INITIATIVES & ALTERNATIVES
Des tatouages contre le cancer
Dans son salon de tatouage, elle reçoit des femmes après leur mastectomie et dessine sur leur poitrine un mamelon plus que réaliste. Bien au-delà de la touche esthétique, ce nouveau sein ponctue un parcours douloureux pour des femmes amputées d'une partie d'elles-mêmes, à la reconquête de leur corps.
Biologiste, Alexia Cassar travaille depuis 15 ans dans le développement de nouvelles molécules contre le cancer quand elle découvre le travail de Vinnie Myers, un tatoueur de Baltimore, spécialisé dans les tétons réalistes. A cette époque, la jeune femme est touchée de près par la maladie car sa propre fille souffre d'une leucémie. Elle décide de mettre sa carrière scientifique de côté et de partir se former aux États-unis.
Reconstruire l’image de soi
On appelle «tatouage de reconstruction » cette technique non médicale, qui recrée la texture, le relief et la couleur du téton d’origine grâce au principe du trompe-l’oeil. Un savoir-faire unique, parfaitement adapté à l’épiderme des personnes ayant souffert d’un cancer du sein et de traitements invasifs. Alexia dessine d’abord l’emplacement du mamelon, la taille et la forme de l’aréole ainsi que les petits détails cutanés qui font l’identité intime. « Le cancer du sein est bien souvent considéré comme un cancer ‘'commun'' duquel on guérit la plupart du temps, or il a des conséquences parfois lourdes sur le plan social, conjugal et émotionnel ». Très vite, Alexia reçoit le soutien du réseau de santé qu'elle a tissé dans son travail. Du laboratoire au salon de tatouage, la professionnelle change de peau et « répare » des femmes mais aussi des hommes abîmés par les chirurgies successives.
Demain remboursé par la Sécu
Dans son Tattoo Shop, Alexia utilise une encre spécifiquement élaborée pour le tatouage artistique de reconstruction. Végane et « IRM safe », elle n’entrave pas la réalisation d’examens d’imagerie, ni leur interprétation par les médecins. L’artiste ne s’arrête pas là, «j'essaie actuellement de mettre en place des études cliniques afin de démontrer le bien-fondé de ce geste quand il est professionnalisé, pour permettre sa prise en charge dans le futur ». Aujourd'hui remboursé en partie, l'acte est déjà pris en charge intégralement par certaines mutuelles, conscientes de son intérêt essentiel à l'estime de soi et à la guérison. Alexia reçoit à Marly-la-ville près de Paris. Elle prépare une formation en France pour transmettre sa technique.