Eure Infos

Le pâtissier eurois en prison

-

« Un contrôle sanitaire a été effectué dans le local dans lequel il travaille. Ils l’ont emmené sans explicatio­n avec sept autres personnes alors que le patron était parti. » Jeannine Fortin, une archéponta­ine de 72 ans, est toujours sous le choc. Son fils Laurent, un pâtissier eurois de 48 ans, est emprisonné depuis 146 jours à Shanghai. « Je suis sans nouvelle, je ne reçois pas de lettre. Et c’est impossible d’aller le voir car c’est interdit. Il m’a juste laissé un petit message en partant, juste avant d’être emprisonné. »

Non-conformité de la farine

Les seules nouvelles, Jeannine les reçoit du consulat, qui va voir son fils en détention une fois par mois. Laurent Fortin est enfermé depuis le 23 mars 2017. Il a été emprisonné après que de la farine périmée a été découverte lors d’un contrôle des autorités chinoises dans l’unité de production de pâtisserie­s de l’usine dans laquelle il travaille. C’est un ancien salarié de l’usine qui a dénoncé, vidéo à l’appui, la non-conformité de la farine utilisée par l’entreprise.

Si le pâtissier est accusé dans cette affaire, c’est parce que le gérant de l’usine, qui possède d’autres biens en Chine, a préféré fuir le pays après avoir été auditionné par les autorités chinoises. Arrivé à Shanghai en décembre 2016, ce dernier, père de deux enfants, serait détenu dans des conditions très difficiles.

Pas de mobilisati­on politique

En France, sa famille se mobilise et son frère David active toutes les sonnettes pour tenter d’attirer l’attention sur la situation dramatique de son frère, visiblemen­t innocente victime d’une escroqueri­e qui le dépasse. « Personne ne se mobilise chez les politiques, déplore David Fortin. Seul Hervé Morin est intervenu. Il ne comprend d’ailleurs pas pourquoi cette affaire n’avance pas. En attendant ma mère est obligé de travailler, à 72 ans, pour payer les loyers de mon frère et sa pension alimentair­e, car il est en instance de divorce. »

La fuite du patron

Car à 8 000 kilomètres de l’Eure, Laurent Fortin est très isolé. Son frère David tente de faire évoluer la situation. « Je ne comprends pas qu’il puisse rester en prison par la faute de son patron, souligne David Fortin. Je comprends le fonctionne­ment asiatique mais pas le fait qu’un chef d’entreprise puisse fuir ses responsabi­lités comme cela. »

« Mon frère paye pour tout le monde »

Ce chef d’entreprise serait aujourd’hui rentré en France et serait installé dans le Sud, près de Perpignan. « La gendarmeri­e m’a indiqué ne rien pouvoir faire contre lui car il ne lui est rien reproche en France. En mars dernier, la Chine a fait fermer toutes les entreprise­s de ce monsieur et c’est mon frère qui paye pour tout le monde ! Car en Chine, on enferme sur une rumeur et il faut un coupable. Aujourd’hui, ce coupable, c’est Laurent Fortin. »

Ce dernier risque aujourd’hui 15 ans de prison et vit sans doute très difficilem­ent son incarcérat­ion. Il souffre en effet selon son frère de multiples problèmes cérébraux et serait soumis à de l’hypertensi­on. « Son traitement a été arrêté, s’inquiète David. J’ai peur pour sa santé. En France, c’était déjà compliqué, imaginez en chine, enchaîné sur une paillote par terre ! »

Débauché via les réseaux sociaux

David fortin était parti en Chine afin de répondre à ses obligation­s familiales et « payer ce qu’il y avait à payer. » « Il aurait aimé trouver du travail en France mais c’était compliqué. Il a été débauché via les réseaux sociaux et a sauté sur l’occasion. Nous l’avions tous encouragé. Il est en Chine depuis le 1er décembre 2016. Le 23 mars il est en prison, pour payer les 14 années d’insalubrit­é de son patron. Il voulait d’ailleurs quitter cette entreprise pour cette raison car cela ne correspond­ait pas à sa manière de travailler. »

Pour faire avancer les choses et tenter d’attirer l’attention des autorités, David Fortin a lancé lundi 14 août dernier, une pétition sur le site change. org. Adressée au président de la République, Emmanuel Macron, et au ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, elle avait récolté, mercredi 17 août, plus de 1 300 soutiens. « Nous l’avions tous motivé à faire cette expérience extraordin­aire, regrette David Fortin. Elle restera extraordin­aire. Patrick Auffret, avec Actu.fr

Newspapers in French

Newspapers from France