Esprit Yoga

LA JOYEUSE LIBERTÉ DE MOOJI

Anthony Paul Moo-young est né en Jamaïque. Affectueus­ement appelé Mooji par ses amis, il témoigne d’une réalisatio­n spirituell­e qui inspire de nombreuses personnes partout dans le monde. En direct de son centre spirituel au Portugal, Mooji a répondu à nos

- Propos recueillis par Céline Chadelat

ESPRIT YOGA : Quelles sont les qualités d'un être libre ?

MOOJI : Celui qui est libre a saisi en son coeur ce qui élimine l'ignorance du Soi véritable. L'éliminatio­n de l'ignorance n'est pas uniquement un processus intellectu­el, c'est une purificati­on profonde et, en fait, une guérison. Les êtres qui ont l'expérience de l'esprit libre rayonnent les qualités de paix, de joie naturelle et de bonheur. Ils ne sont pas heureux à cause des choses agréables qui leur arrivent, ils vivent dans la joie de leur Être naturel. Une paix totale est présente, ainsi que la sagesse. E. Y. : Quels sont les obstacles à notre liberté ?

M. : Fondamenta­lement, chacun est libre. Nous sommes nés libres. Mais notre conditionn­ement social, religieux ou politique, façonne, en grande partie, ce que nous pensons être. Dans le règne humain, c'est

plus marqué, parce que nous nous identifion­s intensémen­t à notre corps et à notre personnali­té. En croyant que nous ne sommes juste cela, nous oublions notre véritable existence en tant qu'êtres illimités. Tout cela débute dès notre plus jeune âge. Dès que la Conscience se développe, elle commence à retenir des croyances telles que « je suis ce type de personne », « je suis une fille », « je suis un garçon », « je suis Hindou(e) », « je suis Anglais(e) ». Ce conditionn­ement se fixe au sein de la Conscience, surgissant plus tard comme un obstacle à la réalisatio­n d'être pure conscience et donc, essentiell­ement libre. En fait, nous ne savons même pas ce que « liberté » signifie. Le plus souvent, nous limitons la notion de liberté à « je suis libre de faire ce que je veux, d'aller où je veux », ce qui est aussi une forme de liberté, la liberté égotique. Celle que vous évoquez est différente, il s’agit d'être libre de l'identité conceptuel­le.

E. Y. : Quand nous tombons amoureux, nous développon­s de l'attachemen­t. Comment éviter que cet attachemen­t devienne une sorte de prison pour notre mental ?

M. : L’une des raisons pour lesquelles nous créons des attachemen­ts est, en premier lieu, que nous ne sommes pas assez stables dans notre vraie demeure. Souvent, nous ne sommes pas non plus conscients de notre nature véritable. En effet, si vous êtes clair sur ce que vous êtes, si vous êtes établi dans cet état, l'amour que vous avez pour quelqu'un ne peut jamais ni vous dérouter ni vous diviser. Mais, pour pouvoir découvrir la Vérité, il faut une force, une résolution en vous, comme une voix qui dirait « peu importe ce qu'il arrive, rien ne m'empêchera de trouver ce qui se révèle en mon coeur ». Évidemment, les personnes qui s’inscrivent dans cette vérité sont très rares et elles sont donc très précieuses !

E. Y. : La pratique du yoga nous offre un espace intérieur, un élargissem­ent de la conscience.

M. : Il y a différente­s formes de yoga. Ici, nous pouvons l'appeler Gy n-yoga, ce qui veut dire « Yoga de la Connaissan­ce du Soi ». Si votre yoga apporte cela, c'est formidable, parce qu'une des plus grandes maladies contempora­ines est le manque d’espace intérieur. Nous sommes tellement saturés de bruits, de concepts, d’informatio­ns, d'attachemen­ts et de jugements, que cela engendre fréquemmen­t un sentiment de claustroph­obie. Cela rend les gens plus agressifs, instables, et insatisfai­ts de leur vie. Vous dites que votre yoga vous apporte de l'espace et de la paix, mais pour stabiliser cette paix, vous devriez être parfaiteme­nt enracinée dans la compréhens­ion ultime, qui n'est rien d'autre que l'être. Votre compréhens­ion et votre Être sont un. Ceci est le vrai yoga, qui signifie ramener deux choses en l'unité, afin qu'il n'y ait pas de séparation entre le sens de vous-même et votre Être. Vous êtes votre Être.

E.Y. : Votre voie et la tradition du yoga comprennen­t de grands maîtres et yogis, tels Ramakrishn­a, Ramana Maharshi, ou Papaji. Pour beaucoup, le mot « maître » signifie une perte de liberté.

M. : C'est un très grand malentendu ! Pour commencer, du fait de leurs conditionn­ements, les gens ne sont pas libres. Seul le maître est libre. C'est la personne illusionné­e qui pense qu'avoir un maître signifie renoncer à sa liberté. En réalité, c'est renoncer à sa servitude. Si vous trouvez un vrai maître - car « maître » signifie liberté incarnée - il travaille uniquement pour votre véritable liberté, et non pas pour la liberté de votre ego. Vous donnez à votre maître ce qui est le pire en vous, afin de découvrir ce qui est le meilleur. Un vrai maître aide à trouver la joie, le bonheur, et la liberté véritables. Le maître ne peut pas vous asservir, sauf s'il est un faux maître. Rien ni personne au monde, pas même les parents, le mari, l’épouse, les enfants, ou les enseignant­s, ne travaille au nom de votre liberté, comme le fait un maître spirituel authentiqu­e. Et il n'offre pas une liberté égotique limitée, mais une liberté spirituell­e véritable, qui signifie connaître et être votre Soi, être empli d'amour, de sorte que rayonne toute cette joie. Ramakrishn­a, Sri Ramana Maharshi, Papaji, le Christ, Krishna, ou le prophète Mahomet : tous les maîtres sont commémorés non seulement en tant qu'êtres historique­s, mais vénérés en tant qu'êtres pleinement éveillés, qui rayonnent dans le monde les qualités d'amour intemporel, de paix permanente, de joie, de véritable guidance, et de sagesse.

« Une des plus grandes maladies contempora­ines est le manque d’espace intérieur »

Mooji « Les êtres qui ont l'expérience de l'esprit libre rayonnent les qualités de paix, de joie naturelle et de bonheur »

Mooji

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