Évreux s’encanaille
Sex-shop et club libertin
« On est plus dans les années 70-80, argumente Siverse Lachèvre. Rocco et ses prouesses ne sont plus dans l’air du temps. » Pour le gérant de Love & Luxury, désormais, « il faut du glamour dans un sexshop ». Le sexe, lui, est représenté par des icônes comme Clara Morgane. « Du moins dans la génération qui fréquente ce genre de lieu. »
Évreux, ville coquine
Si le patron enquille d’emblée sur ce sujet, c’est pour répondre à la petite vindicte dénichée sur les réseaux sociaux. L’annonce de son arrivée dans la zone industrielle de Nétreville a en effet suscité l’émoi des internautes. Du bon côté parfois, mais du côté obscur surtout. L’homme, qui révèle sans langue de bois ses dix années d’expérience dans le libertinage, affirme : « Les gens parlent de ce qu’ils ne connaissent pas. » Philosophe, il constate simplement « qu’on ne peut pas plaire à tout le monde ».
Et comme pour toute installation, Siverse Lachèvre a mené une étude de marché. Le résultat est sans appel. Évreux est une ville où l’installation de son enseigne « est nécessaire. Il y a
un véritable marché ». Preuve en est, plus d’une cinquantaine de personnes sont déjà venues se renseigner sur le projet. Et en quelques clics dans les profondeurs du web, on déniche rapidement la communauté libertine ébroïcienne !
D’utilité publique
Il rapporte également que la communauté gay et bisexuelle est privée d’un endroit dédié aux… câlins en tout genre dans la région d’Evreux. Et ce depuis la fermeture du sauna libertin L’Équatorial. Du coup, les « affiliés » avaient parfois décidé d’investir des endroits peu propices aux rencontres. « Quand on se promène dans les bois et forêt et qu’on trouve des préservatifs ou autres. Ce n’est peut-être pas le meilleur endroit… » Siverse Lachèvre, sourire en coin, s’érige en sauveteur : « Ce n’était pas possible, il fallait que je fasse quelque chose ! »
Le Superman du plaisir s’est alors lancé, et n’a pas hésité à débourser l’équivalent de 80 000 € pour acquérir et aménager les plus de 300 m2 de l’ancien hangar de Promo Concept. « L’entrée ne se verra pas depuis la rue, il faudra volontairement pénétrer dans l’arrière-cour. » Impossible d’y arriver par hasard.
À la pointe du plaisir
Les clichés ont la vie dure et pour beaucoup, « on imagine des posters sur les murs et des rangées de cassettes pornos ». Et pourtant, dans les cartons qui parsèment les 100 m2 du coin sex-shop, on déniche de… tout ! Des jeux de dés coquins. Des systèmes de stimulation en tout genre et de toutes les tailles. Vraiment, vraiment, toutes les
tailles ! Des tenues ou des jouets coquins, des poupées gonflables
et des huiles de massage. « Mais aucun DVD. Depuis internet, ça plus à rien ! Plus de 500 références, de 4 à 500 €. »
Et sinon, côté coin câlins…
En plus de la partie sexshop, accessible librement à condition d’être majeur, les plus aventureux auront accès à un coin câlin. Plutôt un immense espace aménagé. Avec une certaine fierté, le patron dévoile la partie cinéma. Canapé en cuir noir, grand écran et ambiance cosy. Place à l’imagination pour le déroulé de la séance.
Dans l’espace libertin, toujours en travaux, l’une des petites cabanes en bois intrigue plus que les autres. « Pourquoi des hublots ? On va dire que c’est la partie voyeurisme », s’amuse Siverse Lachèvre.
Mais pour la première fois, l’homme efface son rictus quand
on évoque la sécurité : « Il y aura une dizaine de règles strictes à respecter. Pas de caméra, ni de téléphone et du respect ! »
Il souligne durement : « Cette espace sera sans alcool, il ne faut pas tout mélanger. »
L’heure de laisser le gérant peaufiner son installation est arrivée. Il lance, du coin de la
porte : « N’hésitez pas à venir faire un tour pour l’inauguration. » Chiche ?