Les Abattoirs changent de main
Longtemps salariée aux Abattoirs de volailles à Nétreville (*), Erika Moulet passe de l’autre côté de la barrière et prend en main les rênes de l’entreprise ébroïcienne…
« J’ai investi dans ces abattoirs de volailles, car j’étais jeune à l’époque. Mais aujourd’hui, je ne recommencerai plus. » Dans son bureau, zone industrielle de Nétreville, le téléphone n’arrête pas de sonner, signe d’une intense activité qui pousse, en partie, Dominique Meslière à céder son entreprise.
« À 53 ans, je n’ai plus le même enthousiasme pour faire face à toutes les sollicitations et contraintes administratives. Entre les contrôles sanitaires et les PV de traçabilité, ça n’arrête pas » détaille l’agriculteur de Saint-Aubin-desHayes, actif sur plusieurs fronts : l’exploitation de ses terres (70 hectares de blé, colza, avoine, lin), l’élevage des poules pondeuses et les marchés de Vernon, Évreux et La Madeleine.
« Un sacré défi »
À l’heure de passer le témoin, M. Meslière se souvient de l’époque où il s’était lancé dans la grande aventure, rachetant les bâtiments qu’occupait Paindor.
« J’ai ouvert en 2001 pour répondre, entre autres, à la demande de la clientèle croisée sur les marchés. Elle me demandait de tuer du poulet. » Et la demande va exploser, avec des semaines à 1 500 volailles. « Cela m’a permis de développer l’entreprise et d’embaucher deux personnes. »
Mais au fil du temps, les marges allaient diminuer et l’ambition s’éroder. Jusqu’au ras-le-bol final.
Du coup, c’est Erika Moulet qui reprend le flambeau. « C’est vrai, c’est un sacré défi. Mais comme je suis d’un naturel ambitieux, j’espère, dès la première année, doubler le chiffre d’affaires pour passer à 300 000 euros » confesse la jeune femme.
À 34 ans, elle franchit donc le Rubicon, forte d’une solide expérience dans le domaine de la comptabilité et de la gestion.
Cinq ans de patience
Mais avant de pouvoir pendre la crémaillère, Mlle Moulet a dû, de son propre aveu, livrer un véritable parcours du combattant.
« Pour être crédible auprès de la banque, il m’a fallu obtenir pas mal de garanties d’État. » Le temps de concrétiser ses espoirs, cinq (longues) années se sont écoulées durant lesquelles elle a été accompagnée par Haute Normandie Active, le BGE et Initiative Eure.
Pour autant, la « patronne » ne met pas les pieds en territoire inconnu, puisqu’elle a longtemps officié au sein des Abattoirs de volailles. « Tout en continuant à m’approvisionner auprès des producteurs locaux, je voudrais mettre l’accent sur le développement et le marketing. » En somme, offrir davantage de visibilité à l’entreprise.
Car à ce jour, les particuliers représentent 80 % du chiffre d’affaire, un CA consolidé au gré des quelque 1 500 têtes abattues chaque semaine, essentiellement des poulets. « Mais aujourd’hui, je souhaite diversifier l’offre (canards, canettes, poulardes, chapons, dindes, pintades, etc.) et décrocher de nouveaux contrats auprès des professionnels (restaurateurs, bouchers, rôtisseurs) ou des cantines d’entreprise ou scolaires »
Le challenge est séduisant. À charge pour Erika et ses trois salariés de le relever… (*) Rue Alfred-Nobel, Évreux Nétreville. Tel : 06 63 65 03 24