« Marine va gagner ! »
Dimanche soir, les quartiers généraux reflétaient l’ambiance : du chaud bouillant (FN) au très glacial (PS). Sans oublier les candidats aux législatives, plus «tempérés»…
Au quartier général du Front national, on réinvente dans la joie et la bonne humeur la fête du cochon : petit salé, tranches de saucissons et cuvée de rouge spécial FN !
« On marche seul »
« Ce soir, je n’aimerais pas être à la place des électeurs de Fillon ou Mélenchon » ironise le conseiller régional Emmanuel Camoin avant de trinquer au lancement de la deuxième campagne. « Il va falloir convaincre ceux qui n’ont pas voté pour nous, leur expliquer que Macron, c’est la continuité de Hollande. »
Si le secrétaire départemental, Timothée Houssin, a déjà glissé sa muse dans le fauteuil présidentiel - « Marine va gagner avec 52 % des voix » -, Stéphane, chef d’entreprise de 43 ans, n’est pas peu fier de tailler sa route en solitaire : « On marche seul pour défendre notre pays et nos valeurs, sans bouffer à tous les râteliers ».
Mais notre sympathisant se dit surtout inquiet à l’idée de ne plus pouvoir célébrer Noël ou croiser des femmes en maillots de bain sur la plage. Pire, « à l’école, on a interdit à ma fille de porter une croix. Et moi, dans mon métier, je dois faire face à la concurrence. Si on n’a pas Marine, on ne s’en sortira pas ».
« Le PS est en train de mourir »
Changement de ton et d’humeur, rue Joséphine, au siège du Parti Socialiste : les verres sonnent le creux, tout comme les locaux. Vingt minutes plus tôt, les anciens conseillers municipaux Catherine Caillat et Thierry Quennehen ont trouvé portes closes.
« Les gens ne croient plus à la politique. C’est la cata, merci Hollande ! Le PS est en train de mourir. On a fait une belle campagne, mais elle n’a pas eu l’écho qu’elle méritait. » Inconsolable, ce jeune militant met, dans le même sac, des élus locaux défaillants, un Hamon pas assez pédagogue sur le revenu universel et un avenir gris, voire brun : « En 2022, on aura Marine Le Pen au pouvoir ».
Sur le trottoir opposé, on n’en rajoute pas sur la déconfiture socialiste et ses roses fanées. L’enjeu est ailleurs, notamment sur le terrain des législatives.
« Il va falloir se battre deux fois plus, avec la perspective de voir un FN au plus haut dans les campagnes » se projette le Républicain Jean-Paul Legendre, l’esprit tourné vers la 2e circonscription… mais les regrets encore ancrés sur le 27 novembre. « Au sortir des primaires, on surfait sur un mouvement majoritaire. Aujourd’hui, je ne peux m’empêcher de penser que le parti s’est fait voler cette élection »…
« Hollande joue les prolongations »
Au deuxième étage, 4, rue Ducy, on festoie autour du buffet campagnard préparé par Catherine Nicolas. Et les hôtes boivent du petit-lait à défaut de champagne.
« Vous vous rendez compte : Bruno Le Maire n’a même pas ouvert la permanence du parti » fait benoîtement remarquer Jean-Pierre Nicolas qui digère plus facilement la terrine de lapin que l’affront infligé par le patron des Républicains de l’Eure, ce dernier lui préférant Guy Lefrand dans la course aux municipales.
Histoire ancienne ? Que nenni, la plaie est toujours à vif. La preuve : le septuagénaire entend bien piétiner les plates-bandes de Jean-Paul Legendre désigné par… Le Maire sur la 2e !
« Je vais défendre le programme de François Fillon. L’homme n’est plus là, mais ses idées demeurent » confesse l’ex-député qui, pourtant, croyait dur comme fer à la victoire du Sarthois. « Là, on se retrouve dans le cas de figure où Hollande joue les prolongations tout en restant aux vestiaires. » Raison supplémentaire pour, à 78 ans, renfiler le short…