Un vrai-faux psychiatre sous les verrous
Il est soupçonné d’usurpation de titres et d’exercice illégal de la médecine. Interpellé et placé en détention provision, le médecin travaillait depuis 14 mois aux urgences psychiatriques de l’hôpital.
D’origine étrangère, Clive a répondu à une offre d’emploi en 2016. La direction des ressources humaines du Nouvel Hôpital de Navarre recherchait un médecin psychiatre pour l’équipe de l’unité de soins psychiatriques installée dans le service des urgences de l’hôpital.
Diplômé dans une université roumaine, il a produit, pour se faire recruter, un diplôme universitaire en bonne et due forme. Signé de la main du doyen de la faculté et de la traductrice habilitée à traduire le document, le diplôme n’avait rien de suspect.
Embauché en février 2016, le spécialiste a débuté aux urgences après la formation nécessaire pour comprendre le fonctionnement du service et appréhender les différents systèmes de l’établissement.
Repéré par la police
Nouveau directeur du NHN, Michel Gruz débutait sa première journée de travail dans l’établissement quand le parquet l’a informé de l’affaire. « Le médecin a été interpellé le lendemain », explique le directeur. Et placé en détention provisoire quelques jours plus tard. « Notre première décision a été de le suspendre. Ensuite, nous avons immédiatement déposé une plainte au commissariat pour usurpation de titres, exercice illégal de la médecine et escroquerie ».
Aucun signe avant-coureur
Au NHN, l’interpellation du médecin a fait l’effet d’une bombe. Surpris, l’établissement n’a rien vu venir. Rien soupçonné. « Aucune plainte, aucun signalement ne sont remontés » indique Sophie Le Monnier, docteur en pharmacie et présidente du Comité médical d’établissement (CME).
Son premier réflexe ? « La sécurité des patients ». Confronté à un cas hors norme, l’établissement a épluché les dossiers des patients passés entre les mains de l’urgentiste et passé au crible ses prescriptions.
En lien étroit avec les familles, via la commission des usagers, rien n’a été détecté. Là aussi, « il n’y a eu aucune réclamation pour l’instant ». Une raison à cela. Le médecin assurait, durant ses gardes de 24 heures, des visites de très courte durée aux urgences psychiatriques. « Soit les patients rentraient chez eux, soit ils étaient dirigés vers les admissions du NHN ou l’un des centres médicosociaux du département. La suite des soins était prise en charge par d’autres médecins ».
Les diplômes étrangers passés au crible
Par effet, le NHN a décidé de passer au crible les diplômes des dix-huit praticiens d’origine étrangère de l’établissement. Sans rien détecter de suspect. « L’immense majorité d’entre eux ont passé les épreuves de la Procédure d’autorisation d’exercer (PAE). Ce sont d’excellents médecins » souligne Sophie Le Monnier pour éviter à tout prix les risques de stigmatisation liés à cette affaire.
D’autant que ces médecins, recommandés par les universités en lien avec le NHN, viennent remédier au manque cruel de praticien dans l’Eure.
Condamné à plusieurs reprises
Dénoncé par l’Agence régionale de santé de Lyon, le médecin était recherché depuis 2014 pour avoir exercé illégalement le métier d’infirmier.
Déjà condamné à plusieurs reprises pour faux, usages de faux et multiples escroqueries, il a fini par être localisé à l’Hôpital de Navarre. Son interpellation fait suite à l’enquête diligentée par le Parquet d’Évreux. Déféré le 5 mai, il a été mis en examen et placé en détention provisoire.