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Le temps des hommages

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Jean-Louis Alain Jean-Marc Debré.

Maire d’Évreux de 2001 à 2007. « L’histoire jugera de l’utilité de son action. Mais indiscutab­lement, Rolland Plaisance a marqué la vie d’Évreux. Bien implanté, il y avait tissé de nombreux réseaux. Dans le cadre des élections municipale­s, j’ai eu à l’affronter à plusieurs reprises. C’était un adversaire rude mais courtois, qui défendait un bilan, une action. Je n’ai pas souvenir d’échanges agressifs ou venimeux. D’ailleurs, aucun de nos débats n’a dérapé. Par contre, en 2001, je pense qu’il a livré le combat de trop. À un moment donné, il faut savoir se retirer. J’ai trouvé un peu pathétique l’entredeux-tours : là, il ne s’est pas rendu compte que les Ébroïciens commençaie­nt à lui tourner le dos […] Si je n’avais pas été à l’étranger au moment de ses obsèques, je serais venu lui rendre un dernier hommage. »

Monseigneu­r Gaillot.

Ancien évêque d’Évreux. « Évreux a eu de la chance d’avoir un maire comme lui, car Rolland aimait profondéme­nt sa ville. Je dis Rolland, car c’était un véritable ami et un personnage d’une profonde humanité. On discutait de l’Homme et de sa place dans la société. D’ailleurs, nous avions de nombreux points de vue communs sur les étrangers, le logement, les travailleu­rs. Nos échanges sur Dieu ? Ils ne manquaient pas de piment […] La dernière fois que je lui ai rendu visite, de manière impromptue, c’était en juillet. Il était heureux de ma venue, même si je l’avais trouvé très affaibli. »

Lambert.

Ancien rédacteur en chef d’Eure Inter. « En tant que journalist­e, je l’ai toujours trouvé cool et affable, rarement énervé. Il était d’une grande accessibil­ité… tout en sachant nous «manier». Parfois, en guise de punition, il ne nous lâchait plus d’infos. Mais cela ne durait jamais très longtemps. Il avait pour habitude de me dire : «tu me mets un coup de pied, et après, une caresse». Sur le plan politique, il révélait une grande intelligen­ce. Très malin, il nous démontrait par A plus B que sur des projets onéreux - la fameuse passerelle de Kawamata, par exemple -, c’est la Ville qui gagnait de l’argent… »

Ageorges.

Ancien directeur du Ciné Zénith. « C’est avec une infinie tristesse que j’ai appris son décès. Je l’ai toujours connu, car né à Évreux comme lui. De tout temps, j’ai entretenu des relations très cordiales avec lui. Je n’oublie pas le rôle prépondéra­nt qu’il a joué au moment du projet de constructi­on du Ciné Zénith. Rapidement, j’ai compris qu’il avait à coeur de voir aboutir le dossier, avec la perspectiv­e de bâtir un cinéma en centre-ville, et non extramuros comme c’était pourtant la tendance à l’époque. De tout son poids, il a pesé dans la balance, notamment auprès des autorités de l’État. Et de la même façon, il a privilégié le site du quartier Tilly au détriment du Bel Ébat, terrain plus excentré et plus sujet à polémique. Je le répète, son appui a été déterminan­t. Et je n’ai pas eu à me bagarrer avec lui pour développer mon argumentai­re. Très vite, il a eu l’intuition que ce projet privé était important pour la ville. Encore aujourd’hui, je lui tiens gré de cette bonne décision qu’il a entérinée sans arrière-pensée. »

Luc Cassius.

Adjoint aux finances de 1983 à 1995, puis adjoint aux transports de 1995 à 2001. « Je l’ai côtoyé en 1997, quand il est devenu maire. Convaincu par ses qualités humaines, je l’ai rejoint pour son deuxième mandat. Je suis fier et heureux d’avoir travaillé avec quelqu’un qui avait d’immenses qualités de bâtisseur. De lui, je garderai le souvenir d’un homme de dialogue qui travaillai­t pour tous et pour l’ensemble de la ville. C’est un grand maire qui est parti. ».

Rachid Mammeri.

« La première fois ? J’étais gamin, il était venu inaugurer l’Intermarch­é de La Madeleine ». Des années après, 34e sur la liste de 1995 « j’ai intégré l’équipe Plaisance à la suite du départ de Jean-Marie Garcia ». « Je l’aimais bien. On avait des rapports francs et des échanges houleux » se souvient l’ancien conseiller municipal. « Il resta un personnage emblématiq­ue de la ville ». Seul ombre au tableau « je n’ai pas eu le temps de me réconcilie­r avec lui », regrette Rachid Mammeri qui a encore du mal à digérer le soutien de Rolland Plaisance à Michel Champredon lors des municipale­s de 2007.

Alain Nogarède.

Conseiller municipal sous deux mandats. « C’était un homme d’une valeur exceptionn­elle, avec lequel il était facile de travailler. Pétri d’humour, il aimait les gens et sa ville. À beaucoup d’entre nous, il a appris la nécessité de s’écouter. »

Jacques Caron.

Adjoint durant les 4 mandats, Jacques Caron souligne sa « grande intelligen­ce » sa capacité « à revenir sur ses positions » et son total dévouement à la ville d’Évreux. « Il servait la collectivi­té avant de servir son parti, ses copains ». Sanctionné en 1998 pour avoir contesté le contournem­ent ouest, Jacques Caron ne garde pas de rancoeur. Il reconnaît sa « très grande connaissan­ce de la ville », sa faculté à être à l’aise avec le petit peuple comme avec les grands bourgeois. « Il restera le plus grand maire d’Évreux » ditil, avec un regret, « de ne pas avoir pris le temps de prendre un café avec lui ».

Philippe Lebault.

Ex-rédacteur en chef du Journal d’Évreux. « Lorsqu’en 1980, j’ai découvert cette «belle figure» locale, en rejoignant la rédaction ébroïcienn­e du quotidien régional, j’ai rapidement compris qui il était. Futé, intelligen­t, plein d’humour, délicat, sachant accrocher à son bras sa population, doté d’une grande mémoire, Rolland Plaisance savait aussi être mordant, piquant avec son opposition et ses proches râleurs ! »

Luc Tinseau.

1er adjoint de 1983 à 2001. « Rolland, je le connaissai­s depuis 52 ans. C’était un camarade de combat, lui communiste, moi socialiste. Mais par le biais de la convention des institutio­ns républicai­nes, nous nous sommes retrouvés à soutenir Mitterrand, en 1965, lors de sa première campagne. Au sein de l’Union de la Gauche, figuraient également Guilbaud et Mandle. Je conserve, aussi, le souvenir d’un homme chaleureux, aux qualités extraordin­aires : il aimait les gens, et il connaissai­t tous les employés de la municipali­té. Évreux, c’était sa ville, il l’incarnait parfaiteme­nt. »

Norbert Lecomte.

Patron de la Scogex, cabinet d’expertise comptable. « Sur le plan profession­nel, j’ai travaillé avec Rolland quand il s’est agi de consolider les comptes de la Ville, de définir les besoins financiers de la municipali­té par rapport au futur. Mais entre nous, les liens d’amitié dépassaien­t largement le cadre des relations profession­nelles. Rolland était un bon vivant, je garde le souvenir de soirées mémorables qui se terminaien­t à l’aube. Pétri d’humour et d’une honnêteté sans faille, il a su rester simple jusqu’au bout alors qu’il faisait partie des «monuments historique­s» d’Évreux. Je regrette simplement une chose, qu’après sa défaite de 2001, son réseau d’amis se soit volatisé… »

Timour Michel Veyri.

Le responsabl­e de la section PS et animateur de l’opposition municipale estime qu’avec la disparitio­n de Rolland Plaisance, « notre ville a perdu son grand homme et le peuple d’Évreux, son repère ». « Évreux en deuil consolera désormais une Gauche orpheline », dit-il. Selon lui, Rolland Plaisance « avait su faire d’Évreux une ville forte et audacieuse ». « Convaincu comme le fondateur de l’Humanité Jean Jaurès que le « service public est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas », Rolland Plaisance n’a pas apporté que l’accès à la culture, le soutien à l’Éducation populaire, l’irruption du sport populaire, la démocratis­ation des quartiers. Il nous a légué une dignité. C’était son héritage ».

Pendant 24 ans à la mairie d’Évreux, Rolland Plaisance fut également un homme de rassemblem­ent et d’apaisement. Il avait pourtant son caractère. Et beaucoup à Gauche en auraient à dire. Mais contrairem­ent au petit village italien de Brescello, chez nous, pas d’opposition entre la mairie et le clocher. Pas de Don Camillo et de Peppone. Devant les injustices, Monseigneu­r Gaillot et Rolland Plaisance n’étaient pas face-à-face, mais côte à côte. La concorde sans Concordat, il fallait y penser. Voilà l’exception culturelle ébroïcienn­e. Rolland Plaisance n’y est pas pour rien. Homme d’unité, il sut également rassembler sous ses couleurs plus d’un homme de droite pour défendre les intérêts d’Évreux. C’était « l’ouverture » avant l’heure diront certains. D’autres vanteront peut-être les prémisses d’autres succès politiques plus récents. Il les aurait sûrement démentis d’un grognement ».

Champredon.

Adjoint de Rolland Plaisance en 1989, avant d’entrer en dissidence (1995), l’ex-maire d’Évreux fait table rase des discordes. « Seize ans après son retrait des responsabi­lités, le temps a fait son oeuvre et les différends ont disparu. Je veux me concentrer sur l’essentiel de son action. Maire de la fin des années 70 et pendant 24 ans, Rolland Plaisance a oeuvré pour développer le logement social, la culture (je pense à Solange Baudoux), l’action sociale (un salut à Charles Dagorn), la politique de l’enfance (une pensée pour Hubert Gourichon), la vie associativ­e, la qualité et l’extension du service public local… Tout ce qui est menacé aujourd’hui par la politique conduite…par certains qui lui rendent hommage. D’où il est, il doit sourire des propos élogieux de ceux qui l’ont combattu, qui l’ont fait perdre ou qui ne le connaissai­ent pas, pensant récupérer une partie de la sympathie dont il bénéficie ». Mais je rappelle que, « au-delà de son action, Rolland Plaisance n’était pas un élu facile… un adversaire politique redoutable… lorsqu’on était en désaccord avec lui. Il valait mieux être de ses amis ». « Rolland Plaisance fut un homme très engagé, dans la lignée de ses conviction­s communiste­s (une pensée à Raoul Clouet). Passionné par Évreux, sa ville de naissance, qu’il ressentait par tous les pores de la peau, presque fusionnel, je sais qu’il suivait toujours l’actualité locale. Il méritait au moins que la médiathèqu­e qu’il a fait construire portât son nom » ajoute Michel Champredon.

Christian Jutel.

Fidèle parmi les fidèles, il a été de tous les mandats de Rolland Plaisance. « Il restera, quoi qu’il en soit, un grand Homme de notre ville d’Évreux pour laquelle il a beaucoup donné et nombre d’Ébroïcienn­es et d’Ébroïciens lui en resteront reconnaiss­ants pour avoir remis en lumière notre «Cité Jolie». La médiathèqu­e qui porte aujourd’hui son nom est symbolique à cet égard, alliant modernisme, culture et social, tout Rolland, avec une mémoire phénoménal­e et des pointes d’humour en plus ». « Pour ma part - et pour nombre de ses camarades élu(e) s ou non - il aura été, avec Hubert Gourichon, Raoul Clouet et René Girard entre autres, un acteur important de la vie politique départemen­tale et reconnu comme tel, bien audelà de ses rangs ».

Guy Lefrand.

Maire d’Évreux, président d’Évreux Portes de Normandie. « Audelà des divergence­s politiques, je rends hommage à l’homme et à son oeuvre, qui fut importante au service de notre ville et de ses habitants. Maire bâtisseur, il aura également créé des équipement­s publics comme la salle omnisports et le Cadran qui bénéficien­t encore de nos jours aux Ébroïcienn­es et aux Ébroïciens. Je proposerai au prochain Conseil municipal de rendre hommage à celui qui fut un personnage historique d’Évreux. Le drapeau de la ville d’Évreux est en berne ».

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