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La victime handicapée à vie…

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« Je me rappelle seulement de quelques images. Dans mes souvenirs, il ne reste pas grand-chose. » Julien Bosson, 37 ans, demeurant à Gravigny, peine à expliquer les événements qui l’ont conduit au tribunal d’Évreux. Les mains derrière le dos pour maîtriser un léger tremblemen­t, il ne parvient effectivem­ent pas à se remémorer ce qui s’est passé le 12 décembre 2016 à Évreux à la sortie d’un établissem­ent où était donné un concert de reggae.

La victime, quant à elle, n’est pas près d’oublier. Souffrant d’une infirmité permanente provoquée par de sévères lésions cérébrales, ce solide gaillard, ancien chauffeur de poids lourd, a en effet vu sa vie basculer en quelques instants.

Une vie qui bascule

Tout a commencé par une altercatio­n lors du concert. Pris à partie par plusieurs individus fortement alcoolisés, il est sorti. Il a alors été jeté à terre et roué de coups. La bagarre s’est achevée grâce à l’interventi­on de médiateurs de la Ville.

A priori, tout était rentré dans l’ordre et la victime n’avait plus aucune raison de se méfier du prévenu.

« Il s’est approché doucement et lui a donné un coup en traître », ont déclaré des témoins avant d’enchaîner : « Il lui a mis une droite dans la mâchoire. KO, la victime a basculé vers l’arrière et sa tête a heurté le sol. » Toujours selon ces mêmes témoins, Bosson aurait alors dit : « La rue, c’est la rue. C’est la règle ! »

Cette pitoyable histoire n’a été révélée aux policiers que quelques jours plus tard par la compagne du malheureux placé en soins intensifs. Selon l’avocate de la partie civile, même si l’origine de l’altercatio­n est floue, la suite ne l’est pas : « Le coup a été porté alors que la situation était apaisée. Julien Bosson s’est vanté d’avoir mis son adversaire à terre et a ajouté qu’il allait le retrouver le lendemain. »

Après avoir rappelé les antécédent­s du prévenu sous le coup d’un sursis avec mise à l’épreuve, le procureur a, de son côté, parlé de « faits d’une totale gratuité » et requis trois ans de prison.

Le tribunal a suivi le parquet et les dédommagem­ents de la CPAM et de la victime sont renvoyés sur intérêts civils au 19 décembre.

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