50 ans dans les bagages
Anniversaire des vacances solidaires
Combien d’Ébroïciens ont à ce jour profité du domaine de Chadenas ? Des centaines, peutêtre des milliers. Impossible de le dire car à l’époque où ce rêve fou prend vie, l’informatique n’existe pas. Il existe seulement la volonté féroce d’un groupe de militants d’organiser « des vacances pour tous ». 30 ans après la loi sur les congés payés, Michel Leroux, Gérard Desprez ou encore Philippe Bordier font l’amer constat qu’un jeune sur deux du quartier de Nétreville ne partira pas en vacances. En 1966, ils créent l’association populaire et familiale de la région d’Evreux et se mettent en quête d’un lieu.
Une ruine
Comme dans toutes les belles aventures, la chance est de la partie. Un ami, responsable syndical, nommé dans le village d’Embrun dans les Hautes-Alpes, leur parle d’un terrain en vente au bord du lac de Serre-Ponçon. « C’était une ancienne ferme », détaille Philippe Bordier, l’un des membres fondateurs en tenant à la main une photo de « la ruine ». Une administratrice de la CAF consent à un prêt relais et Pierre Pelcerf, directeur Jeunesse et Sports dans l’Eure, leur trouve une subven- tion. À cette époque de la fin des années 60, la France est en ébullition. « C’est l’époque de l’éducation populaire, des maisons de la culture » rappelle Simone Vincent, une fidèle vacancière, devenue membre du bureau. Les carcans tombent, on veut briser les différences sociales.
Au bord du lac, au pied des montagnes
En 1971, c’est le premier camp-chantier. « Pendant cinq ans des jeunes de toute la région ont restauré Le Chadenas, c’est un adhérent qui a fait office d’architecte » se souvient Philippe Bordier. Le domaine peut ouvrir ses portes en 1975. Son état d’esprit, ses tarifs préférentiels et son emplacement exceptionnel entre lac et montagne assurent son succès.
Un nouveau lieu ?
Et le monde change, le Chadenas évolue. Aujourd’hui, il s’est agrandi et possède 220 lits, sans oublier le camping. Il y a une piscine, un jacuzzi, un hammam. « C’est l’équivalent d’un trois étoiles » note Philippe Bordier. En 2015, le Chadenas a enregistré 35 000 nuitées ! Toute l’année, il continue à accueillir des classes, des groupes et des touristes lambda. La volonté de l’association a toujours été de s’intégrer dans le paysage local. Cinq personnes du cru y travaillent toute l’année et tous les employés touchent une prime d’intéressement. C’est ça aussi l’économie sociale et solidaire.
Pour ses 50 ans, l’association continue à réfléchir à son évolution et aimerait acquérir un autre lieu, notamment en Normandie.