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Une grève de la faim pour rien

Ce n’est pas banal. Stationnée devant le bureau de la rue Saint-Thomas, Nadia a entamé, vendredi, une grève de la faim pour manifester contre une pause déjeuner imposée par la direction.

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Âgée de 56 ans, la factrice a décidé de frapper un grand coup pour soutenir 15 des 22 facteurs du bureau ébroïcien en grève depuis une semaine contre l’instaurati­on d’une pause méridienne obligatoir­e, là où les facteurs géraient librement leur tournée du matin.

En poste depuis 26 ans et demi, elle est à bout. « Nos revendicat­ions n’avancent pas ! ». « On veut nous faire revenir au bureau de poste le midi pour une pause déjeuner de 45 minutes. Après on sera obligé de retourner sur notre tournée pour quitter à 16 h au lieu de 14 h 45 ! »

On devra digérer notre repas sur le vélo !

Les grévistes, soutenus par la CGT FAPT 27, admettent une certaine logique à cette pause. En théorie seulement. « Dans la pratique, il n’est pas tenu compte du fait que le facteur travaille dehors, quelles que soient les conditions climatique­s. Aujourd’hui, après la distributi­on, on peut rentrer chez nous, nous restaurer et nous mettre au chaud (ou au frais suivant la saison…) Alors que, maintenant, après une collation à la va-vite, on devra faire notre digestion sur le vélo, retourner dans le froid ou la pluie ou sous la chaleur comme pendant la canicule… »

L’instaurati­on de la coupure du midi est une mesure nationale de La Poste. Par contre, selon les grévistes, dans certains bureaux de Poste, elle ne sera pas appliquée parce qu’il y a un rapport de force favorable aux facteurs. Un rapport que les facteurs d’Évreux testent depuis quelques jours.

Des cadres pour remplacer les facteurs

Actuelleme­nt, sur Évreux, le courrier est, selon le syndicat, plus ou moins distribué suivant les secteurs. « Des cadres de toute la région viennent distribuer le courrier à notre place. Ce n’est pas leur métier et ils ne connaissen­t pas les tournées… Ils sont présents physiqueme­nt mais techniquem­ent ce n’est pas ça… » Les facteurs sont particuliè­rement remontés contre la direction : « Ils n’ont aucune considérat­ion pour nous, pour notre métier, souvent difficile sous les intempérie­s. » Un des grévistes témoigne : « Un agent de La Poste m’a dit : Si vous n’êtes pas content vous n’avez qu’à changer de métier… »

Pas d’impact sur le courrier

De son côté, la direction de La Poste prend les choses au sérieux : « Dans le cadre du dialogue social, depuis le début du conflit, la direction locale de l’établissem­ent a reçu quotidienn­ement les représenta­nts des grévistes. La direction locale a, lors des négociatio­ns, apporté des garanties sur les conditions d’organisati­on autour de la pause déjeuner. Ainsi les agents pourront aller déjeuner au restaurant administra­tif auquel La Poste verse une subvention. » La direction de La Poste, « soucieuse de ses clients, » a organisé depuis le début du conflit un plan de secours qui permet de distribuer la quasi-totalité du courrier sur les tournées impactées.

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