Art et culture au lycée
Pour la 3e année consécutive, quatre classes du lycée horticole d’Évreux ont participé à un projet artistique encadré par Philippe François, artiste sérigraphe.
C’est dans le cadre d’un projet cofinancé par la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC), la Direction Régionale de l’Agriculture et de la Forêt (DRAF), le lycée et le CFA, que l’artiste sérigraphe Philippe François intervient depuis trois ans auprès des élèves et apprentis du lycée Horti-Pôle d’Évreux.
Kontakt-Sérigraphie
Installé dans l’Orne, Philippe François a créé Kontakt-Sérigraphie en 2007 avec sa compagne Claire Poudret. Leur association intervient sur trois axes principaux : la formation professionnelle, l’action culturelle et artistique et la réalisation de projets d’artistes. Habitués à différents champs d’intervention, leur public est aussi très varié alternant à la fois le milieu scolaire et spécialisé, le milieu carcéral et hospitalier. L’association a également mis en place un atelier de sérigraphie mobile permettant de mener différents projets pédagogiques, notamment en zone rurale.
Ainsi, c’est au volant de son atelier mobile que, courant février et mars, Philippe François est intervenu durant 100 heures pour un stage de pratique artistique en sérigraphie auprès de la classe de DIMA et des classes de Terminale du CFA et du lycée horticole.
Coordinateur du projet, Bruno Levitre, professeur d’éducation socioculturelle, se réjouit de cette collaboration : « Philippe passe très bien auprès des étudiants car il a l’habitude de mener ce genre de projets, il maîtrise la technique et propose un travail de qualité. Je remarque d’ailleurs que d’anciens élèves ayant déjà bénéficié de son intervention, reviennent voir Philippe et sont intéressés par les nouveaux projets qu’il mène avec les autres classes. Chaque année, chaque classe mène un travail avec lui sur une durée de 22 h. »
Le programme mis en place cette année est à l’initiative de l’artiste : « tout part de la cellule et de la vie microscopique, l’idée est de dessiner des cellules imaginaires et de les installer dans le lycée comme si elles envahissaient les murs de l’établissement », explique Philippe François. « Le concept est de parler du vivant mais de ce qu’on ne voit pas en le rendant visible. »
Un projet qui rassemble
Les étudiants ont de suite accroché à la sérigraphie et aux propositions artistiques de Philippe François, tout comme Angelo, élève en terminale Gestion des Milieux Naturels et de la Faune (GMNF) « j’ai bien aimé le projet et Philippe est sympa. Ce que j’ai préféré, c’est l’étape du découpage. Je me suis rendu compte que l’on n’est pas obligé de savoir dessiner pour faire de la sérigraphie. L’intérêt de notre travail, c’est que tout le monde va pouvoir en profiter grâce aux affichages sur les murs ».
Bruno Levitre se satisfait également de la collaboration de l’artiste et de ce projet fédérateur. « Cette action artistique crée une dynamique commune entre les différentes classes qui ont bénéficié de l’intervention de Philippe, car elle touche à la fois des apprentis du CFA, des élèves du lycée et une classe à Dispositif d’Insertion des Métiers Agricoles (DIMA). Cela permet en effet de voir ce que font les autres et ça crée du lien entre eux car ils ne se connaissent pas. De plus, les élèves de Terminale sont évalués en pratique artistique, matière qui fait partie de leur examen scolaire. »
Après avoir profité d’un intéressant apport théorique sur l’art de la sérigraphie, les étudiants sont vite passés à la pratique en alternant des phases de découpages, collages et dessins afin de créer leurs cellules imaginaires. « Les jeunes impriment ensuite leurs motifs sur un film transparent, le typon » détaille Philippe François. « Vient après l’étape de l’insolation : le motif est reporté sur l’écran pendant l’insolation qui est exposé à la lumière UV. Le motif est alors révélé en plaçant l’écran sous le jet d’eau. L’ultime étape est celle du tirage : on fait passer de l’encre à travers les zones perméables de l’écran avec une raclette. »
Si la finalité du projet des apprenti-sérigraphes était d’envahir les murs du lycée par des collages éphémères de cellules qui s’imbriquent et se contaminent, les parterres de fleurs ont été également investis par des planchettes en bois reproduisant un jardin de cellules.
En plus d’être artistique, la démarche est aussi éco-citoyenne puisque l’artiste communique aux étudiants des techniques ancestrales et naturelles de fabrication d’encres végétales.
Afin de célébrer l’aboutissement du projet en sérigraphie et de permettre à tous d’admirer les murs et les parterres de fleurs contaminés par les cellules, les participants présenteront leurs travaux à l’occasion d’un vernissage programmé pour le mois d’avril.