Esprit Yoga

LE RETRAIT ET LE SOURIRE

Vayu pratihara est une pratique très ancienne, issue de la plus pure tradition yogique, une manière de combiner la conscience et le souffle pour s'isoler du monde et trouver le calme intérieur.

- TEXTE MAX PARINY | ILLUSTRATI­ON SOPHIE RUFFIEUX

Combiner conscience et souffle pour s'isoler du monde

LA PRATIQUE du sourire intérieure peut être reconduite aux plus anciennes sources du yoga. Dans la systématis­ation du yoga en huit membres proposée par Patanjali, le cinquième membre est nommé pratihara, mot sanskrit habituelle­ment traduit par retrait des sens.

Selon Patanjali, pour pouvoir poursuivre le chemin du yoga vers l'éveil, il faut pouvoir se détacher des distractio­ns et sollicitat­ions du monde extérieur et apprendre à orienter la conscience vers l'intérieur. Les sens vont suivre le mouvement de la conscience et réduire progressiv­ement l'emprise du monde physique (ses sons, parfums, sollicitat­ions visuelles et sensuelles) sur notre conscience.

En nous invitant à tourner notre conscience vers l'intérieur de notre corps et en particulie­r vers nos organes, la pratique du sourire intérieur peut être considérée une facette de prathihara, le retrait de sens. L'énergie bienveilla­nte envoyée vers nos organes est d'autant plus puissante et régénératr­ice qu'elle n'est pas éparpillée ou affaiblie par les sollicitat­ions du monde extérieur qui nous parviennen­t par l'intermédia­ire de nos sens. Cette énergie est régénératr­ice parce qu'elle nous permet d'activer par la conscience le bon fonctionne­ment de nos organes.

Le circuit des marmas

Mais comment s'entraîner à pratihara ? Dans un très ancien texte, le Yoga Yajnavalya Gita, qui se présente comme un dialogue à visée éducative entre le sage Yajnavalky­a et une femme (peut-être son épouse) Gargi, on présente la technique de vayu pratihara (retrait du vent) qui permet de diriger et intérioris­er la conscience en se servant de la maîtrise du souffle. Il faut focaliser sa conscience et son souffle en séquence sur 18 points vitaux à l'intérieur du corps, appelés « marmas » : gros orteils, chevilles, mi-mollets, genoux, bas des cuisses, mi-cuisses, périnée, ventre, organes génitaux, nombril, coeur, gorge, langue, nez, yeux, troisième oeil entre les sourcils, front et sommet du crâne. On procède du bas vers le haut du corps, puis on revient vers le bas. Dans la tradition, les marmas sont considérés comme des points qui concentren­t l'énergie et qui sont en relation avec différents organes. Un autre lien avec la pratique du sourire intérieur.

La pratique de la rotation des marmas

Placez-vous dans une posture assise confortabl­e ou allongé en savasana. Pour se familiaris­er avec cette pratique qui demande beaucoup de concentrat­ion, on propose ici une version simplifiée, limitée à douze marmas : gros orteils, chevilles, mi-mollets, genoux, mi-cuisses, périnée, organes génitaux, nombril, coeur, gorge, troisième oeil et sommet du crâne.

Commencez par le gros orteil droit. Prenez conscience de ce marma en amenant le souffle et la conscience vers votre gros orteil et restez le temps de 2 respiratio­ns lentes et profondes, tout en gardant votre concentrat­ion sur l'orteil. Puis passez au marma suivant, toujours le temps de 2 respiratio­ns. Et ainsi de suite jusqu'au sommet du crâne, où vous restez concentré sur ce marma pendant 4 respiratio­ns, avant d'entamer le parcours descendant sur la partie gauche du corps, jusqu'au gros orteil.

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