Le conducteur perd les pédales

Avec une dizaine de mentions à son casier judiciaire pour conduite en état d’ivresse, Ludovic Beaufils, 45 ans, demeurant à Evreux ne se déplace qu’en voiturette. Et, bien souvent, il ne peut se mettre au volant sans avoir consommé quelques bières.

Le 5 décembre, il est contrôlé positif avec 1,06 mg. Deux jours plus tard, convoqué au tribunal pour sa « mauvaise conduite », il ne se présente pas et préfère fêter l’anniversaire d’un ami ( ce qui l’empêche de savoir qu’il en a pris pour 6 mois de prison ferme ). Vers 23 heures, il décide de rentrer chez lui et… percute l’arrière d’une voiture dont le conducteur alerte les forces de l’ordre.

Bientôt repérée, rue Pierre Seymard, la voiturette doit bientôt s’arrêter face à un véhicule tout gyrophare dehors. Un policier s’approche alors et la voiture sans permis redémarre menaçant d’écraser le fonctionnaire qui met heureusement un terme à la manoeuvre en tapant sur la carrosserie. L’interpellation est ensuite houleuse puisque Ludovic Beaufils, allergique aux menottes, doit être maîtrisé.

Cette fois, le taux d’alcoolémie est de 1,07 mg. Quant au policier, il souffre de douleurs à la main droite et doit se faire soigner à l’hôpital.

Placé sous mandat de dépôt, c’est dûment encadré, que le prévenu se présente au tribunal. Cette fois, il sait que le temps n’est plus à la fête.

« Après avoir vécu un an comme SDF, j’ai trouvé un appartement voici maintenant cinq mois. Je ne voulais pas le perdre » explique-t-il pour justifier son absence à l’audience du tribunal du 7 décembre.

Pourquoi a-t-il redémarré ? Là, la réponse est simple : « J’ai perdu les pédales et appuyé sur l’accélérateur ».

L’extrait de l’audition suivant l’interpellation est édifiant car à la question

« Conduisez-vous toujours alcoolisé ? », le prévenu répond benoîtement : « Depuis le début de la semaine, oui. Mais, pas toujours… ».

Bien évidemment, l’avocat du policier blessé ne croit pas à l’histoire de perte de pédales car « quand on est arrêté, on n’a plus les pieds sur les pédales ! »

Enfin, l’avocat de la défense pense de son côté que le cas de son client mélangeant l’abandon, l’alcool et la maladie est « un problème de société ».

Placé sous mandat de dépôt, Ludovic Beaufils a été condamné à 18 mois de prison dont 9 avec sursis ( mise à l’épreuve de 3 ans ). Il devra suivre des soins en addictologie et est soumis à une interdiction de conduite de véhicule à moteur pendant 5 ans. La voiturette est, dans cette optique, confisquée. Enfin, il versera 200 euros de dommages et intérêts au policier ainsi que 350 euros pour frais de justice.