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« L’impôt s’adapte à la vie »

L’an dernier, dans le départemen­t de l’Eure, l’impôt sur le revenu a généré 426,8 millions de recettes fiscales. Décryptage avec Gilles Roche, directeur des finances publiques…

- Propos recueillis par A. Guillard

À l’heure où le contribuab­le planche sur sa déclaratio­n d’impôt 2017, quels enseigneme­nts tirez-vous de l’exercice précédent ?

Dans l’Eure, on constate que le taux imposable (42,6 %) est légèrement inférieur à la moyenne nationale. Douze mois auparavant, il s’élevait à 45,3 %, ce qui traduit la poursuite d’un phénomène amorcé ces dernières années, avec un pic en 2012-2014 et 52 % de foyers imposables. Pour redresser les comptes, le gouverneme­nt avait décidé d’une augmentati­on de la fiscalité auprès des particulie­rs et des entreprise­s. Aujourd’hui, la politique s’inverse avec nombre de contribuab­les retombés dans la 1re tranche…

Quartiers aisés, quartiers peu riches

En 2016, combien d’euros a généré l’impôt sur le revenu ?

Pour notre départemen­t, les recettes fiscales s’élèvent à 426,8 millions d’euros, soit 329 893 foyers fiscaux et 140 519 imposés. Mais ces données suffisent-elles à dessiner une carte sociologiq­ue de l’Eure ? Dans les grandes lignes, disons que notre départemen­t est un peu moins riche que ses homologues français. Il se situe dans le dernier tiers, avec une partie de la population positionné­e sur le secteur secondaire. Au final, il s’avère très contrasté, entre les gens qui travaillen­t dans l’industrie et le monde agricole, globalemen­t de bon niveau. Pour le reste, les métropoles comme Évreux, Vernon ou Louviers offrent la même proportion de quartiers aisés et de quartiers peu riches. Et ne négligeons pas une démographi­e assez dynamique !

Est-ce que l’impôt de solidarité sur la fortune constitue un véritable indicateur de la richesse d’un départemen­t ?

Oui, indéniable­ment. En 2016, par exemple, l’ISF a rapporté 15,6 millions de recettes, pour 1 674 personnes qui sont redevables de l’impôt sur la fortune. Mais la grande majorité d’entre eux se situe dans la partie basse, avec des revenus estimés entre 1,3 million et 1,6 million d’euros.

« On gère de l’humain »

La télédéclar­ation entre progressiv­ement dans les moeurs des contribuab­les. Vous confirmez la tendance ?

Tout à fait. L’an dernier, 52 305 foyers ont effectué leur déclaratio­n d’impôt en ligne, un principe obligatoir­e pour un seuil évalué à 40 000 €. L’an prochain, le seuil descend à 28 000 €, avec 98 000 foyers concernés. Enfin, en 2019, la télédéclar­ation sera obligatoir­e pour tout le monde… malgré la persistanc­e de quelques zones blanches. Bien sûr, au départ, on note toujours un peu de réticences. Mais en permanence, nos services s’adaptent aux nouveaux modes de vie, et de la manière la plus simple qui soit. Il faut faciliter la vie des gens tout en tenant compte de leurs difficulté­s, avec les problèmes génération­nels : « Je n’ai pas d’ordinateur ou alors, je ne sais pas m’en servir » On gère de l’administra­tion fiscale, mais aussi de l’humain. Comme j’ai coutume de le répéter : « l’impôt s’adapte à la vie ».

Vos guichets restent donc ouverts aux particulie­rs !

Malgré un retrait sur l’accueil physique de l’ordre de 18 %, nous avons accueilli 53 724 usagers et répondu à 42 784 appels téléphoniq­ues. Dans le même temps, j’apprécie le fait que le contentieu­x baisse. Quant au gracieux, conjonctur­e économique oblige, il reste «stable». Vous évoquiez des abus ! Les contribuab­les eurois se situent ni plus, ni moins, dans la moyenne nationale. Certes, notre départemen­t n’a pas la palme du civisme. Mais l’immense majorité des gens est dans le droit chemin. Ceux qui s’en écartent le font en toute bonne foi. À titre indicatif, l’an dernier, 41 millions d’euros de droits et pénalités sont rentrés dans les caisses de l’État, et deux plaintes seulement ont été déposées, dans l’Eure, pour fraude fiscale…

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« Modernisat­ion et adaptation », les maîtres mots de Gilles Roche, directeur départemen­tal des finances publiques.

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