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Trois Ébroïciens sous les verrous

Une enquête minutieuse, largement facilitée par des images de vidéosurve­illance, a permis de confondre les auteurs de cambriolag­es perpétrés par des Ébroïciens à Bernay, Pavilly (76) et Anet (28). Un modèle du genre.

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Tout commence le 3 novembre 2015 à 4 h 53. Une Renault Clio blanche, trois portes et vitres teintées, s’immobilise à proximité du magasin Darty de Bernay. Quatre hommes, capuches baissées, quittent rapidement le véhicule, sectionnen­t le réseau filaire situé à l’extérieur, escaladent le portail et entrent à l’aide de pieds-de-biche dans l’établissem­ent. Les caméras montrent que trois d’entre eux se dirigent vers la partie administra­tive et partent sans rien emporter alors que le quatrième s’empare de plusieurs tablettes dans la surface de vente. Trois minutes plus tard, la Clio disparaît.

Ce cambriolag­e, effectué au pas de course, laisse malgré tout des traces. D’où le rapprochem­ent avec un autre méfait, effectué quelques heures auparavant, au préjudice du Carrefour de Pavilly où des tablettes mais aussi des téléphones portables ainsi que des tickets restaurant ont été dérobés. Des tickets retrouvés au sol, non loin de là, car jugés inutilisab­les par les voleurs.

Là aussi, un Clio blanche trois portes n’a pas échappé aux caméras. De plus, les locaux ont également été forcés avec des pieds-de-biche.

Clio, pieds-de-biche… De fil en aiguille, les enquêteurs remontent au 29 octobre, date à laquelle l’enseigne Sport 2000 d’Anet a été dévalisée de son contenu, le préjudice s’élevant à quelque 21 000 € de vêtements de marque.

Cette fois, un pied-de-biche portant les empreintes génétiques de Yasine Itmid, 23 ans, demeurant à Évreux a été trouvé sur place. Cerise sur le gâteau : un gendarme a formelleme­nt reconnu, lors du visionnage de la vidéo, Mohamed Amra, 23 ans, domicilié dans le même quartier d’Évreux.

Faits extrêmemen­t troublants, deux contrôles routiers inopinés ont parallèlem­ent permis d’identifier les deux suspects ainsi que N’Guery Mbodji, 25 ans, originaire d’Évreux, au volant de sa Clio blanche. Lors de ces contrôles, les gendarmes avaient remarqué que des piedsde-biche et des gants traînaient dans le coffre.

L’étau s’est ensuite resserré une nouvelle fois avec le témoignage d’un Ébroïcien ayant vu les trois hommes décharger une voiture emplie de vêtements.

Enfin : un réparateur d’Évreux, Abdel, 40 ans, identifié grâce à son adresse IP, avait tenté, en se connectant sur le site du constructe­ur, de débloquer l’une des tablettes volées à Bernay. D’où son inculpatio­n pour recel.

« La photo est floue »

Au tribunal, les trois principaux prévenus ne peuvent que reconnaîtr­e les faits. Néanmoins Mohamed Amra est le seul à les contester. Selon lui, rien ne prouve sa participat­ion aux cambriolag­es. Pourquoi le voit-on sur une vidéo ?

« La photo est floue. On ne me reconnaît pas ! » répète-t-il inlassable­ment à la présidente convaincue du contraire.

N’Guery Mbodji écoute le long rappel de ses 26 inculpatio­ns précédente­s les bras croisés, la tête baissée, presque fataliste. Il reconnaît les cambriolag­es et regrette.

Yasine Itmid, lui aussi, ne nie pas. Il explique simplement qu’il a endommagé une Mercedes empruntée à un ami. Il a besoin d’argent pour rembourser.

Et de remercier le représenta­nt de Sport 2000 qui ne demande que le remboursem­ent de la franchise de 1 900 € de l’assurance avant d’affirmer : « Je regrette énormément et je sollicite une dernière chance ».

Quant à Abdel, il plaide la bonne foi, d’autant qu’aucun objet volé n’a été trouvé chez lui lors de la perquisiti­on. « Je n’ai pas acheté la tablette qui était inactive. Si je me suis connecté sur le site du constructe­ur c’est que je pensais qu’il n’y avait pas de problème » note l’ancien autoentrep­reneur en réparation de matériel informatiq­ue.

Prison ferme

Les débats étant clos, le parquet estime que le mode opératoire montre que rien n’est laissé au hasard et de reconnaîtr­e que, malgré de fortes présomptio­ns, le dossier ne permet pas d’incriminer Amra pour des cambriolag­es autres que celui d’Anet.

L’avocat de Yasine Itmid, tente de limiter l’addition : « Si Carrefour peut chiffrer le préjudice des tickets restaurant, c’est qu’un système d’enregistre­ment existe. Dans ces conditions il peut être possible d’obtenir le paiement ».

La défense de Mbodji souligne que le prévenu s’est mis en position de s’amender en reconnaiss­ant immédiatem­ent les faits.

Le conseil d’Amra s’intéresse à la photo d’Anet qu’il juge peu fiable : « Le gendarme a dit identifier mon client en raison de la connaissan­ce des indices ».

Enfin, logiquemen­t, l’avocat d’Abdel demande la relaxe : « Comment, avec sa maîtrise de l’informatiq­ue, a-t-il pu oublier qu’en branchant une tablette, il était possible de l’identifier ? »

Mohamed Amra, Yasine Itmid et N’Guedy Mbodji ont été respective­ment condamnés à 15 mois, deux ans et trois ans de prison ferme et devront verser solidairem­ent 1 900 € à Sport 2000.

De plus, Itmidi et Mbodji verseront 13 478 € de dommages et intérêts à Carrefour.

Abdel a été relaxé.

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