La colère monte
Malgré une bonne entame et vingt minutes de domination, les basketteurs d’Evreux ont progressivement lâché prise durant la seconde période, et pris l’eau et la foudre dans le final. L’inquiétude grandit.
Le grand écart. Dire qu’en juin dernier, l’ALM était en finale des play-offs et lorgnait vers la Pro A… Et que pile six mois plus tard, elle flirte avec la zone de relégation en Nationale 1.
Qu’a-t-il pu se passer en si peu de temps pour que le bel édifice progressivement reconstruit durant huit saisons par Rémy Valin et porté au sommet de la division l’an dernier avec Laurent Pluvy, soit aujourd’hui menacé de s’effondrer et tutoie davantage les lattes du parquet que le dessus du cercle ? Plein de choses, forcément.
À commencer, et on ne le dira jamais assez, par le peu d’envie de disputer réellement la montée en juin dernier, le club et la Ville fêtant le double revers devant Le Portel en finale presque comme un soulagement. La peur de ne pas avoir un budget suffisant pour l’élite, la certitude de voir partir Laurent Pluvy dès le mois de mars, le confort de la Pro B où l’ALM végète depuis maintenant 15 ans, suffisaient au bonheur des décideurs.
Seulement voilà : le sport, même professionnel, n’est pas de l’épicerie fine. Et quand on peut monter d’un échelon, il ne faut pas bouder son plaisir et tricher avec ses supporters. Sinon, le retour de bâton peut être violent. Il l’est actuellement.
C’est davantage en perdant de nombreux joueurs cadres à l’intersaison qu’en faisant venir Laurent Sciarra que l’ALM s’est mise en difficulté.
Il manque un patron
Le départ catastrophique de Guillaume Costentin, quoi qu’en disent le coach et les dirigeants, est certainement l’épicentre des ennuis actuels. Car l’ALM a perdu à la fois son expérience de la Pro B et sa science du jeu, du charisme aussi, mais aussi un capitaine qui tenait le vestiaire tout en n’hésitant pas à exprimer ses interrogations à son entraîneur. Et qu’on soit bien clair : ce constat ne vise en rien l’irréprochable Samir Mekdad, qui défend fort et privilégie le collectif voulu par son coach.
On ne pourra jamais affirmer qu’avec Guillaume Costentin, l’ALM aurait gagné vendredi soir dernier à Lille. Mais on peut avancer qu’elle n’en serait pas à quatre défaites de rang à domicile (Bourg en Leaders Cup, puis Charleville, Blois et Le Havre) et en championnat également sans qu’il ne se passe quelque chose de fort et surtout de visible et de durable.
Lacunes et frustration
Si, à Lille, l’entame de l’ALM fut bonne (0-9 avec un Lamine Kanté qui va inscrire alors la majorité de ses 7 petits points), si l’avance d’Evreux fut même confortable (+ 14 à la 17e minute ; + 13 à la 22e), la suite fut du même acabit de poney de ce à quoi on assiste depuis trop longtemps. À savoir une défense poreuse à souhait (50 points encaissés en seconde période) ; une attaque qui ne répond plus (8 points dans le dernier quart, 22 en tout en deuxième mitemps !) ; une raquette très mal tenue (28 rebonds seulement contre 38 aux Lillois) avec deux pivots limités à trois (3 !) minuscules prises (1 pour Beye, 2 pour Anagonye, le nouvel arrivant) …
Ajoutez à cela l’énervement croissant et une fin de match sans un Rémi Dibo frustré (deux fautes techniques et une 6e faute disqualifiante entraînant le renvoi en tribunes d’un Laurent Sciarra déjà averti !) et vous aurez la pleine mesure de l’étendue des dégâts actuels.
C’est dans ce contexte pour le moins houleux et aucunement serein que l’ALM accueillera vendredi soir une formation de Boulazac qui, elle, remonte doucement mais sûrement la pente. Et qui vient d’aller cueillir chez eux les Roannais de Laurent Pluvy et Joe Burton, s’il vous plaît. Pas sûr du tout que les pronostics soient en faveur d’Evreux. Et pourtant la victoire est plus que jamais impérative si l’ALM veut d’éviter une vilaine crise de « foi » avant les fêtes.
Philippe Guinchard