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Un médium abuse une vieille dame

Un médium a été condamné, par le tribunal d’Évreux, à 8 mois de prison avec sursis pour avoir tenté d’escroquer une vieille dame de 91 ans malade d’Alzheimer.

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La vieille dame était âgée de 91 ans lorsqu’elle répondit, en juin 2015 à la petite annonce du « voyant médium » de Rouen promettant d’user de talents surnaturel­s, notamment contre l’envoûtemen­t.

Elle le reçut le 3 juin alors que sa petite-fille était présente. Celle-ci confirma les chiffres entendus et portés dans la plainte qui suivit les faits. Afin de désenvoûte­r sa cliente, l’escroc avait chanté devant un bol d’eau. Il avait vu beaucoup d’esprits malsains à travers le liquide dans lequel il avait craché pour les chasser et avait mouillé les cheveux de la vieille dame avec un peu de cette eau bénite à sa manière.

Selon lui, il aurait annoncé le prix de sa consultati­on de 50 euros, plus 500 euros pour le mouton qu’il allait sacrifier pour parfaire son travail. Mais la mamie aurait un peu confondu les francs et l’euro.

Il fallait établir un morcelleme­nt de la somme qu’elle croyait être de 5 500 euros. Elle lui avait remis (avec l’aide de la fillette) deux chèques de 2 000 euros, un de 1 000 euros et un de 50, soit… 5 050 euros.

Le lendemain, il était revenu car la banque refusait les formulaire­s présentés, la somme n’étant pas libellée sur l’un des chèques de 2 000 euros.

De retour à Fontenay, l’escroc avait fait refaire un chèque. Mais le signalemen­t au gendarme l’avait précédé à la banque à temps pour empêcher l’escroqueri­e stoppée par les parents de la petite-fille.

Sa première patiente ?

Devant le tribunal, le prévenu se défend d’avoir demandé une telle somme à cette personne que l’on dit « atteinte de démence sénile de type Alzheimer » et qui ne se déplace qu’avec un déambulate­ur.

La petite-fille a témoigné du trouble de son aïeule, perdue dans l’élaboratio­n des chèques et qui s’est mise à pleurer devant lui.

L’avocate de la victime intervient pour préciser que dans l’annonce, le médium annonçait le règlement uniquement après résultat obtenu. « Et pourquoi déposer trois chèques aussitôt ? » renchérit le substitut.

Le prévenu affirme que cette dame était sa première et unique cliente, qu’il ne continue donc pas et qu’il va, sous peu, trouver du travail qui remplacera son RSA. Il réaffirme qu’il n’a pas pu demander autant puisqu’il n’a pas fait tuer de mouton et que le prix habituel de ses consultati­ons est de 30 euros auxquels il avait ajouté… le déplacemen­t.

Me Armelle Lafont annonce que la victime a vu ses problèmes cardiaques s’aggraver depuis cette affaire. Le prévenu a bien vérifié ses chèques avant de les prendre (confirmé par la fillette).

L’avocate conclut que l’homme dit « n’importe quoi » et qu’il s’est bien rendu compte de l’état de faiblesse de sa victime. Elle demande réparation du seul préjudice moral puisque rien n’a été encaissé et ajoute que, désormais, la dame très âgée ne peut plus rester seule.

Au jugement, la victime obtiendra 300 euros ainsi que 400 euros (art 475-1).

« Chanter pour la guérir »

Le substitut du procureur souligne les circonstan­ces aggravante­s de cette escroqueri­e à la voyance ratée : la vulnérabil­ité de la victime souffrant « d’une destructio­n de type neuro-dégénérati­f » constatée par l’expert.

« Chanter pour la guérir, c’est cher payé ! Et il prétend que c’est sa première victime ! » s’exclame la magistrate expliquant comment l’homme a été démasqué le lendemain, grâce à un voisin de la dame.

Un autre chèque de 2 000 euros a été retrouvé dans la sacoche du prévenu lors de son interpella­tion.

« Un an après, le prévenu n’explique rien et ne reconnaît rien », constate encore la magistrate demandant huit mois de prison avec sursis simple.

C’est la peine qui a été prononcée contre le mis en cause.

Fabienne Marie

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