Dans l’oeil de Vincent Connétable
Photographe, Vincent Connétable a réussi à en faire son métier. Son talent se fait remarquer : Maison des arts, Venus in Fuzz et maintenant MJC. Son regard noir et blanc sur ce qui nous entoure s’expose partout. Portrait.
Prolongement de son bras depuis sa plus tendre enfance, l’appareil photo argentique n’a pas de secret pour Vincent Connétable. Passionné par la photographie depuis son plus jeune âge, il multiplie les prises de vues, de tout et de tout le monde. « Vers 10 ans, j’ai fait mon premier développement et mes premiers tirages, c’était magique ! Je me suis alors dit que je voulais faire ça quand je serai grand ».
Après le baccalauréat, il entre à l’École des Gobelins,
« la grande classe ! » Il en ressort diplômé en 1992 et devient « tireur d’élite » dans un grand laboratoire parisien qui « ne produisait que de la qualité, en noir et blanc, sur du papier de luxe ». C’est alors que tout bascule. À l’aube des années 2000, la révolution numérique s’attaque à l’image. Les labos ferment les uns après les autres. Le sien aussi. « J’ai réussi à vivoter en travaillant dans des «usines» à photo » mais l’avenir dans ce métier semble complètement bouché. Établi à Paris, Vincent change de voie, de métier, de vie. Du multimédia, des start-ups. Il crée alors l’entreprise www.delamaison.fr qui cartonne. Tellement qu’elle est revendue assez rapidement. Dix ans ont passé. Il est temps de rentrer à Évreux.
Le numérique : trop cru
En 2014, il retourne à ses premières amours, la photographie… Il apprivoise les boîtiers numériques, sans préférence particulière pour telle ou telle marque, « peu importe l’appareil pourvu qu’on ait l’oeil ». Et il décide, au bout du compte, « d’en refaire mon métier ». Son credo : le noir et blanc, « plus que tout ». Malgré tout, « je n’arrive pas à me faire au rendu du numérique, je trouve cela trop froid, trop
cru ». L’astuce ? Après avoir retravaillé les contrastes sur
Photoshop, compenser la perte du rendu de l’argentique par la qualité du papier sur lequel il tire ses clichés. « Je bosse avec Kameleono, l’atelier d’impression de Jean-Philippe Billaux à Hécourt, près de Pacy-sur-Eure. Il dispose d’un papier mat de haute qualité
qui permet d’aseptiser le côté cru du numérique. Le rendu est digne d’un tirage argentique ».
En novembre dernier, la Maison des arts Solange-Baudoux l’embauche à temps partiel pour mener des ateliers. En plus de ce travail qui lui permet d’accompagner des élèves « qui arrivent avec des projets, avec lesquels on mène des expérimentations et auxquels je tente de faire découvrir tous les aspects artistiques de la
discipline », il est missionné pour construire des ponts avec les autres disciplines dispensées à la Maison des arts : bande dessinée, sculpture, gravure… Des projets transversaux qu’il affectionne, comme il lui plaît de travailler avec des compagnies artistiques aussi diverses que variées.
Jouer avec les échelles
La compagnie de danse contemporaine Willy Max a fait appel à lui. Les groupes de musiques locaux, à l’image de Metro Verlaine, louent ses services. Et le photographe contribue également à immortaliser les soirées-concerts de Venus in Fuzz. Mieux, pour cette structure dont il fait partie, il coordonne des détournements de tableaux mettant en scène les bénévoles et les orchestres programmés. Les posters ainsi réalisés figurent en bonne place dans le Very Important Fanzine gratuit proposé régulièrement par l’association ébroïcienne.
Une « performance » qui n’est qu’une facette des thèmes abordés par l’artiste. « J’aime beaucoup jouer avec les échelles ». De clichés de paysages, aux lignes épurées, aux détails de troncs d’arbres, en passant par ses Reflets. Des lignes d’onde dont on ne sait si elles sont prises en gros plan ou vues du ciel. « Ces photos m’intéressent parce qu’elles interpellent, elles
interrogent, elles obligent le spectateur à cogiter. C’est le but recherché. Pour moi, une bonne photo, elle amène une réaction, qu’elle soit positive ou négative ».
Une douzaine de ces Reflets sera exposée à partir de ce mardi et jusqu’au 20 octobre, au Riff’ de la MJC Bel-Ebat. Un premier pas dans la Maison qui sera bientôt suivi d’un stage photo, pendant les vacances d’automne, où il sera question d’apprivoiser l’appareil photo, numérique ou argentique « car c’est redevenu tendance Et, sans nostalgie, c’est toujours un plaisir pour moi d’expliquer les techniques de développement ». Sophie B.
■ Ouvert à toutes propositions photographiques, Vincent Connétable dispose d’un site internet où l’on peut apprécier son travail et le contacter : http://vincentconnetable.wixsite.com/ ■ Exposition Reflets visible jusqu’au 20 octobre au Riff’ de la MJC Bel-Ebat, 1, avenue Aristide-Briand à Évreux. Vernissage ce mardi 3 octobre à 18 h.
■ Stage photo les 23, 24 et 25 octobre, de 10 h 30 à 12 h 30 et de 14 h à 16 h à la MJC Bel-Ebat. Tout public à partir de 13 ans. Tarif : 50 € pour les adhérents, 60 € pour les non-adhérents. Inscriptions : leriff@mjc-belebat.fr ou 02 32 31 86 80.