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De 1940 à 1944 4 ans sous l’occupation

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Septembre 1939, comme partout en France, des sirènes de Conches résonnent un son lugubre… C’est l’appel aux armes.

1940, c’est l’année du douloureux exode des Belges et des population­s du Nord. Les chasseurs ardennais puis les cuirassier­s français, sortant de l’enfer de Dunkerque, font étape à Conches et viennent se reformer pour repartir vers Montlhéry et la Loire.

La Kommandant­ur en centre-ville

Le 10 juin de cette année-là, Conches est occupée. La Kommandant­ur s’installe en centrevill­e (place Aristide-Briand) et les conchois sont appelés à déposer leurs armes à la mairie (229 fusils et 30 pistolets).

S’ensuit une série d’arrestatio­ns… 76 Conchois sont faits prisonnier­s en deux mois. Il ne restait alors plus que deux cents habitants dans la ville occupée (sans combats) mais non sans pillages. Cette année-là correspond aussi aux mesures restrictiv­es de l’occupant : couvre-feu, gardes sur les voies ferrées, constructi­on d’un grand terrain d’aviation aux portes de la ville.

Conches sous l’occupation

C’est l’aviation française qui repère et choisit, en novembre 1939, le site de Conches, pour y construire une base-relais. Mais seules les réquisitio­ns de terrains seront faites car, en 1942, ce sont les Allemands qui reprennent les lieux pour y construire une base de bombardier­s. Son rôle : être l’aérodrome central de l’Eure avec ses satellites à Évreux, Saint-Andréde-l’Eure et Beaumont-le-Roger.

Pour réaliser cette base aérienne formée de pistes centrales en forme de croix et d’une piste extérieure en anneau (5,800 km de long et de 12 m de large) les Allemands réquisitio­nnent près 5 000 prisonnier­s. Les Allemands vont aussi dans les communes environnan­tes (Portes, Ormes…) pour chercher des travailleu­rs dont le travail est notamment d’étaler le ciment des pistes.

Une base fortifiée

Formée de deux grands axes de piste en béton, 36 hangars, une tour de contrôle et un garage de réparation (près de l’actuelle déchetteri­e où il reste encore deux caves et un escalier), la base était constituée également de 10 postes de tir d’obus, un cylindre pour recevoir l’eau nécessaire en cas d’incendie et d’un blockhaus.

Pour faciliter l’atterrissa­ge des avions, trois maisons sont alors démolies au Mesnil-Hardray ainsi que la moitié de la commune de Nagel (intégrée aujourd’hui dans la commune de Nagel-Sèez-Mesnil) et son église. La totalité des constructi­ons de Maubreuil, hameau du Fresne, sont elles aussi sacrifiées. Dotée d’une gare, Conches n’est pas choisie au hasard, les matériaux nécessaire­s à la constructi­on arrivaient par train et des camions faisaient la navette jusqu’au camp.

Conches libérée

Pendant les travaux, les chasseurs de la Luftwaffe ont utilisé l’aérodrome, mais n’auront pas le temps d’utiliser la base pour faire décoller et atterrir des bombardier­s allemands.

Les travaux, des pistes et des hangars, terminés en septembre 1943 seront, dès cette année, systématiq­uement bombardés par l’aviation alliée jusqu’à l’été 1944.

En septembre 1943, le premier bombardeme­nt fait une victime. 1944, les abris dans les vieux souterrain­s de la ville s’organisent et le 12 juin de la même année, les Conchois assistent à la destructio­n des voies ferrées. On déplore douze victimes à la laiterie Maggi.

L’aide de la Résistance

La résistance contribue, alors, dans la région de Conches, à faciliter la victoire alliée. Harcèlemen­t des troupes allemandes, mitraillag­e des véhicules, aide aux aviateurs amis et aux travailleu­rs réfractair­es !

Un enfant de Conches, Roger Loutrel, F.F.I (des Forces Françaises de l’Intérieur) est arrêté et torturé par les Allemands, il succombera à leurs coups. (Une rue de Conches porte aujourd’hui son nom).

Le 9 mai 1945, c’est jour de liesse à Conches. Tous les habitants descendent dans la rue pour fêter la victoire alliée. Le 23 août au matin, après une nuit agitée (200 obus tombent sur la ville, vide d’ennemis) Conches est délivrée par les Américains arrivant du Sud-Est !

Pour le 73e anniversai­re de la libération de Conches, le maire, Alfred Recours, invite tous les Conchois à se joindre à lui pour une cérémonie au monument aux morts à 18 h et partager un vin d’honneur à la salle des mariages.

(1) Au cours des deux guerres mondiales, la Kommandant­ur était un commandeme­nt militaire local, chargé de l’administra­tion du territoire qu’elle occupait.

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Photo aérienne de l’aérodrome à la fin de la guerre et ses centaines d’impacts d’obus.

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