La Madeleine, le retour du concierge
Soutenue par le Conseil citoyen, la SAIEM-AGIRE travaille, avec les locataires d’un ensemble de trois immeubles, à la coconstruction d’une conciergerie solidaire. Une première en France.
De retour dans les quartiers chics des grandes métropoles ou dans les entreprises, les conciergeries reviennent au goût du jour. Lieux de rencontres et d’échanges marchands où l’on propose une multitude de services payants, elles gagnent petit à petit le coeur des villes.
À Évreux, un bailleur a décidé de tenter l’expérience, sur un autre modèle, en proposant aux locataires des quatre immeubles des rues Racine, Rugby, Molière et Jean de La Fontaine de leur construire une conciergerie solidaire où leur sera proposée une large panoplie de services.
Au coeur d’un vaste îlot où convergent les 17 cages d’escalier de trois barres d’immeubles de 170 logements, la SAIEMAGIRE dispose d’un grand terrain ouvert sur un seul côté. « Nous voulons le restituer aux locataires », explique Sébastien Portello. Le fermer (le résidentialiser) pour en faire un espace partagé réservé aux seuls habitants. C’est là que le bailleur espère installer sa première conciergerie. Sans forcer.
Consultation des locataires
À contre-pied des travaux menés dans le quartier durant l’opération de renouvellement urbain, le bailleur n’a pas choisi d’imposer ses choix. Le projet de conciergerie ne se fera qu’avec le consentement des locataires. Pour y parvenir, « nous avons missionné le Conseil citoyen pour travailler sur le projet ». Soutenu par le centre social de la Madeleine et le service de gestion de proximité de l’agglomération, le Conseil a engagé une consultation. Depuis plusieurs semaines, des équipes sillonnent les cages d’escalier des trois immeubles pour recenser les attentes des locataires. « L’enjeu de fond, c’est de recréer du lien social pour que les locataires puissent se rendre des services entre eux », espère le directeur de la SAIEM. François Bouillon et Maurice Alazet sont confiants. « Bien accueillis par des locataires parfois un peu sceptiques quant à la réalisation de ce beau projet », les deux représentants du Conseil citoyens misent, en partie, sur les solidarités déjà en place dans les cages d’escalier pour faire émerger des services. « Tout le sujet va être là. Il faudra mobiliser les locataires et tenir dans la durée ».
Un super-concierge
Il sera au coeur de la future conciergerie. Salarié par le bailleur, le super-concierge de l’îlot « aura vocation à faire vivre le lien entre les locataires, les habitants et les différents partenaires ». Animateur, coordinateur, c’est sur lui que reposera la réussite des services mis en place. Lesquels ? C’est l’objet du porte à porte lancé par le Conseil citoyen. « Pour servir de fil conducteur aux entretiens que nous aurons avec les habitants de l’îlot concerné, nous dressons une première liste d’activités que pourrait remplir cette conciergerie du commun et que nous leur soumettrons. Liste qui sera nécessairement complétée, amendée à partir de la consultation et de l’implication des citoyens », détaille le Conseil citoyen.
La méthode a déjà permis de dégager quelques axes prioritaires, jugés « très utiles » par les locataires : l’accès à des PC en libre-service, l’aide aux devoirs et la mise en place d’un espace convivial commun en font partie. Suivent d’autres propositions, l’accueil des nouveaux arrivants, la création d’un réseau social de voisinage, un service partagé de garde à domicile des enfants, etc. L’ensemble sera soumis aux locataires de l’îlot en septembre lors d’une rencontre dans les locaux de la Régie de quartier.
Sans effet sur les loyers (pas d’augmentation), la mise en place de cette conciergerie innovante a un autre objectif. Elle doit permettre de revaloriser un secteur où le nombre de logements vides est important (20 %). « Nous avons un problème de vacance. En proposant une offre de services complémentaires à la gestion locative pure, nous pouvons peut-être régler cette vacance », espère Ludovic Bourrellier, le président de la SAIEM.
S’il aboutit après cette phase d’étude, le projet de conciergerie pourrait être lancé en 2018 avec la construction du bâtiment, l’aménagement paysager de l’îlot et la réfection des 17 cages d’escalier. Ensuite, « si le modèle fonctionne, on espère pouvoir le reproduire ailleurs » conclut Sébastien Portello.