À Rouen, pour faire semblant d’y croire ?
Corrigés par le collectif structuré des Lillois vendredi à Evreux, les joueurs de l’ALM devront montrer ce mardi soir à Rouen qu’ils veulent réellement disputer les play-offs plutôt que de continuer à jouer au basket en touristes, chacun de leur côté.
Marre.
Cette fois, c’est bon ! On en a ras le pompon d’avaler des couleuvres et de croire sur paroles au prétendu talent des uns et des autres ou à cet orgueil de compétiteur revendiqué mais trop rarement prouvé lors des matches à enjeu.
Déglingués à Charleville-Mézières une semaine plus tôt, les joueurs dont a hérité Fabrice Lefrançois n’ont pas été capables de se rebeller contre Lille vendredi soir au centre omnisports et devant plus de 2 300 spectateurs acquis pourtant à leur cause.
Inimitiés et laxisme
Ils n’ont pas, non plus, été capables d’évacuer leurs rancoeurs les uns (térieurs) vis-à-vis des autres (Henry surtout). Pas de partage du ballon ; pas d’agressivité (9 malheureux lancers en tout et pour tout, et seulement 3 convertis en prime !) ; pas d’envie, à l’instar d’un Lamine Kanté nullement concerné durant les temps-morts de son coach ; pas de sourire ou de complicité… Non, cette équipe n’a apparemment qu’un objectif : celui de se séparer au plus vite.
Elle n’avait pourtant que deux matches à prendre chez elle pour avoir 90 % de chance d’être en play-offs. Elle vient de perdre le premier face à Lille et se voit donc dans l’obligation d’aller se racheter à Rouen dès aujourd’hui si elle veut faire croire que les joueurs qui la composent ont dans le short tout ce qu’ils avancent fièrement mais montrent trop rarement.
Bien sûr, elle pourrait s’imposer à la Kindarena si Corin Henry retrouve un peu de fioul, si Caleb Walker se montre plus en réussite que devant les Nordistes (10 points à 36 % et seulement 1 sur 4 aux lancers), si Rémi Dibo force moins (3/10 dont 1/6 en dessous !) ou si Pape Beye voit des ballons dans la raquette adverse et en fait quelque chose de bon… Mais peut-on raisonnablement penser qu’un collectif va naître après 31 journées sinusoïdales et sans jamais de continuité dans l’effort et la performance ? La réponse est dans la question…
Les play-offs ? Mais pour quoi faire ?
On l’espère pourtant pour Fabrice Lefrançois ou des garçons comme Bastien Pinault, Caleb Walker et Samir Mekdad, qui tentent de rester dans les consignes de jeu et de faire proprement leur boulot.
Mais trois joueurs, ça ne suffit pas à faire une équipe. Et si Evreux reste quand même dans la course aux phases finales et peut même encore les accrocher, on se demande aujourd’hui à quoi cela servirait !
Si l’ALM n’est pas montée l’an passé en Pro A avec Laurent Pluvy au coaching, avec Joe Burton en MVP, des joueurs d’expérience et de devoir comme Guillaume Costentin et Drake Reed et une doublette de meneurs au registre différent et complémentaire (Mathis Keita et B.A. Walker), qu’irait-on y faire avec ce conglomérat de solistes, plus occupés à considérer les stats pourtant rarement glorieuses qu’à oeuvrer pour le collectif, leur maillot et leurs supporters toujours aussi indéfectibles ?
La question est posée et on aura vite la réponse. Surtout si on reproduit le même type de prestation à Rouen que face à Lille, le week-end dernier.
Envoyez Lavieille et bougez jeunesse !
Difficile d’espérer grandchose avec 21 ballons rendus à l’adversaire, 13 malheureuses passes, un rebond toujours aussi mal maîtrisé et un secteur intérieur pauvre de chez pauvre… D’ailleurs, on se demande bien pourquoi Fabrice Lefrançois ne donne pas davantage sa chance au jeune Kevin Lavieille, appliqué et valeureux, plutôt que d’inviter Ricmonds Vilde pour 6 minutes de vide et laisser Rémi Dibo faire ce qu’il veut bien trop longtemps. Cela permettrait de relancer Angel Nunez – il ne ferait certainement pas pire que d’autres - et l’on aurait au moins le plaisir de voir un jeune joueur formé au club. Comme au bon vieux temps.
On se raccroche aux petits plaisirs que l’on peut trouver. Avouons que cette saison, ils ne sont pas légion. Philippe Guinchard
Photos : B.L.