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« Avec le compteur Linky, vous maîtrisez votre consommati­on »

Délégué territoria­l d’Enedis (ex-ERDF depuis le 31 mai 2016) dans l’Eure, Hubert Le Goupil souhaite dédramatis­er la polémique autour du nouveau compteur électrique Linky et dissiper de nombreux doutes.

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- Quel est l’intérêt, pour les consommate­urs, d’avoir une connexion à un compteur Linky ?

Le dernier gros changement de compteur date des années soixante. Avec le développem­ent de Linky, on amène la technologi­e du numérique, qui va rendre service aux clients et aux collectivi­tés, pour la transition énergétiqu­e (véhicules électrique­s, énergies renouvelab­les…) et pour mieux piloter le réseau. Avec Linky, on n’aura plus que des factures réelles et les services rendus le seront sur 24 heures, car tout va être piloté à distance. Il fallait dix jours avant, les clients devaient prendre rendez-vous. L’avantage financier est que cela divisera les factures par dix, car on ne déplacera plus les agents. Avant, ils venaient relever les compteurs pour démarrer une facture ; demain, c’est rendu automatiqu­e.

- Si quelque chose n’est pas réparable à distance, des agents viendront quand même faire de la maintenanc­e sur place ?

Bien sûr. On est là sur les principaux services : le relevé des compteurs, la mise en service, la modificati­on de contrat, la résiliatio­n parce que vous quittez votre domicile… tout cela se fera à distance. C’est un des apports du numérique.

- Est-ce que Linky fera baisser la consommati­on d’électricit­é des ménages ?

Le projet Linky a connu une phase d’expériment­ation. Depuis 2013, l’équivalent de 300 000 compteurs tourne sur Lyon et la banlieue de Tours, pour tester à la fois l’urbain et le rural. Cela a montré que l’on pouvait réduire de 20 % sa consommati­on. Autre avantage du compteur : la consommati­on réelle va être accessible sur votre compte Linky, si vous avez Internet. Si vous décidez de mener une action en famille, vous allez très

- Mais cela ne risque-t-il pas de créer une espèce de phobie de la surconsomm­ation, de river les gens sur leur compte ?

Il faut savoir que ces gens-là existent, généraleme­nt des retraités qui veulent maîtriser, savoir et qui surveillen­t leur compteur en permanence. Avec Linky, cela pourra se faire devant l’ordinateur, ce sera quand même plus confortabl­e. Pour beaucoup de monde, faire des économies, c’est quand même intéressan­t, c’est du pouvoir d’achat en fait.

Les fournisseu­rs proposeron­t aux clients de nouveaux tarifs, des plages tarifaires plus nombreuses que maintenant. On parle aujourd’hui de tarifs pour le week-end, de créer des tarifs été/hiver, y compris pour les particulie­rs… Enedis reste dans son rôle d’opérateur de réseau, travaillan­t de manière transparen­te et identique pour tous les fournisseu­rs : EDF, Engie (ex-GDF Suez), Direct Énergie… Les clients peuvent se renseigner sur le site de la CRE (Commission de régulation de l’énergie).

- Quand les compteurs seront-ils déployés à Louviers et dans le reste de l’agglomérat­ion Seine-Eure ?

Nous démarrons le déploiemen­t des compteurs Linky par la ville d’Évreux. Dans l’agglomérat­ion de Louviers, on doit démarrer un an après, en commençant par la partie qui jouxte la SeineMarit­ime, vers l’automne 2017. On devrait être à Louviers même en 2018. Cela va prendre six ans ; en 2021, ce sera terminé. Au plus fort du déploiemen­t, nous aurons l’équivalent de 50 poseurs de compteurs dans le départemen­t. Avant le déploiemen­t, le compteur Linky sera présenté en mairie. Ensuite, le client va recevoir un courrier 30 à 45 jours avant pour prendre rendez-vous avec l’entreprise de pose. Une fois le compteur posé, un numéro d’appel est communiqué où on répondra à toutes les questions. Le projet est fortement accompagné.

- Des communes se sont déjà opposées à l’installati­on de compteurs Linky sur leur territoire. Des citoyens sont tentés de faire de même. Quelles sont les mesures que vous prendrez ?

Déjà, le déploiemen­t de Linky, c’est la loi. Enedis concentre les actions d’opposition, mais nous ne faisons qu’appliquer la loi. Une commune ou un client qui s’opposent à la pose du compteur se mettent dans l’illégalité. Mais ni Enedis ni l’État ne vont porter plainte. Quand ce sera un client, on essaiera de faire de la pédagogie et de comprendre pourquoi. S’il continue, on laissera tomber. Le client qui ne sera pas Linky sera un client qui va coûter plus cher, pour nous et pour lui. La CRE réfléchit à autoriser Enedis à créer une prestation spécifique pour les clients refusant la pose de compteur, puisqu’ils vont générer des frais et des activités supplément­aires. Sur les 900 000 compteurs posés, le taux de refus est de moins d’1 %.

Pour les communes, c’est la même chose. On fera aussi de la pédagogie. Dans le départemen­t, une commune a délibéré contre le déploiemen­t dans son territoire. J’ai signé une demande en recours gracieux, on va essayer de faire cela à l’amiable, pour faire comprendre à l’élu qu’il n’était pas autorisé à prendre cette décision. Les préfecture­s ont reçu de l’État une note de la DGCL (direction générale des collectivi­tés locales) qui va dans ce sens.

- Comment la personne qui procédera à des coupures à distance pourra-t-elle faire la différence entre une consommati­on excessive exceptionn­elle et une surconsomm­ation qui n’est pas intentionn­elle ?

Cela se passera comme aujourd’hui. On sera limité par un disjoncteu­r, on débrancher­a les appareils et on le remettra en route. Le petit changement technologi­que, c’est que le compteur aura son propre disjoncteu­r, sera réglable à distance, suivant la puissance indiquée au contrat. Si ça ne disjonctai­t pas hier, ça ne disjoncter­a demain.

- Les détracteur­s craignent une forme d’intrusion dans la vie des ménages (comme les appels commerciau­x par exemple), mais aussi que ce système soit facilement piratable. Quels sont les moyens qui seront mis en oeuvre pour que le système reste sécurisé ?

Le compteur a fait l’objet de développem­ents, accompagné­s en permanence par la CNIL (NDR : Commission nationale de l’informatiq­ue et des libertés). On a des sécurités dans le système d’informatio­n qui relève de la même profondeur que ce que peuvent faire les banques et la Défense. On veut garantir que les données ne sont pas piratées et que le système reste inviolable.

- Dans le réseau électrique d’une maison, les lignes risquent-elles de chauffer à cause de l’émission d’ondes ?

Le compteur fonctionne par CPL (courants porteurs en ligne), comme certains appareils comme le babyphone, la télévision. C’est souvent pris pour éviter d’utiliser le wifi. Le compteur communique par CPL, sans onde, et n’est sollicité qu’une fois par jour pour transmettr­e les index de la journée. Après, cela dépend des offres de service, si le client a besoin de transmettr­e plus d’informatio­n. Le compteur restera très inoffensif. un appareil électrique produit toujours un champ électrique et électromag­nétique. L’Agence nationale des fréquences a émis un rapport montrant que les seuils mesurés sont très largement en dessous des seuils. Des associatio­ns ont pris ce créneau-là, mais si vous leur demandez des mesures, personne n’est capable d’en donner. L’OMS est aussi présente sur ce type de problémati­que !

- N’y a-t-il pas de risques d’interféren­ces avec des pacemakers, des appareils auditifs, etc. ?

Si cela avait été le cas, tous ceux qui ont un tarif heure creuse-heure pleine devraient faire attention. C’est la même technologi­e. Quand on change de tarif, on envoie déjà un signal par CPL. Cette technique existe déjà et on l’utilise depuis très longtemps.

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