Jean-François Davy n’a toujours pas froid aux yeux
Metteur en scène sulfureux des années 70, Jean-François Davy vient de sortir un nouveau film : Vive la crise !, avec Jean-Marie Bigard et Jean-Claude Dreyfus. Interview. Comment vous êtes-vous retrouvé à Champenard, près de Gaillon ?
Jean-François Davy : C’est une histoire miraculeuse. Cela remonte à 1972, je n’avais pas un rond et j’y ai tourné le film Banane mécanique. Il a fait un million d’entrées en salle ! Cela a payé la maison.
C’était un film un peu oléolé…
Oui, une comédie érotique. Ce cinéma me convenait bien car j’étais attiré par l’érotisme. L’érotisme et mon amour du cinéma se sont très bien conjugués dans ce film espiègle.
Vous dites érotique, pas porno ?
Ha ben non. À l’époque, c’était très soft, très gentil.
Actes sexuels non simulés Vous avez continué cette veine assez ?
Cela s’est trouvé comme cela. Mon parcours cinématographique a coïncidé avec l’évolution des moeurs au cinéma. Et en 1975, j’ai tourné Exhibitions, avec des scènes d’actes sexuels non simulés. Nous avons tourné à Champenard. Le film a été sélectionné pour le festival de Cannes et a été un énorme succès. Ce film a changé la donne dans les moeurs cinématographiques.
Vous avez tourné beaucoup de films érotiques ?
Pas mal oui, car c’était un bon moyen de revenir à un cinéma plus facile sur le plan économique. Encore récemment, j’ai fait des films pour Canal Plus, pour la case du samedi soir minuit… Ça me plaît. Et souvent ces films sont tournés à Champenard.
Un petit Cinecittà Votre maison est devenue un studio de cinéma ?
C’est un petit studio oui. C’est un domaine de onze bâtiments, un petit Cinecittà, avec plein de possibilités de décors différents. On peut trouver à peu près tous les lieux nécessaires au tournage d’un film.
Votre dernier film « la crise ! » n’est pas ? Vive érotique
Non, il y a quelques clins d’oeil, quelques plaisanteries assez cocasses mais c’est une vraie comédie sociétale, une fable à propos de notre monde actuel. Je suis parti de gens marginalisés. Ils vont s’en sortir en retrouvant le goût du bien vivre ensemble.
Pas de difficulté de passer du cinéma érotique au cinéma normal ?
Non, je suis peut-être le seul à être constamment passé de l’un à l’autre, du cinéma fantastique, de la comédie au cinéma érotique. Je n’ai pas d’a priori, ni de complexe. Je suis un cinéaste
Comment avez-vous fait pour attirer toutes ces stars chez vous ?
Je leur ai fait lire un scénario qui leur a plu. Certains ont refusé avant que ceux-là acceptent puis on s’est coopté, nous avons formé une belle troupe. JeanMarie Bigard, Michel Aumont, Jean-Claude Dreyfus, Florence Thomassin : on s’est tous reconnus avec cet esprit un peu anar, frondeur, qui nous a donné envie de faire ce film.
Quelle film ? ambition pour ce
C’est un film pour le public, un film somme dans lequel je réunis tout ce j’ai aimé dans ma carrière. Je fête cette année mes 50 ans de cinéma. Ce film résume tout ce que j’ai aimé faire. On me dit souvent que ce film fait changer la manière de voir les choses, la manière dont on fait de la politique. Cela me touche. Propos recueillis par Patrick Auffret