Au centre de détention : un surveillant agressé avec une fourchette
Le prévenu est absent car il a refusé d’être extrait de sa cellule de Rouen. Il y a été placé sur mandat de dépôt le 4 avril dernier, au lendemain des faits commis à Val-de-Reuil. Sylvain Kavia (24 ans) était détenu au centre des Vignettes, après un gros casier judiciaire pour les stupéfiants, vols et violences puis une tentative de meurtre sanctionnée (dans le Val-d’Oise) par une réclusion criminelle de dix ans.
Un expert ayant détecté une altération mentale, c’est un « paranoïaque sous traitement » que les surveillants avaient à garder.
Le 3 avril, un premier incident se produisit pour la vente d’une console de jeux pas autorisée entre détenus. Lors de la rencontre avec le chef de quartier disciplinaire où il avait été amené, le prisonnier avait déjà jeté cette console et cassé une table. Et comme on le soupçonnait d’avoir d’autres objets sur lui, Kavia remit spontanément un couteau. Mais, il brandit rapidement une fourchette en acier, aux pointes recourbées « comme un grappin » en promettant « de faire le ménage », contre deux surveillants le maîtrisant difficilement.
Surprenant et brutal
Me Vincent Picard plaide pour les deux hommes qui ont échappé aux blessures et souligne que cette violence était « organisée car l’arme était préparée pour l’agression ». Ce fut une attaque brutale et surprenante pour laquelle les deux fonctionnaires méritent un dédommagement moral, dit-il. Le substitut Éric Neveu rappelle le « parcours de violences » du détenu et estime, effectivement, que ces formes d’hameçons étaient destinées à mieux… pénétrer la chair… La peine requise de deux ans d’emprisonnement supplémentaire est prononcée par les juges qui accordent aux surveillants : 1 500 €, 700 € et 400 € (art. 475.1).
Dans le box des prévenus les visages portent les traces de coups reçus. Rien ne vient expliquer cette soudaine scène de western hormis l’abus alcoolique qui aurait réveillé de vieilles rancoeurs. Toutefois, ils semblent conscients d’être passés près d’un drame et le substitut Éric Neveu le soulignera dans son réquisitoire en évoquant le « règlement de comptes à OK Corral ». Il demande « Est-ce que cela va s’arrêter ? » avant d’alerter l’ensemble des belligérants sur une éventuelle reprise du combat qui conduirait tout le monde en détention. « Si l’arme n’avait pas été arrachée de ses mains, que serait-il arrivé ? » demande encore le magistrat. Il requiert avec le mandat de dépôt pour les deux, une peine ferme d’emprisonnement de dix mois contre chacun.
Vieilles querelles
L’avocate de la défense plaide que le couple a été la victime de nombreuses dégradations dont il ignore l’origine. De vieilles rancunes de voisinage et une arme pour intimider, résume-t-elle. Cette comparution est déjà une vraie sanction pour des prévenus qui n’ont jamais fait parler d’eux, ajoute l’avocate estimant que les « violences » reprochées à Sonia ne sont pas caractérisées, que les peines requises sont très lourdes pour des prévenus qui travaillent tous les deux en CDI.
Les peines d’un an et de dix mois sont prononcées avec, pour les deux, une part de six mois avec sursis et mise à l’épreuve obligeant à se soigner de l’alcool.
Seul David Legendre reste en prison pour la partie ferme (6 mois) de sa peine.
Les scellés (armes) sont confisqués et il faudra payer 200 € à la mère du mineur et 1 500 € à chacun des deux autres, Dimitri G. et Robert L. On aura noté que, de plus, le fusil n’était pas déclaré.