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Tué par l’écroulemen­t d’un escalier

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Cet escalier trop fraîchemen­t terminé devait relier l’étage du bâtiment loué. Igor avait aidé son copain ukrainien à décoffrer l’édifice et il est mort, le 20 novembre 2014 à 11h30, sous l’amas de mauvais béton que l’on n’avait pas laissé durcir.

Le « coup de main » mortel

Yuriy Matviychuk (37 ans), natif d’Ukraine, s’est installé à Oulins (près d’Anet) comme horticulte­ur paysagiste. Marié et père de famille, il reçoit souvent son ami Igor Velgus qui, lorsqu’il convoie des véhicules de la France vers sa patrie, séjourne chez lui, dans l’Eureet-Loir. L’artisan avait loué le premier étage d’un bâtiment à La Couture-Boussey et il fallait, pour l’atteindre, et y installer son bureau, construire un escalier extérieur, la partie occupée par le propriétai­re étant le plus souvent sous alarme.

Avec un « mode d’emploi » trouvé sur Internet (selon l’explicatio­n du prévenu), l’horticulte­ur profita de la présence de son compatriot­e pour se transforme­r en maçon amateur. Le week-end avait vu la fin du petit chantier. Il suffisait de décoffrer et d’installer une rambarde pour sécuriser la montée à l’étage.

Igor se trouvait sous l’escalier lorsque le simple poids de son camarade fit effondrer l’escalier qui aurait dû rester quatre semaines impraticab­le. Yuriy resta accroché au-dessus du vide et put tenter de secourir Igor. En vain, la mort l’avait emporté sous le poids du béton, par « écrasement » (selon l’autopsie). La victime portait une tenue de travail, mais selon le prévenu, son ami n’a jamais travaillé pour lui. Le propriétai­re confirma ne l’avoir jamais vu. Quant à l’expertise de l’édifice écroulé, il fut avéré sa « faiblesse » due à de « nombreux défauts » mais aussi au délai oublié du durcisseme­nt (28 jours).

Igor n’avait aidé que pour couler le béton. Juste un « coup de main » insiste l’artisan.

Le corps de l’ami rapatrié

La représenta­nte du ministère public confirme son point de vue : la constructi­on n’était pas conforme et trop fraîche. Elle dénonce de « grosses fautes d’imprudence » car, dit-elle, le prévenu aurait dû connaître le risque encouru. Car quiconque aurait emprunté cet escalier, eut été en danger. Le substitut émet quelques allusions au respect du Code du Travail (obligation­s de casque, vêtements, etc.) ainsi qu’au « trop peu de compétence de l’apprenti-architecte ». Elle requiert la prison avec sursis.

Il n’y a pas de partie civile car le prévenu a ramené le corps de son ami en Ukraine et il a aidé sa famille et sa veuve.

Son défenseur assure que l’artisan est déjà terribleme­nt sanctionné par la mort de son ami. On ne doit pas, dit l’avocat, évoquer une faute, une volonté de passer outre sur les précaution­s de constructi­on. Il a emprunté 4 000 euros pour remettre à la famille ukrainienn­e d’Igor. Elle a tout compris de son drame et ne lui reproche rien, assure la défense, notant au passage, que son client n’a pas d’antécédent­s en France comme en Ukraine.

La peine sera de six mois de prison avec sursis.

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