Esprit Yoga

ÉDITORIAL

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De nos jours, le mot imperfecti­on sonne presque comme une provocatio­n. On attend de nous la perfection en tous points : élève d'une école d'excellence, cadre hyper-performant, individu au corps et à la beauté parfaits. La perfection semble être l'objectif ultime pour être intégré d'un point de vue social et relationne­l. On dépense alors une énergie folle à vouloir atteindre un idéal impossible, à vouloir se conformer à des modèles inventés par la publicité, la mode, les médias de masse. Il en résulte de la frustratio­n, du malaise, voire du mal-être, et même du désespoir quand on pense ne pas réussir à incarner cette perfection parfaiteme­nt illusoire.

Les maîtres spirituels l'ont souvent souligné et le simple bon sens nous le rappelle : la perfection n'existe pas, nous sommes tous imparfaits à un égard ou à un autre. Et c'est très bien ainsi. Souvent, c'est notre égo ou notre éducation qui nous poussent à mépriser celles que nous pensons être nos imperfecti­ons, à les corriger ou à les supprimer. Nous nous imposons une discipline stricte pour atteindre un objectif irréaliste et qui nous éloigne de notre vraie identité.

Au lieu de les combattre, acceptons nos imperfecti­ons (ou supposées telles) car elles font partie de nous, de notre histoire, elles nous rendent uniques. Elles recèlent d'infinies richesses car elles nous aident à nous accepter tels que nous sommes et à accepter les imperfecti­ons des autres. Acceptons-les aussi parce qu'elles nous libèrent des contrainte­s et des impératifs qui viennent de l'extérieur, qui nous étouffent et nous entravent.

Accepter ses imperfecti­ons ne signifie par pour autant s'en satisfaire. Être bienveilla­nt envers soi ne signifie pas tout accepter. Le yoga nous apprend qu'il ne faut jamais forcer pour réaliser « parfaiteme­nt » une posture, qu'il faut écouter notre corps pour aller jusqu'où cela est juste pour nous. Mais il nous dit aussi qu'une progressio­n est toujours possible, que, par la pratique, une évolution se fait. Non pas pour adhérer à un modèle de posture ou d'enchaîneme­nt parfaits, mais parce que le yoga est en soi une voie de transforma­tion. Sa plus précieuse contributi­on n'est pas de nous amener vers la perfection, mais de nous aider, individuel­lement, à grandir et à évoluer ; de montrer à chacun son chemin : personnel, différent, unique et, bien sûr, imparfait.

Andrea Semprini

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