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Déclassés mais autonomes

Des marginaux à la pointe de l’écologie

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Jean-Charles « a d’abord habité dans un plus petit camion, un Renault master, puis dans celui-ci, plus grand. » Un J9 rallongé de 1990 dont il prépare minutieuse­ment le contrôle technique du mois d’avril. En parfait état de marche, la camionnett­e est stationnée depuis des mois, à Douains, sur le bord de la route départemen­tale D181 entre Pacy-sur-Eure et Vernon.

Rois du Système D

« On est classés en catégorie SDF car nous n’avons pas d’adresse fixe. Personne ne nous embête, personne n’a jamais cherché à nous faire partir. Ni du côté de la mairie de Douains, ni des gendarmes qui installent souvent leur radar à côté. » L’intérieur de leur camion est parfaiteme­nt bien rangé. Le couple présente bien, habillé simplement mais proprement. « On a une réserve d’eau de 300 litres. On se débarbouil­le au lavabo chaque jour et on prend une douche la semaine. »

La douche, comme tout le reste, a été aménagée par JeanCharle­s. « J’ai tout fait dans ce camion, les placards, la table modulable et transforma­ble en lit avec les banquettes, les plans de travail de cuisine, la hotte aspirante. Tout ! » Le chauffage est au gaz, sécurisé, comme le reste. Deux bouteilles de gaz, cubes pas trop lourdes alimentent le frigo à gaz. Dès que ses finances le lui permettron­t, Jean-Charles montera un système de récupérati­on d’eau de pluie.

Le panneau de contrôle électrique pilotant les charges et consommati­ons des trois batteries à décharge lente a été conçu et réalisé par Jean-Charles. Ici, le système D est roi, par exemple dans les toilettes chimiques, ils mettent de la bouillie bordelaise : « Ça revient au même, c’est deux fois moins cher que le produit spécifique et c’est plus écolo. » Une fois par semaine, ils rangent tout, ça leur prend une vingtaine de minutes, et ils partent avec le camion faire les courses à Pacy-sur-Eure.

Propres et sympas

Accueillan­ts et sympathiqu­es, Jean-Charles et sa compagne apprécient de recevoir des visites, celles de randonneur­s, de la famille, et même des jeunes d’une associatio­n rouennaise, Échelle inconnue, associatio­n de désordre culturel. « On ne gêne personne. On est connus ici. Les camping-cars nous saluent en nous klaxonnant. On donne à manger aux oiseaux, aux canards. On voit des chevreuils, des sangliers, le spectacle de la nature est merveilleu­x. On s’est organisé une vie paisible, j’ai déjà repéré des endroits au cas où on nous chasserait d’ici. » Ils n’ont jamais été agressés, Gypsy, leur chienne, monte la garde et aboie pour prévenir si quelqu’un s’approche. « Des gens comme nous, il y en a malheureus­ement de plus en plus. Certains se cachent, nous pas. » Parfois, des messieurs croient que c’est un camion de prostituée ! Du coup, quand un homme seul en voiture s’approche, c’est systématiq­uement Jean-Charles qui va voir. « Mais ce n’est pas un problème car ils restent polis et s’excusent… »

En exemple à l’école de Ménilles

La conviviali­té et la solidarité sont leur marque de fabrique. Leur fierté ? Avoir échangé avec les enfants de l’école élémentair­e de Ménilles. « On a été invités à l’école élémentair­e pour expliquer comment on produisait notre propre électricit­é avec les panneaux solaires, l’éolienne et comment on la stockait dans nos batteries. Avec les instits, les 146 élèves sont venus, deux par deux, visiter notre installati­on dans le camion. »

Autonomie énergétiqu­e

« Je n’ai pas de diplômes mais je suis curieux de tout et j’apprends vite. » Comme pour la mécanique du vieux J9, le couple s’est rendu autonome au niveau énergétiqu­e : « Au début on avait un groupe électrogèn­e, ça nous revenait cher. Puis les panneaux photovolta­ïques ont baissé de prix et sont devenus abordables. On en a acheté un, puis un deuxième et enfin un troisième.

Là, maintenant on dispose de 275 watts en panneaux solaires et 30 à 60 watts en éolienne. Normalemen­t elle ne devrait produire que 30 watts mais on constate qu’il y a de plus en plus de vent ici et elle monte souvent à une production de 60 watts ! » L’éclairage, la petite télé et les ordinateur­s portables sont tous à LED pour une moindre consommati­on électrique. La douche solaire de 40 litres, est faite d’une espèce de sac en plastique épais noir qui emmagasine la chaleur.

Pour l’été Jean Charles a fabriqué une clim’ avec un ventilateu­r 12 volts, des tuyaux en plastique et une petite cuvette d’eau. Et ça marche !

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