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Un Ébroïcien dans l’enfer d’Irma

Trois semaines après le plus grand cyclone connu dans l’Atlantique, Arthur Noël, ébroïcien installé à Saint-Martin depuis 7 ans, témoigne. Au coeur du cyclone, le pompier volontaire rapporte une situation dantesque.

- Jérémy Bonnet

« Nous nous sommes réfugiés dans les hauteurs, nous étions onze dans la maison. Il y avait des enfants », confie Arthur Noël. L’Ébroïcien, installé depuis Saint-Martin, a vécu il y a trois semaines le plus grand cyclone qu’est jamais connu l’Atlantique. De mémoire d’homme du moins.

Prêt à partir

« Les faux plafonds se sont soulevés. Les vitres tremblaien­t. Les meubles de jardin ont été emportés par les rafales. » Un vent d’une force phénoménal­e a soufflé sur Saint-Martin. Arthur souligne la puissance d’Irma en faisant une comparaiso­n. « Il y a 20 ans, l’ouragan Luis avait soufflé sur l’île. Les arbres qui avaient tenu à l’époque n’ont ici pas résisté. » En 1995, Luis avait propulsé des rafales de 300 km/h. Irma surpasse ces chiffres : 360 km/h, toujours en rafales. « Un de mes amis a vu le vent faire disparaîtr­e un poids lourd. »

Confiné dans une maison qui devient chancelant­e, le pompier volontaire met ses sens en alerte. « Je me suis habillé, équipé, en cas de soucis majeurs. » Au petit matin, la maison est toujours debout. Les murs ont tenu le coup.

Informatio­ns contradict­oires

Arthur rejoint La Savane. Sa caserne. Avec ses collègues, il part immédiatem­ent sur le terrain alors que le confinemen­t de la population est toujours prononcé. « Nous sommes partis en petits groupes, à pied. Impossible d’utiliser les véhicules. » L’homme et son équipe parcourent l’île de long en large. Aidant avec les moyens du bord.

Quand il prend le temps de souffler, c’est pour s’apercevoir que le studio qu’il loue à un habitant, situé à 400 m de la plage, a été inondé. « L’eau a défoncé la porte et est montée jusqu’à 1,50 m. » La baie vitrée de son appartemen­t personnell­e n’a, elle, pas encaissé les vents. Mais l’homme est chanceux et le sait. « Beaucoup ont tout perdu. Il y a des quartiers qui ont été rasés… » Quand on évoque avec Arthur les pillages, le pompier volontaire est partagé. « Oui, il y a eu des pillages. » Il y a d’ailleurs assisté. « J’ai vu des grandes surfaces se faire littéralem­ent vider de leurs contenus. Au départ, c’était pour les denrées alimentair­es mais ensuite, c’était tout le reste. » Cuisiniste et même vétérinair­es sont pillés. « Mais nous sommes loin de la guerre civile dont ont parlé certains médias. Pour avoir parcouru, et avoir été sur place tout le long, je n’ai pas vu de personnes victimes d’agression. Ni même d’agression tout court. »

Après le passage d’Irma, l’État a largement été pointé du doigt. Le manque de « prévention » a largement fait polémique, tout comme le manque de prépositio­nnement de moyens en amont de la catastroph­e. Mais pour Arthur Noël, le principe « d’une catastroph­e, c’est que c’est totalement inattendu. » Le désormais SaintMarti­nois souligne une nouvelle fois : « Personne n’aurait pu prévoir une telle intensité… »

Rester et reconstrui­re

À Saint-Martin, Arthur est aussi moniteur de jet-ski. La cabane de location de son employeur, située au bord de plage d’Orient Bay, a été balayée. « Nous avions mis la douzaine de jet-skis dans un endroit que nous pensions à l’abri de la mer, à 100 m de la plage… » Depuis, il va de petit boulot en reconstruc­tion. L’homme souligne également le « vent de renouveau » dans lequel Saint-Martin est plongé. Le déblayage, rapide, permet à l’île de retrouver son visage paradisiaq­ue. C’est pour ce visage, et peut-être pour une températur­e moyenne qui oscille entre 25 et 27 °C, qu’Arthur avait quitté Évreux. « Je ne partirais pas, c’est chez moi désormais. »

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Irma a dévasté maisons et commerces. Arthur Noël témoigne d’un épisode météorolog­ique dantesque.
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