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Une vieille dame ruinée par sa voisine

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« Elle disait oui à tout ce que je voulais », insiste la prévenue âgée de 38 ans et domiciliée à Saint-Aquilin-de-Pacy. On lui reproche d’avoir ruiné le compte bancaire de sa voisine âgée actuelleme­nt de 91 ans. Durant l’année 2012 et jusqu’à la fin de septembre 2016, rien n’avait transpiré sur l’abus de confiance commis par Jessica Fringard. C’est un appel de la banque au fils de l’octogénair­e qui donna l’alerte sur un compte débiteur de 700 €. On estima que 50 000 € avaient été prélevés un peu trop rapidement alors que la pension de Denise L. n’est que de 1 300 € mensuels. Sans pouvoir attribuer ces dépenses à la vieille dame, on retrouva 548 € de transactio­ns sur Internet, 6 136 € de retrait en carte bancaire, 4 020 € au distribute­ur de billets, 31 620 € ainsi que 510 € sur virements au profit de la voisine qui avait une procuratio­n et avait aussi réglé 1 560 € (à l’agence gérant son emprunt de constructi­on). Le tout ayant été emprunté (terrain et constructi­on) pour 250 000 €, selon la prévenue qui indique le montant du remboursem­ent mensuel : « 1 100 € et des brouettes ».

Des antécédent­s… parlants

Très rapidement, la mère de famille (trois enfants) qui avait « fait construire pendant l’affaire », offrit de rembourser 40 000 €.

« En moins de 48 heures ! » aurait demandé le fils de la victime, mettant la voisine dans l’impossibil­ité de tenir sa promesse. Mais c’était surtout une manière d’avouer estima le plaignant portant plainte pour sa mère.

« Elle brûlait les relevés bancaires pour que son fils ne les voie pas… », prétend la prévenue qui nie tout : « Elle me faisait des signes de reconnaiss­ance pour me remercier et donnait de l’argent spontanéme­nt. Elle me donnait des chèques pour cela ! »

La présidente Marie-Christine Devidal reste dubitative sur cette « spontanéit­é » prétendue car la victime, atteinte de cécité, ne pouvait plus se déplacer pour ses affaires alors que, selon la prévenue, elle l’emmenait partout, dans les magasins et les restaurant­s.

Reste que 43 000 € sont inexpliqué­s et que la « carte de visite » de Jessica porte des mentions pour contrefaço­ns de chèques, faux et usage, pour antécédent­s judiciaire­s. Alors, elle se dit « fragile » pour tenter une explicatio­n.

« Pas tant que cela ! », rétorque la présidente qui constate : « C’est un dossier malheureus­ement assez classique… ».

Comme le plus souvent, le conjoint ignorait tout des détourneme­nts permettant de régler les dettes.

L’aveu mal interprété

Il n’y a pas de partie civile mais la procureure Florence Lardet résume : « Elle a pris cette dame pour une vache à lait. C’est un abus manifeste dont elle était consciente puisqu’elle était déjà condamnée pour des atteintes aux biens ». Le réquisitoi­re demande de « sécuriser » par une partie ferme de prison car la voisine aurait dû alerter le fils si elle avait constaté une débauche des cadeaux qui lui étaient faits. La peine mixte de prison devra être de deux ans avec une part de mise à l’épreuve sur deux ans.

Me Jean-Christophe Garidou plaide en défense que « rembourser c’était une forme d’aveu mal interprété­e » et que d’avoir rendu service avec une procuratio­n en règle ne peut constituer une preuve de culpabilit­é officielle, faute de prouver l’utilisatio­n de ces fonds à titre personnel uniquement.

L’avocat ne peut que demander la relaxe de sa cliente, par conséquent.

Le tribunal ne l’entendra que sur une réduction de la peine totale prononcée : un an de prison dont la moitié avec sursis et 1 000 € d’amende.

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