TAPIS & DÉPENDANCES
Empathie vs technologie ?
L'EMPATHIE SERAIT-IL le nouveau superaliment à la mode ? Elle est dans toutes les bouches. Sur le lieu de travail, on demande par exemple aux managers d'en faire davantage preuve envers les membres de leurs équipes. À l'école, il se fait une place de choix. J'ai lu qu'au Danemark et en Belgique, des cours d'empathie étaient proposés dans des écoles primaires. Et, parce que les lectures rébarbatives ne me font pas peur, j'ai aussi découvert dans un rapport de l'agence régionale de santé que l'un des axes de développement de politique de santé en France visait à créer un « cadre de relation soignant-patient plus empathique ». Après lecture du rapport, je me suis dit que je devrais avoir peur : le personnel soignant ne saurait se mettre à ma place. Enfin, le terme d'empathie est aussi souvent entendu ou lu dans les propos que tiennent les partisans du véganisme quand ils évoquent le rapport que l'homme devrait entretenir avec l'animal.
On en est repu de l'empathie. Enfin, dans les discours surtout. Vous ne trouvez pas cela alarmant qu'on éprouve une telle faim d'empathie ? Avant que vous me répondiez, je reviens sur la définition du mot. L'empathie désigne la capacité de s'identifier à autrui, de ressentir ce qu'il ressent. Serions-nous devenus des monstres d'indifférence ? Nous aurions donc une carence en empathie et alors de sérieuses questions à se poser sur les notions de pouvoir, de collectif et d'humanité. Sur ce que nous sommes et faisons des autres. L'apprentissage de l'empathie se produit dans la relation à l'autre dans une salle de cours ouverte H24, 7/7, partout où l'on se trouve. L'empathie, c'est une offre d'accompagnement et d'engagement. Cette offre nous transforme. En découvrant ce que nous ne savons pas de l'autre, nous prenons conscience de tout ce que nous ne savons pas de nous-même. On apprend une forme d'attention plus exigeante.
Le constat est fait que la technologie nous change. Regardez la manière dont nous échangeons, notre rapport aux informations, nos attentes en terme de services. La technologie a transformé nos interactions sociales dans tous ces domaines. Certains avancent même que notre faculté à l'empathie décline du fait des technologies, notamment chez les plus jeunes. Ça me fait froid dans le dos. Et puis un OVNI passe dans le ciel. En marge du déploiement des caisses en libre-service, j'ai lu ce cas d'un supermarché aux Pays-bas qui instaurait une caisse dite « lente », où on pouvait bavarder avec le/la caissier.e le temps du paiement. J'ai souri.
La technologie n'est ni bonne ni mauvaise en soi. C'est ce qu'on choisit d'en faire qui compte vraiment. Sachons apprécier la qualité de toutes nos interactions du quotidien. Faire attention, accompagner et s'engager. Voilà le mantra.