RÉCRÉ YOGA

Rencontrer minutieusement les petits êtres vivants et commencer à prendre conscience de son environnement.

Visite chez les habitants du jardin

L'ÂGE DE raison » nous disent les spécialistes de l'enfance, survient entre 6 et 8 ans, à la fin de la période oedipienne. Petite pause sur le plan émotionnel, avant les grands remous de l'adolescence, c'est « [...] un moment de grande curiosité, notamment intellectuelle. [...] Les pulsions sexuelles sont en sommeil, ce qui permet à l'enfant de se tourner vers le monde extérieur et les apprentissages »1. Il est également le moment où « avec l'apprentissage de la lecture notamment, l'enfant va pouvoir construire son propre raisonnement. C'est un énorme pas de franchi vers l'autonomie ».2

L'âge de raison est donc le moment idéal pour accompagner l'enfant dans la découverte des richesses de l'univers. Nul besoin d'aller très loin pour les observer, il suffit de sortir dans un bois ou un jardin et de se pencher vers le petit monde des nettoyeurs du sol, par exemple, puis de se redresser vers le grand monde de la canopée pour une pratique en pleine conscience de « l'entre-deux », toute indiquée à cet âge !

Les enfants sont d'abord à plat ventre, tels des lombrics. Après quelques tortillements pour réveiller le corps, on leur propose un grand classique du yoga : bhujangasana, le cobra. Cette posture corrige les cyphoses, tonifie le dos, donne de l'énergie. On peut expliquer aux enfants qu'il en faut de l'énergie aux vers de terre, pour creuser sans relâche des galeries souterraines, si importantes pour aérer le sol !

Après cet effort, un moment de récupération est bienvenu, pendant lequel on peut évoquer le cloporte. Sa carapace articulée lui permet de s'enrouler complètement, et comme ce petit crustacé (le seul à ne pas vivre dans l'eau), on peut rester tranquille quelques instants dans une posture à l'effet régulateur, recommandé après l'extension précédente.

Enfin, voici le scarabée (ou coccinelle, les deux sont cousins, de la famille des coléoptères) qui déplie ses élytres dans une variante de la posture précédente, visant à étirer les épaules et mobiliser les omoplates.

Pour terminer cette séance parmi nos amis des bois et des jardins, soulevés par leurs ailes désormais déployées, les enfants se rapprochent de la cime des arbres et sa luxuriante canopée (aux multiples plantes médicinales).

Il est recommandé, si possible, de vivre cette séance à l'extérieur, en profitant des derniers beaux jours.

1 Philippe Cazals, dans le magazine jeunesse Toboggan du 6 septembre 2010. 2 Dr Alain de Broca, Mon enfant s'épanouit, éd. Horay.

Ouf, je m'enroule pour me reposer. Mon dos respire, comme la carapace bien souple d'un cloporte.

Allongé sur le ventre, je me tortille comme un ver de terre. Maintenant, je soulève plusieurs fois le haut de mon corps. Chaque fois que je me redresse, je regarde vers le ciel en sentant ma respiration dans le ventre.

Que se passe-t-il au-dessus du sol ? Je me relève doucement, je me mets debout et je m'étire comme un grand arbre, j'ouvre les bras, j'imagine que je vole au milieu des feuilles les plus hautes de l'arbre.

Je deviens scarabée, et je suis prêt à m'envoler, je commence à déplier mes élytres.

LAURENCE MUCHA est professeure de yoga, spécialisée dans l'accompagnement d'élèves aux besoins éducatifs particuliers et formatrice au RYE (Recherche sur le Yoga dans l'éducation).

VÉRONIQUE MAINGUY enseigne en collège et lycée, participe à la formation des enseignants en Ile de France. Elle est professeure de yoga et formatrice au RYE (Recherche sur le Yoga dans l'éducation).