Ils bradent leur commerce sur Le Bon Coin
Buralistes, papetier, restaurateurs, etc.
Ils se lèvent tous pour Le Bon Coin : vendeurs de poissons rouges, loueurs d’appart’, fans en quête de billets, personnes sans emploi et commerçants désireux de changer d’air !
Évreux n’échappe pas à la règle. Ainsi, depuis la mi-décembre, pas moins de douze propositions commerciales circulent sur le « premier site de petites annonces en France » comme dit la pub’.
« Avec les agences, zéro retour ! »
Pêle-mêle, on retrouve six bars-tabacs, deux magasins de fleurs, un salon de coiffure, une papeterie, une brasserie, une sandwicherie. Un véritable inventaire à la Prévert que le patron du Jean-Bart, à Nétreville, justifie par le fait « que les filières classiques, comme les agences ne donnent pas satisfaction ». Car à son tour, Alain Decruyenaere a succombé à la «Boncoinmania» pour vendre le commerce qu’il gère depuis neuf ans et demi. Impatient, à 60 ans, de goûter une retraite bien méritée.
« J’ai passé mon annonce début novembre. Et à ce jour, elle a été vue une centaine de fois. Comparativement, avec l’agence, j’avais eu zéro retour » précise le commerçant qui estime «son» Jean-Bart à 335 000 €, « prix à débattre », le montant du loyer avoisinant les 11 200 €/an.
Mais sur le marché, les places sont chères avec, on l’a vu, pas moins de six tabacs/presse enregistrés en ligne. « Les uns veulent réaliser une plus-value, les autres vendent pour raisons de santé ou parce qu’ils sont en difficulté financière ».
Casino sur les rangs
C’est sensiblement pour les mêmes raisons que Jacqueline Coussens a appelé, à la rescousse, Le Bon Coin. « Depuis la fermeture de l’agence Guy Hoquet, personne n’a repris le portefeuille des enseignes commerciales. Du coup, personne ne semble s’intéresser à notre situation, ni la CCI, ni les agents immobiliers. Avec eux, c’est pas de son, pas de lumière ! » déplore l’intéressée… avant de faire comme tout le monde (sic).
Mais bien sûr, elle a dû revoir ses ambitions à la baisse. «À une époque, j’aurais pu demander 200 000 € pour ma papeterie. Là, je suis descendue à 65 000 €, pour un loyer de 1 530 € ».
En l’espace de six mois, elle avoue quelques touches, mais rien de bien sérieux. Certes, une enseigne comme Casino s’est manifestée. « La surface convenait, mais les responsables estimaient qu’il n’y avait pas assez de passage, rue de Grenoble », un argument déjà avancé par le Salon de la Franchise auquel a participé Mme Coussens. « Hors rues Chartraine et du DocteurOursel, les professionnels du secteur considèrent qu’il n’y a pas d’avenir ».
La prochaine étape ? « Les réseaux sociaux » envisage notre interlocutrice, lasse de voguer de Charybde en Scylla… au point qu’elle a été conviée, par RTL, à narrer ses déboires. « Il s’agissait de débattre de la nonreprise des pas-de-porte en centre-ville. » Et dans la foulée, une personne se disait intéressée par la reprise de la papeterie, une personne du sérail. Affaire à suivre…
Zèbre à vendre
Le gérant du Zèbre a également «craqué» pour le site d’annonces en ligne, « gratuit et qui marche bien ».
Car comme ses collègues ébroïciens, Guillaume Roedel qui devrait reprendre une affaire sur Évreux - est passé par le canal classique des agences immobilières.
« Mais elles ne font pas leur boulot, elles vivent sur leurs acquis. Il y a trois ans, je voulais déjà vendre mon établissement. Et bien, je n’ai eu en tout et pour tout, qu’une seule visite » regrette le restaurateur avant de pointer du doigt un facteur aggravant : « Les agences ont tendance à surfacturer les produits ».
Ainsi, avaient-elles mis en vente Le Zèbre à 200 000 € alors que Guillaume Roedel le propose à… 149 000 € sur Le Bon Coin. « Relation de cause à effet ? Depuis un mois, j’ai pas mal de touches. Je ne suis pas inquiet, mon restaurant sera vendu d’ici peu » Merci Le Bon Coin…