LE RETRAIT ET LE SOURIRE
Vayu pratihara est une pratique très ancienne, issue de la plus pure tradition yogique, une manière de combiner la conscience et le souffle pour s'isoler du monde et trouver le calme intérieur.
Combiner conscience et souffle pour s'isoler du monde
LA PRATIQUE du sourire intérieure peut être reconduite aux plus anciennes sources du yoga. Dans la systématisation du yoga en huit membres proposée par Patanjali, le cinquième membre est nommé pratihara, mot sanskrit habituellement traduit par retrait des sens.
Selon Patanjali, pour pouvoir poursuivre le chemin du yoga vers l'éveil, il faut pouvoir se détacher des distractions et sollicitations du monde extérieur et apprendre à orienter la conscience vers l'intérieur. Les sens vont suivre le mouvement de la conscience et réduire progressivement l'emprise du monde physique (ses sons, parfums, sollicitations visuelles et sensuelles) sur notre conscience.
En nous invitant à tourner notre conscience vers l'intérieur de notre corps et en particulier vers nos organes, la pratique du sourire intérieur peut être considérée une facette de prathihara, le retrait de sens. L'énergie bienveillante envoyée vers nos organes est d'autant plus puissante et régénératrice qu'elle n'est pas éparpillée ou affaiblie par les sollicitations du monde extérieur qui nous parviennent par l'intermédiaire de nos sens. Cette énergie est régénératrice parce qu'elle nous permet d'activer par la conscience le bon fonctionnement de nos organes.
Le circuit des marmas
Mais comment s'entraîner à pratihara ? Dans un très ancien texte, le Yoga Yajnavalya Gita, qui se présente comme un dialogue à visée éducative entre le sage Yajnavalkya et une femme (peut-être son épouse) Gargi, on présente la technique de vayu pratihara (retrait du vent) qui permet de diriger et intérioriser la conscience en se servant de la maîtrise du souffle. Il faut focaliser sa conscience et son souffle en séquence sur 18 points vitaux à l'intérieur du corps, appelés « marmas » : gros orteils, chevilles, mi-mollets, genoux, bas des cuisses, mi-cuisses, périnée, ventre, organes génitaux, nombril, coeur, gorge, langue, nez, yeux, troisième oeil entre les sourcils, front et sommet du crâne. On procède du bas vers le haut du corps, puis on revient vers le bas. Dans la tradition, les marmas sont considérés comme des points qui concentrent l'énergie et qui sont en relation avec différents organes. Un autre lien avec la pratique du sourire intérieur.
La pratique de la rotation des marmas
Placez-vous dans une posture assise confortable ou allongé en savasana. Pour se familiariser avec cette pratique qui demande beaucoup de concentration, on propose ici une version simplifiée, limitée à douze marmas : gros orteils, chevilles, mi-mollets, genoux, mi-cuisses, périnée, organes génitaux, nombril, coeur, gorge, troisième oeil et sommet du crâne.
Commencez par le gros orteil droit. Prenez conscience de ce marma en amenant le souffle et la conscience vers votre gros orteil et restez le temps de 2 respirations lentes et profondes, tout en gardant votre concentration sur l'orteil. Puis passez au marma suivant, toujours le temps de 2 respirations. Et ainsi de suite jusqu'au sommet du crâne, où vous restez concentré sur ce marma pendant 4 respirations, avant d'entamer le parcours descendant sur la partie gauche du corps, jusqu'au gros orteil.