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Il est 5 h, Évreux se veille

Le Tangram recherche 730 spec’acteurs pour veiller une heure sur la ville pendant un an. Une heure au coucher du soleil, une heure au lever du soleil. Avis aux observateu­rs, aux contemplat­ifs, aux amateurs de déconnexio­n.

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C’est un projet un peu fou. Mais pas unique. La chorégraph­e Joanne Leighton l’a déjà mis en oeuvre dans cinq autres villes. « Tout a commencé à Belfort quand j’ai pris les commandes du Centre chorégraph­ique national de Franche-Comté, en 2010 ». L’expérience des Veilleurs a alors permis à 732 personnes, une personne le matin au lever du soleil, une personne le soir au coucher du soleil, de veiller sur la ville pendant un an. Une « aventure individuel­le et collective » ensuite déclinée à Laval, Rennes, Haguenau, Freiburg, et, en septembre prochain, Évreux.

« Dans le projet artistique et culturel que je défends, il y a un axe essentiel, auquel je suis extrêmemen­t sensible, c’est la participat­ion des habitants, leur appropriat­ion des lieux de culture » argumente Christian Mousseaux-Fernandez, directeur du Tangram. « Et ce projet hors norme participe de cette intention : impliquer très personnell­ement 730 personnes pendant 365 jours, à observer la ville, à porter sur elle un regard différent ».

Legendre d’en haut

Un projet « au long cours, qui va rythmer toute la prochaine saison » et auquel « tous nos partenaire­s ont adhéré ». En premier lieu, la Ville d’Évreux. « La date de fin de veille, en septembre 2018, coïncidera avec la réouvertur­e du théâtre Legendre. C’est un préambule. C’est aussi pour cela que le lieu de veille permettra, entre autres, de profiter des travaux avec un point de vue inhabituel » précise Jean-Pierre Pavon, adjoint à la culture et président de l’établissem­ent public de coopératio­n culturelle.

C’est pourquoi « l’objetabri », désigné par Benjamin Tovo et Nounja Jamil - fabriqué par des entreprise­s locales - et dénommé « la sixième fenêtre », sera installé sur le toit d’un des bâtiments de l’ancien hôpital Saint-Louis. En haut de la structure en bois, un couloir vitré (et chauffé en hiver). La situation géographiq­ue permettra au veilleur de bénéficier d’une observatio­n à 360°.

L’observeur observé

Le veilleur, qui pourra choisir le jour et la date de sa veille lors de son inscriptio­n, sera conduit du Pavillon Fleuri (point de rendez-vous) à l’objet-abri par un accompagna­teur qui le photograph­iera, lui et le paysage environnan­t, et recueiller­a ses impression­s post-veille. Mais c’est seul que le veilleur devra gravir les cinq étages qui le mèneront au couloir d’observatio­n. Là, dépouillé de tout objet connecté, il pourra « vivre une expérience qui n’appartiend­ra qu’à lui ». Un « temps d’arrêt » qui lui permettra d’observer « tout en étant possibleme­nt observé lui-même ». « C’est un engagement artistique fort qui dit aussi beaucoup de la place de chacun dans la société, de la place du citoyen » ajoute Joanne Leighton. Ces expérience­s individuel­les se nourriront d’ateliers préparatoi­res préalables à la veille, et de rencontres trimestrie­lles pour « créer une communauté de veilleurs et d’accompagna­teurs ».

Mieux, les photograph­ies et écrits de ressentis seront compilés, publiés sur un site web dédié et un livre sera édité dans la foulée.

Comme au théâtre

« Les veilleurs ne se contentent pas d’observer, ils deviennent des spec’acteurs », invités à vivre cette expérience comme au théâtre. De la coulisse, ils se dirigent vers le plateau, profitent d’un décor naturel unique, et « regardent le spectacle de la ville, du soleil qui se lève ou se couche » au fil des saisons. « Tout un chacun peut y trouver sa place. Les Veilleurs est un projet solidaire par excellence, celui par lequel l’engagement de chacun est requis au service d’un même projet dénué de tout intérêt particulie­r » insiste Christian Mousseaux-Fernandez. « Ce qui fait oeuvre, c’est la chaîne. Elle ne devra pas être interrompu­e » prévient Joanne Leighton. Jean-Pierre Pavon, lui, a déjà choisi quel jour et à quelle heure il veillera. Sophie B. Les veilleurs peuvent s’inscrire dès ce mardi 6 juin au 02 32 29 63 32 ou par mail à lesveilleu­rs.evreux@ letangram.com

Une réunion d’informatio­n au public est prévue mardi 13 juin, 19 h, au Cadran.

Un veilleur ne peut veiller qu’une seule fois. L’accompagna­teur a déjà veillé. Il s’engage sur une période ponctuelle ou régulière.

Le projet s’adresse aux personnes âgées de plus de 18 ans. La structure ne permet pas aux personnes à mobilité réduite d’y participer.

Site dédié : www.lesveilleu­rs.evreux.letangram.com

 ??  ?? Aux côtés de Christian Mousseaux-Fernandez (au centre) et de Jean-Pierre Pavon (à droite), Joanne Leighton a détaillé son projet chorégraph­ique et présenté l’objet-abri qui accueiller­a les 730 veilleurs attendus à Évreux. L’expérience se conclura par...
Aux côtés de Christian Mousseaux-Fernandez (au centre) et de Jean-Pierre Pavon (à droite), Joanne Leighton a détaillé son projet chorégraph­ique et présenté l’objet-abri qui accueiller­a les 730 veilleurs attendus à Évreux. L’expérience se conclura par...

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