Prison avec sursis pour l’ex-présidente
Nétreville
Comme le trésorier, elle avait la signature des chéquiers. Présidente de l’Association Laïque d’Évreux Nétreville (*), Denise Mendy (38 ans) a comparu pour abus de confiance.
Au vu du bilan annuel de l’ALEN, l’alerte avait été donnée par l’expert-comptable pour qui 19 941 € n’étaient pas justifiés parmi les dépenses effectuées avec les chéquiers.
La jeune femme comparait en correctionnelle après avoir reconnu, « en gros », 5 000 € de dépenses personnelles. Le Conseil d’administration, qui avait déposé plainte, a provoqué l’enquête estimant à quatorze mois l’ensemble de l’abus de confiance.
Car il a été retrouvé traces de plusieurs nuits d’hôtels, restaurants et pizzerias, des factures de discothèque, ciné-drive et autres réparations de véhicule n’ayant rien à voir avec le fonctionnement de l’association, de septembre 2014 à novembre 2015.
L’image ternie
Denise Mendy, domiciliée en centre-ville, avait pour mission de gérer des manifestations diverses comme des stages de danse, commémorations, festivals, etc. pour le compte de la « maison de quartier » de Nétreville.
L’excuse invoquée par la prévenue est une séparation de son couple qui l’aurait laissée seule avec sa fille, perturbée.
La présidente lui rappelle que cette association était destinée à « sortir des jeunes en difficulté. Où sont les justificatifs de ces dépenses ? Tout devait être inscrit, même les seuls 5 000 € que vous avouez ! ».
Me Aurélie Blonde plaide pour «l’image de l’association » et rappelle que l’affaire avait été renvoyée en avril dernier afin que soient apportés les justificatifs prétendus par la prévenue. Le président actuel a confirmé, depuis, l’emploi insolite des fonds disparus.
Pour l’avocate réclamant des dédommagements, même la mairie, qui versait les subventions annuelles, pourrait réduire sa participation. En plus de la somme détournée par l’abus de confiance, la partie civile demande 3 000 € (préjudice moral) et l’article 475-1.
« Faire ce que l’on veut »
Le substitut, Florence Lardet, ne veut pas accepter la mauvaise excuse d’une « surcharge de travail » invoquée par la plaignante et qui l’aurait perturbée.
Elle pouvait démissionner, dit-elle, car l’image de l’association est, effectivement, troublée. Ces fonds « pour le mieux des autres » ne lui étaient pas destinés.
Le réquisitoire demande une peine garantissant le retour des fonds de l’ALEN, par un sursis avec mise à l’épreuve et précise que les responsabilités données à la prévenue aggravent son délit.
C’était, dit la défense, un gros investissement personnel pour une fréquente ingratitude des bénéficiaires. Denise était dans l’association, longtemps avant d’en être la présidente. Elle pouvait, lui avait-on dit, « faire ce qu’elle veut ».
Me Corinne Gauthier estime que le manque de justificatifs ne veut pas dire un abus de confiance pour toute la somme estimée.
Le tribunal la suivra pour un renvoi sur intérêts civils (montant des dédommagements) au 21 novembre 2017. Sur le plan pénal, l’ex-présidente est condamnée à sept mois de prison avec sursis. La mise à l’épreuve de deux ans l’oblige à travailler et indemniser. (*) Aujourd’hui, l’association a fusionné avec son homologue du Clos-au-Duc.