit pour se sentir comblé. Se contenter ne serait pas se priver, mais ne pas sentir la privation. Le contenteme­nt, de pair avec la simplicité, pourrait nous aider à savourer enfin l'ivresse de la sobriété et nous apprendre à vivre mieux avec moins ou, comme disait Gandhi, à « vivre plus simplement pour que d'autres puissent tout simplement vivre ».

(1) Henry David Thoreau (1817-1862). Extrait d'une lettre à H.G.O Blake, Mars 1848.

(2) Duane Elgin, Voluntary Simplicity, Harper Collins, 2010. Il s'inspire du texte pionnier de Richard B. Gregg : La valeur de la simplicité volontaire, Éd. Le pas de côté, 2012.

 ??  ?? Docteure en Études indiennes, Ananda Ceballos est aussi formatrice à l'école Française de Yoga et psychologu­e spécialisé­e en troubles du comporteme­nt alimentair­e (www.yoome.fr).
Docteure en Études indiennes, Ananda Ceballos est aussi formatrice à l'école Française de Yoga et psychologu­e spécialisé­e en troubles du comporteme­nt alimentair­e (www.yoome.fr).

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