L’ALM retourne Boulazac et en play-offs
Toujours aussi déroutante, l’équipe de Fabrice Lefrançois a attendu le dernier duel de la saison pour établir son match référence à l’extérieur. Et surtout pour se qualifier en phases finales, grâce à deux autres résultats favorables. En route pour Lille
Ils l’ont fait. C’est par ces mots, traduisant bien la surprise générale, que le club de l’ALM Evreux Basket a communiqué vers ses partenaires et ses abonnés que les joueurs de son équipe étaient parvenus à décrocher des play-offs quasi inespérés.
Inespérés car le dernier ticket pour les phases finales passait non seulement par un succès peu probable d’Evreux à Boulazac, mais aussi par deux défaites parmi les quatre autres postulants aux trois derniers tickets à délivrer lors de cette 34e et dernière journée de la saison régulière.
Si l’on se doutait que les Havrais seraient plus frais et davantage motivés que les promus de Bourg-en-Bresse, déjà champions et en fête depuis une semaine, on croisait les doigts du côté d’Evreux pour que VichyClermont devant Blois et Boulogne/Mer, face à Nantes, tous deux en lutte pour leur maintien, s’imposent à domicile.
Ce fut bien le cas, mais in extremis, pour les Auvergnats, Ware inscrivant un tir primé essentiel à 6 secondes du klaxon. Par contre, les Boulonnais, malgré une bonne entame, ont dû rendre les armes devant des Nantais plus inspirés.
Du coup, il manquait encore un résultat favorable à l’ALM pour croire aux play-offs. Bizarrement, il est venu de Poitiers, où Denain, qui ne jouait pourtant plus rien, s’est imposé au buzzer sur un rebond offensif et un tir acrobatique de son jeune arrière américain Tery Tarpey.
Restait donc pour Evreux à faire le job et décrocher un gros succès à Boulazac. La formation périgourdine était certes déjà qualifiée, mais elle visait la 3e place avant cette dernière réception au Palio. Et son entame (9-0, 3e) ne laissait rien présager de bon pour l’ALM.
Des Américains en verve
Seulement voilà, dans l’ADN de cette drôle d’équipe ébroïcienne, il y a cette part d’inconstance qui peut tout aussi bien lui donner des allures pathétiques comme, parfois, la rendre irrésistible. Et vendredi dernier en Dordogne, c’est bien cette seconde option que les Amicalistes ont sortie de leur sac de sport.
Malgré le forfait de dernière minute de Rémi Dibo (blessé au bras) et avec Kévin Lavieille – mais oui – en bon soldat dans le cinq de départ (2/2 aux tirs, 4 interceptions en 14 mn), Evreux sut d’abord riposter (9-9, 7e), puis évita systématiquement de laisser filer de nouveau Boulazac (17-11, 11e, puis 48-43, 26e) en recollant vite à chaque fois par le biais de sa traction arrière américaine Henry-Walker (41 points à eux deux) mais aussi avec un Samir Mekdad précis de loin et un Aloysius Anagonye adroit sous le cercle (5/6).
Avant la fin du 3e quarttemps, l’ALM prit donc les rênes de la rencontre (51-56, 29e) et surtout ne les lâcha plus !
Walker se promena dans la défense locale (57-65, 35e) et même une panne d’éclairage suivi d’un retour à une possession de la bande à Zianveni dans la dernière minute (68-71, 40e) n’empêcha pas Evreux de voir enfin la lumière.
Lefrançois pensait d’abord être recalé !
Il n’y eut pourtant pas d’explosion de joie à ce moment-là dans les rangs normands, les autres rencontres n’étant pas encore terminées.
« Les joueurs ont regagné les vestiaires avec le sourire et moi, je suis resté un peu sur le terrain, confiait Fabrice Lefrançois quelques minutes après le petit exploit des siens. En fait, j’avais appris que Blois avait perdu à Clermont mais que Nantes et Le Havre avaient gagné. J’étais donc en train de penser à ce que j’allais dire aux mecs, pour les féliciter de leur victoire mais, avec en tête, l’idée qu’on n’était pas en play-offs. Et c’est alors que le speaker de la salle a donné le résultat de Poitiers qui venait de se faire battre par Denain ! Et là, ça changeait tout pour nous ! »
Le coach ébroïcien ne pensa pas à refaire son discours d’après-match. Il prit à son tour l’ascenseur du Palio qui mène non seulement les joueurs aux vestiaires mais aussi, cette foisci en l’occurrence, l’ALM Evreux Basket en play-offs !
« Je suis vite monté apprendre la bonne nouvelle aux gars, leur dire qu’on était désormais 8e et donc qualifiés. C’est la première fois que je les ai vus aussi contents ! Ils se sont tous étreints. C’est bien de voir qu’on peut aussi se transcender pour l’équipe, pour le maillot, pour le club ! »
Un rien emphatique, Fabrice Lefrançois jubilait et parlait même de match référence après ce succès de fin de championnat. Il était temps, non ? « C’est vrai, mais ça me va ! On a fait un vrai joli match, en sachant non seulement répondre au défi physique de Boulazac mais aussi un proposant du beau basket, avec un pick-and-roll maîtrisé et de bons tirs. »
Du coup, en guise de discours, le successeur de Laurent Sciarra se posta devant un tableau.
Place à l’ambition
« J’ai retracé devant les gars notre cheminement commun. Devant le mot Maintien, j’ai coché OK ! Puis pareil devant : Jeu collectif ; Attaque ; puis Prétendant aux play-offs. Tout cela, c’est bon. Il nous reste maintenant à valider un dernier mot. Titre ! Le job est plus que fait mais c’est l’étape suivante ! »
Après avoir été trop souvent fade et émiettée, voici que La Madeleine se fait gourmande !
Mais, spectateurs échaudés que nous sommes, on verra déjà comment elle se comportera devant Lille, beau 3e du championnat et certainement la formation la mieux lancée pour ces play-offs…
Début des opérations : vendredi dans le Nord et surtout dimanche à 18 h au centre omnisports d’Evreux pour le match 2. Un rendez-vous qui n’était pas programmé mais dont personne ne se plaindra. Et surtout pas l’ALM qui décrochera, grâce à cette nouvelle participation à des play-offs, une jolie subvention municipale de 30 000 euros…