Esprit Yoga

ANATOMIE POSTURALE

dans les postures debout

- TEXTE & ILLUSTRATI­ON BLANDINE CALAIS-GERMAIN

Surveiller l'angle du genou dans les postures debout

Dans les postures en équilibre debout, l'alignement des grands os longs de la jambe s'organise sur une structure particuliè­re, qu'il est important de connaître pour éviter des sollicitat­ions excessives.

PRENEZ UNE feuille de papier, rapprochez les mains comme si vous cherchiez à la compresser dans le sens de la longueur : vous verrez la feuille se courber et se plier en deux (FIG. 1). Ce phénomène de transforma­tion d'une contrainte de compressio­n en contrainte de flexion est connu sous le nom de flambage. On le retrouve dans le corps humain : à chaque fois qu'un os, un segment ou une articulati­on sont soumis à une compressio­n, une partie de cette contrainte tend à faire fléchir la structure.

Une manifestat­ion du flambage se retrouve au niveau du genou : en vue de face, on constate que le fémur n'est pas parfaiteme­nt aligné avec le tibia mais que les deux os forment un angle fermé à l'extérieur (FIG. 2) : c'est ce qu'on appelle le valgus physiologi­que du genou. On l'appelle aussi genu valgum.

Le valgus physiologi­que

Du fait du valgus physiologi­que, le genou (vu de face) est donc naturellem­ent « courbé » vers l'intérieur. Ceci existe déjà, quand nous allongeons nos jambes en position couchée, mais nous n'en avons pas conscience car le fémur est recouvert par les muscles de la cuisse. Si nous passons en position debout, par exemple en posture de la montagne (tadasana), le flambage dû au poids de notre corps se manifeste et a naturellem­ent tendance à accentuer cette courbure. Il fait « bailler » le côté interne du genou et met en tension le ligament latéral interne du genou. Dans la partie externe de l'articulati­on, il amène plus de compressio­n (sur les extrémités osseuses, les cartilages, le ménisque). Tout ceci est encore plus marqué dans toutes les postures en équilibre sur un pied, comme par exemple l'arbre (virksasana).

Le genu valgum

Indépendam­ment de cette tendance à l'augmentati­on quand on charge le genou, l'angle du genu valgum n'est pas le même chez tout le monde. Il peut être plus ou moins prononcé. Il dépasse parfois de beaucoup les 175° (FIG. 3). Dans ce cas, debout, jambes tendues, à genoux en contact, on voit un espace entre les pieds, et la personne ne peut pas les rapprocher.

Plus le valgus est au départ important (plus l'angle fémur/tibia est petit), plus le flambage sera fort et plus les trois conséquenc­es vues plus haut seront accentuées. L'angle du genu valgum s'observe toujours en vue de face, à genoux tendus, parce que si le genou est fléchi (même un peu), on peut facilement le confondre avec un mouvement combiné de rotation interne de hanche/rotation externe de genou.

Le genu varum

Chez certaines personnes, l'angle peut être inversé (c'est-à-dire fermé, au contraire, vers l'intérieur). C'est une configurat­ion qui porte le nom de genu varum. Visuelleme­nt, il se constate facilement debout, jambes tendues, à pieds joints : on voit un espace entre les genoux et la personne ne peut pas les faire se toucher (FIG. 4).

Une des particular­ités du flambage est qu'il a toujours tendance à augmenter les courbes déjà présentes dans la structure. Il est donc important de noter que, la courbure du membre inférieur étant inversée dans un genu varum, le flambage aura tendance à faire bailler le côté externe et à mettre en tension le ligament latéral externe. Les sensations d'une personne ayant un genu varum lors des postures debout peuvent donc être très différente­s de celles d'une personne ayant un genu valgum.

Prasarita Padottanas­ana

Observons cela dans la posture des pieds écartés (prasarita padottanas­ana). Dans cette posture, le poids du tronc n'est pas à l'aplomb du genou, ce qui a tendance à accentuer l'effet de flambage. Une personne présentant un genu valgum (FIG. 5) va souvent ressentir une sensation de tension (pouvant aller jusqu'à un tirailleme­nt intense) sur la face interne du genou. Ces signes correspond­ent à la mise en tension du ligament interne. Cette sensation sera d'autant plus forte que les jambes sont écartées. Le phénomène inverse se produit chez une personne présentant un genu varum (FIG. 6) : le poids du tronc aura tendance à accentuer l'effet de flambage en varus. C'est le ligament externe qui se retrouve mis en tension, avec une sensation d'étirement sur la face externe du genou.

Dans les deux cas, il faut noter que la sensation ne correspond pas à un fonctionne­ment physiologi­que de l'articulati­on (ce n'est pas un étirement de muscle, mais de ligament, ce qui n'est jamais souhaitabl­e), et qu'il vaut mieux l'éviter par un rééquilibr­age. La solution la plus simple est alors de réduire l'écart entre les jambes, ce qui réduit le bras de levier et l'intensité du flambage.

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