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Son jeune collègue meurt après l’accident

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Le 13 mars 2015, deux salariés d’une entreprise de portes coupe-feu, de Romilly-sur-Andelle, roulent sur l’A13 dans le sens Paris-Rouen. Le conducteur, Christophe D., 38 ans à l’époque, a bloqué le régulateur de vitesse du Renault Trafic à 130 km/h.

La route est longue et monotone pour les deux hommes qui ont commencé leur journée à 6 h 15. Soudain, vers 12 h 45, à la hauteur de Saint-Aubin-sur-Gaillon, Christophe D., qui s’est assoupi au volant, est réveillé par un choc violent.

Quand il ouvre les yeux, il réalise qu’il vient de percuter l’arrière d’un ensemble routier. Alors, dans une manoeuvre désespérée, il braque à droite et parvient à immobilise­r le fourgon en bordure du talus longeant la bande d’arrêt d’urgence. Il croit que le pire a été évité.

Hélas, Jérémy, son collègue de 27 ans, ne bouge plus. Il lui parle, le secoue, tente de l’évacuer par le pare-brise… Sans succès. Et ce sont finalement les pompiers qui réussissen­t à le dégager pour le transporte­r à l’hôpital où il décédera 12 jours plus tard en raison de graves contusions pulmonaire­s.

Traces de cannabis

Les constatati­ons des gendarmes montrent que le poids lourd circulait à 85 km/h sur la voie de droite, et que le Trafic roulait effectivem­ent à 130 km/h.

Quant aux analyses, elles révèlent des traces de cannabis dans le sang de Christophe D.

Interrogé, celui-ci déclare avoir fumé un joint avec son collègue, la veille au soir, dans la chambre d’hôtel qu’ils occupaient après avoir effectué un chantier. Il avoue également fumer un joint par semaine, toujours le soir, après le travail.

La dose n’est pas importante. Reste que les traces existent et constituen­t un facteur aggravant.

Dossier mal ficelé ?

Au tribunal, l’avocat du conducteur du Trafic soulève d’emblée la nullité car aucune contre-analyse toxicologi­que n’a été réalisée et les constatati­ons des gendarmes s’avèrent contradict­oires notamment en ce qui concerne le point de choc. Le chauffeur du poids lourd n’est-il pas en cause ? La question est posée.

Pourtant, le tribunal poursuit sa tâche même si les avocats de l’assureur et de l’entreprise regrettent, eux aussi, l’absence de contre-expertises.

« J’étais debout à 6 h 15. Ce n’est pas évident. Je suis choqué autant que vous et ça reste dans mon esprit » affirme, au père de Jérémy, Christophe D., la main sur le coeur.

« Il n’existe pas de douleur plus importante que celle de perdre un enfant. Même si le préjudice d’affectatio­n a été payé par l’assureur, une réponse judiciaire s’impose pour que la famille puisse se reconstrui­re » estime l’avocate de la partie civile.

« Un joint a été consommé la veille et on peut être positif plusieurs jours après » note la procureure avant de requérir un an de prison avec sursis, l’annulation du permis de conduire et une amende pour défaut de maîtrise.

Enfin selon la défense : « pour le parquet les imprécisio­ns des constatati­ons sont sans importance. Néanmoins, le tribunal juge une personne, pas un dossier ». Et de conclure : « ce dossier n’a rien livré au tribunal car il est mal ficelé en amont. Je ne crois sincèremen­t pas aux conséquenc­es du cannabis. Que faut-il faire ? On ne sait pas car nous ne sommes allés au fond de l’affaire ».

Mis en délibéré, le jugement sera rendu le 27 juin.

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