La nuit des casseurs
Des abribus saccagés, des véhicules et des poubelles incendiés, des pompiers et des policiers caillassés. À La Madeleine, la nuit du 13 au 14 juillet a été plutôt « chaude », avec une cinquantaine de trublions qui ont semé le désordre…
« On ne peut pas tolérer qu’une forme de communautarisme s’installe dans notre ville. La Madeleine, ce n’est pas une banlieue, mais un quartier à part entière d’Évreux. Pas question qu’une bande y fasse la loi ! » Adjoint à la sécurité, Nicolas GavardGongallud n’a pas de mots assez durs pour fustiger l’attitude d’une cinquantaine d’éléments incontrôlés qui, dans la nuit du 13 au 14 juillet, ont semé le trouble à La Madeleine…
« Une embuscade »
La veille, déjà, un tir de mortier sur un véhicule de la police municipale avait alerté les autorités.
« Aussi, pour encadrer le feu d’artifice tiré sur le stade Rocher-Rochard, nous avons dépêché une trentaine d’agents du service sécurité de la ville. Vingt policiers nationaux étaient également sur place » détaille l’élu, luimême présent sur le site pour veiller au filtrage du public.
« Bien sûr, il y a eu quelques signes de mauvaise humeur au moment du passage au scanner. Mais rétrospectivement, quand on voit ce qui s’est passé à Nice, une telle mesure ne semble pas superflue. » Bref, dans l’ensemble, la soirée se déroulait plutôt bien quand Nicolas Gavard-Gongallud a été avisé, vers 23h15, de plusieurs feux de poubelles, à La Madeleine.
Alertés, les pompiers se rendent rapidement sur les lieux… où les attendent des jets de cailloux !
Lors des interventions suivantes - car les départs de feux se multiplient, notamment rue de Rugby et rue Molière - les secours sont accompagnés par les policiers. Qui, à leur tour, essuient des jets de mortiers, de pétards et de bouteilles.
« La motivation des casseurs, dont les plus jeunes ont 12 ans, était d’attirer les pompiers dans une embuscade » suggère l’adjoint.
La Ville porte plainte
Pendant de longues heures, la bande - parfois éclatée en petits groupes -, va multiplier les dégradations : cinq abribus détruits, deux voitures calcinées, dont une appartenant à la Régie de Quartier.
« On suivait leurs déplacements et leurs exactions sur les caméras de surveillance de la Ville. Ils jouaient au chat et à la souris avec la police. » Mais pas seulement. Au milieu de la nuit, les jeunes vont directement s’attaquer au commissariat et tenter de forcer les grilles. En vain.
Finalement, il faudra le renfort de 57 CRS pour rétablir le calme. Il est alors quatre heures trente du matin.
« La nuit suivante, un escadron de gendarmes mobiles, soit 52 individus, a stationné sur place. Mais il est assez pathétique qu’on doive concentrer les forces de l’ordre sur un seul quartier » déplore Nicolas Gavard-Gongallud, bien décidé à ne pas en rester là. « La Ville se veut très ferme sur le sujet. D’ailleurs, elle a déjà porté plainte pour destruction de matériel urbain. »
Trois policiers blessés
La police, de son côté, a procédé à une interpellation.
Elle concerne le plus âgé de la bande, un homme de 29 ans placé sous tutelle et surpris, en flagrant délit, à détériorer un abribus. Placé en garde à vue, il a reconnu les faits.
« Par ailleurs, trois policiers ont été blessés, victimes de brûlures au 2e degré aux jambes et au thorax. Ils ont eu 4, 9 et 10 jours d’ITT » confie une source proche du dossier. Qui n’a pas souvenir d’une telle nuit d’agitation à La Madeleine, même un 14 juillet… A.G.