Prison ferme pour les acteurs de «la fièvre du samedi soir» !
Dans le quartier de la CroixPageot, à Ezy-sur-Eure, jamais une telle violence n’avait été exercée dans un commerce : ce 18 mai 2013, la «fièvre du samedi soir» a opposé une dizaine de jeunes gens.
Devant les gendarmes !
Lorsque les gendarmes d’Ivryla-Bataille interviennent peu avant 23 h, à la pizzeria «CFC», le gérant, Nouredine Chalaal, son frère Omar et plusieurs membres de la famille et clients viennent de vivre une véritable scène de western avec une petite bande de clients se disant mécontents.
L’altercation aurait été causée par une approche trop précise avec la serveuse, ce qui aurait déclenché l’intervention de son ami Sébastien Lenenn (25 ans), un autre employé cuistot, également d’Ezy.
On avancera une autre raison : une plaisanterie mal interprétée par le patron, à qui les individus auraient refusé de payer des consommations.
Les cinq clients sont repartis et ne tarderont pas à revenir armés d’un fusil, avec l’intention de reprendre la bagarre, obligeant les militaires à demander le renfort d’autres brigades.
Car parmi le groupe composé des gens du voyage, sédentarisés à Marcilly-sur-Eure et dans les Yvelines, se trouvent Marc Girard (20 ans) et Christophe BessonMoreau (19 ans) qui – selon les témoins – tentent de bloquer la sortie des clients en projetant leur véhicule contre une vitrine du restaurant.
Les insultes et les coups reprennent avant même l’évacuation des blessés. De nouveau, deux mineurs (Tony et Maxime), ainsi que Kévin Robert (21 ans), échangent des coups de barres de fer, utiliseront même un pistolet à grenailles (dont aurait usé l’employé Lenenn en tirant en l’air), des extincteurs et un bâton télescopique.
Des clients ont évité d’être percutés par la Clio des assaillants ainsi qu’une Laguna pilotée par l’un des agresseurs. Une bonne douzaine de belligérants et leurs victimes seront conduites à l’hôpital de Dreux.
Déjà 22 condamnations
Les dégâts matériels sont importants. Mais miraculeusement, les incapacités ne dépasseront pas dix jours pour les clients et la famille Chalaal pris dans le piège du restaurant cerné.
Presque quatre ans après une instruction difficile pour mieux cerner les responsabilités, comparaissent les quatre majeurs, dont le cuisinier, qui se trouve seul encore emprisonné pour des raisons étrangères à ce conflit.
Sous la présidence de Bérangère Le Boedec, les débats apporteront une meilleure approche des «profils» des délinquants tels que Lenenn (22 condamnations) connu pour les vols, stupéfiants et délits routiers ; Kévin Robert, condamné une dizaine de fois.
Christophe Besson-Moreau a accumulé une douzaine de peines, notamment pour des violences avec arme et vols aggravés et Marc Girard (cinq condamnations) a donné dans les vols aggravés et les délits routiers.
« Horde sauvage »
« Quatre ans après, cela fait froid dans le dos », annonce le procureur Eric Neveu qui avoue ne pas avoir compris « qui avait commencé ».
Il remarque, toutefois, que des enfants étaient au centre de ce conflit d’une incroyable violence et qu’il faudrait trouver une bonne excuse pour expliquer une telle débauche de coups et d’armes.
« Ces trois-là sont revenus pour tout détruire et même en présence des gendarmes témoins de leur folie destructrice », constate le réquisitoire soulignant l’usage de la voiture-bélier, la « politique de la terre brûlée » employée par les casseurs fous furieux, incontrôlables.
« Et cette horde sauvage aurait pu tuer des enfants ! » s’exclame le magistrat qui demande des peines d’emprisonnement de douze et vingt-quatre mois.
Prison ferme
La défense de Lenenn rappelle que le prévenu a été roué de coups et qu’il n’a fait que « répondre à une question ».
Preuve qu’il n’avait rien à cacher, son arme est restée sur place. Une peine de principe pourrait suffire, dit l’avocate qui obtiendra une peine de six mois (au lieu d’un an) ainsi que 800 € de dédommagement des trois autres condamnés tabassant le cuisinier.
Me Marion Queffrinec plaide pour K. Robert qui a reçu un coup de couteau (un mois de soins) et qui s’est embarqué dans cette histoire « contre son gré ». Pendant la prison préventive, il a profité du séjour pour se soigner de l’alcool.
Il a tout perdu dans cette affaire, assure l’avocate obtenant une peine d’un an ferme, soit la moitié requise par le parquet.
Marc Girard est défendu par Me Corinne Gauthier assurant qu’il ne « fait pas partie des kamikazes » car il connaît, selon elle, la puissance des « autres familles qui tiennent la vallée et ne sont pas de leur côté ». La peine prononcée sera d’un an ferme.
Le clan Chalaal
Le bâtonnier, Jean-Yves Poncet, défend Besson-Moreau considéré comme le plus impliqué et responsable de l’attaque avec la voiture.
Il évoque également, la « notoriété de la famille adverse » dont le gérant, dit-il, aurait frappé le premier.
Il reproche à l’instruction de n’avoir pas retenu la prévention contre des « adversaires structurés : le clan Chalaal ». Son client sera toutefois condamné à quinze mois de prison, peine déjà purgée…