La peur n’évite pas le danger, jamais !
Ce lundi 5 juin était inscrit depuis de longs mois sur les agendas des élèves du collège JeanRostand, à Évreux (Saint-Michel). Chaque jour qui passait les rapprochait un peu plus du voyage scolaire qui devait les conduire en Angleterre. Une semaine sans les parents. Mieux, une semaine en immersion dans des familles anglaises, à se dépatouiller avec leur seconde langue, comme des grands. Chacun avait préparé un little gift pour leurs hôtes. Ma fille avait opté pour un assortiment de produits made in Normandy.
Et puis il y a eu l’attentat de Londres, samedi soir - le second dans la capitale anglaise en quelques semaines. Après celui de Manchester. Ceux de Tunis, Le Caire, Nice, Paris, le Bataclan. «Tu crois qu’ils vont annuler le voyage ?», s’est-elle aussitôt inquiétée. «J’espère bien que non, l’ai-je rassuré. Sinon quoi ? Qu’est-ce qu’on fait ? On reste enfermé chacun chez soi à cultiver la peur de l’autre ?» Un premier mail d’un professeur qui encadrait le séjour, dimanche matin, n’était pas aussi confiant. Si aucune décision n’avait été encore prise, il précisait qu’elle serait le fruit de la réflexion conjointe et du ministère de l’Éducation, du rectorat, et du chef d’établissement. C’est lui, Jean-Michel Dorne, qui appellera vers 20 h dimanche (alors que le départ était prévu à 5 h du matin lundi) pour nous annoncer l’annulation du voyage. Parce que les accompagnateurs ont fait jouer leur droit de retrait. Bien sûr, la position du chef d’établissement n’est pas facile. Tout comme celle des accompagnateurs, tout comme celle des parents, mais quoi ? On arrête tout ? Les concerts ? Prendre l’avion ? Le train ? Se promener à Nice ? Les musées ? Les terrasses de café ? L’Angleterre ? Vivre est dangereux, mortel même (à terme). La peur n’évite pas le danger, jamais ! Renoncer encore moins. Never !