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Un quartier sous le choc

Double meurtre à Nétreville

- Charles Giovacchin­i avec Marion Bouchalais

Le drame s’est joué à deux pas du centre commercial des Peupliers, rue Christophe-Colomb, dans la cage d’escalier d’un immeuble du quartier de Nétreville.

Comme tous les dimanches matin, Mahmut Kizilaslan, l’un des premiers membres de la communauté turque à s’être installé à Évreux en 1972, s’était levé aux aurores pour assister à la prière de 7 heures à la mosquée. Après un café, il repasse chez lui pour aller chercher sa femme, Fadime, 66 ans, et sa fille pour se rendre au marché de La Madeleine.

« Elle avait déjà porté plainte »

Depuis le mois de juillet, Hediye, 45 ans, est revenue vivre chez ses parents. Cette mère de trois enfants est en instance de séparation, mais cela se passe mal.

« Elle avait déjà porté plainte parce qu’il l’avait menacé » croit savoir l’un de ses cousins. La semaine précédente, son mari, Süleyman, était déjà venu à Évreux pour la convaincre de revenir avec lui en Belgique où s’était installé le couple peu après son mariage au début des années 90. En vain.

Ce dimanche matin, c’est avec une arme de poing qu’il est venu la trouver sur le palier de leur appartemen­t du rez-dechaussée de l’immeuble Flandre, aux alentours de 9 heures du matin.

Le tireur présumé, âgé de 46 ans, aurait d’abord abattu son ex-compagne, puis sa bellemère, avant de toucher son exbeau-père au bras et à la jambe. Mahmut Kizilaslan, 70 ans, a été conduit à l’hôpital d’Evreux où il a dû être opéré.

Deux enfants, réfugiés dans l’appartemen­t, auraient assisté au drame. Sortis indemnes de ce double meurtre, ils ont été évacués par les forces de l’ordre dès leur arrivée sur les lieux.

Dans le même temps, le suspect aurait quitté l’appartemen­t et rejoint une supérette située à proximité. Là, il a demandé un téléphone et a lui-même appelé la police pour dénoncer son acte. Interpellé dès l’arrivée des forces de l’ordre, il a été placé en garde à vue.

La communauté turque sous le choc

Une heure après le drame, de très nombreux membres de la communauté turque de la ville attendaien­t des nouvelles devant l’immeuble. Les femmes en pleurs d’un côté, les hommes de l’autre, ils ont longtemps patienté, en silence, devant la cage d’escalier occultée par les policiers. « C’était une famille tranquille, des gens très gentils » témoigne une voisine qui, dit-elle, n’a « rien entendu ce matin ».

« Mon oncle et ma tante sont connus, tout le monde est choqué dans le quartier » constate Ceylan Kizilaslan, leur neveu qui a reçu de nombreux témoignage­s de soutien. Il décrit une famille généreuse qui partait en voiture dans les campagnes turques distribuer stylos et vêtements.

Une famille déchirée

Pour eux le drame est double : les deux mariés étaient cousins germains, « nous, on est au milieu ».

Ceylan Kizilaslan est encore sous le choc de la mort de sa cousine et de sa tante, dont les corps seront rapatriés en Turquie après autopsie pour y être enterrés. Il devra aussi, avec le reste de sa famille, s’occuper de son oncle âgé à sa sortie de l’hôpital.

Mais parallèlem­ent, il soutient aussi son cousin Süleyman, toujours en garde à vue lundi

fin d’après-midi : « C’est quelqu’un de sociable qui travaillai­t dans le BTP, quelqu’un de gentil, à mon avis il est venu discuter et il a pété les plombs en 5 secondes ». Ce n’est visiblemen­t pas l’avis du Parquet d’Évreux qui a ouvert une enquête pour assassinat et tentative d’assassinat.

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Le double meurtre a eu lieu dans l’une des cages d’escalier de l’immeuble Flandre à Nétreville.

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