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« On n’est pas là pour détruire le métier des apiculteur­s »

- T.G.

L’utilisatio­n des pesticides est souvent pointée du doigt lorsqu’on évoque la préservati­on de l’environnem­ent ou la disparitio­n des insectes pollinisat­eurs. Administra­teur de la FNSEA (syndicat d’agriculteu­rs) et de l’AGMP (Associatio­n Générale des Producteur­s de Maïs), Jean-Pierre Manchon veut tordre le cou à l’idée selon laquelle les agriculteu­rs sont des pollueurs. Pour lui, parler de pesticides est un abus de langage. « Nous utilisons des produits pharmaceut­iques », précise-t-il. Et ils sont toujours « homologués » par les services sanitaires.

Éviter l’insecticid­e

Les agriculteu­rs doivent respecter des règles très strictes. Ils se donnent même des lignes de conduite. « Quand nous savons que des ruches ne sont pas loin, on attend que les abeilles soient rentrées, sinon on ne traite pas », assure Jean-Pierre Manchon. « On fait attention, on n’est pas là pour détruire le métier des apiculteur­s. Et quand ils nous donnent des informatio­ns, nous faisons encore plus attention. »

Quant à l’utilisatio­n des néonicotin­oïdes, ils ne s’utilisent pas de la même façon que n’importe quel insecticid­e, précise-t-il : « C’est du traitement de semence. C’est interdit sur le maïs, pas sur le blé et l’orge. C’est un produit qui évite de mettre de l’insecticid­e ; il protège la levée pendant quatre semaines », ce qui correspond au délai de rémanence. « Nous semons les graines à partir du 10 octobre en général, car il y a moins, voire pas de pollinisat­eurs à cette époque. »

La moitié des doses

Comme une majorité d’agriculteu­rs aujourd’hui, Jean-Pierre Manchon travaille sur le principe de l’agricultur­e raisonnée, qu’il résume ainsi : « On n’intervient que quand les symptômes d’une maladie se manifesten­t. » Et ces médication­s sont soigneusem­ent contrôlées par la Chambre d’Agricultur­e, les coopérativ­es et les conseiller­s techniques, qui « informent de l’évolution des maladies » et des « produits que nous pouvons utiliser, avec les doses précises ».

Préférant en éviter l’utilisatio­n, Jean-Pierre Manchon réduit même les doses de moitié : « Ça suffit. Mais si l’on observe le développem­ent d’une maladie, il ne faut pas attendre huit jours pour traiter, sinon on a tendance à forcer la dose. » Les écarts sont extrêmemen­t rares, car les services sanitaires veillent toujours. « Ils font attention à ce que les produits ne restent pas dans les végétaux. »

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Jean-Pierre Manchon.

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